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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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francs. Et Lucien a eu la naïveté ou l’audace de réclamer un portrait du Premier consul pour l’offrir au prince Godoy !
     
    Bourrienne est entré dans la salle de bains. Malgré la buée, il s’installe pour lire ou écrire sous la dictée. Napoléon commence à dicter une lettre à Lucien : « Je n’enverrai jamais mon portrait à un homme qui tient son prédécesseur au cachot et qui emploie les moyens de l’Inquisition. Je puis m’en servir, mais je ne lui dois que du mépris. »
    Napoléon sort de la baignoire. Roustam lui asperge tout le corps d’eau de Cologne puis commence à le frictionner avec une brosse : « Frotte fort, comme sur un âne », dit Napoléon.
    Puis il passe dans le cabinet de toilette, où Constant se tient, présentant à Napoléon sa culotte de casimir blanc. Chaque jour elle est tachée de traces d’encre, puisque parfois Napoléon y essuie sa plume, ou bien maculée par le tabac râpé gros que prise le Premier consul.
    Bourrienne commence à lire les dernières lettres arrivées. Il en est deux de Lucien.
    Lucien proteste, s’excuse : « Je ne nie point qu’il me manque beaucoup de choses, je sais depuis longtemps que je suis trop jeune pour les affaires. »
    Bourrienne hésite à lire la suite, puis reprend.
    « Je veux me retirer en conséquence pour acquérir ce qui me manque… Je ne connais qu’une puissance capable de me retenir en Espagne, c’est la mort. »
    Napoléon reconnaît là les excès de Lucien, son énergie aussi, sa jalousie, sa haine de Joséphine quand il évoque « un nouveau torrent de calomnies et de disgrâces… On me déchire dans votre salon jusqu’à m’accuser de viol, d’assassinat prémédité, d’inceste ».
    Assez !
    Lucien, à Madrid, s’est laissé prendre à des « cajoleries de cour ». Il est de ceux que les flatteurs corrompent, de ceux qui se laissent acheter.
    Sur qui puis-je donc vraiment compter dans cette famille ? Ma famille ! Jérôme sert dans l’escadre de l’amiral Ganteaume, qui vient de remporter un petit succès en Méditerranée. Mais sans être capable de porter secours à ce qui reste de l’armée d’Égypte. Et alors qu’il faudrait, puisque l’Angleterre refuse de signer la paix et que la flotte de Nelson bombarde Copenhague, avoir une marine audacieuse et puissante. Si Jérôme pouvait devenir mon oeil et mon bras sur l’Océan ! Il faut l’encourager. Lui écrire .
    « J’apprends avec plaisir, dicte Napoléon, que vous vous faites à la mer. Ce n’est plus que là qu’il y a de la gloire à acquérir. Montez sur les mâts ; apprenez à étudier les différentes parties du vaisseau ; qu’à votre retour de cette sortie on me rende compte que vous êtes aussi agile qu’un bon mousse. Ne souffrez pas que personne fasse votre métier. J’espère que vous êtes à présent dans le cas de faire votre quart et votre point. »
    N’ai-je pas été d’abord bon artilleur ?
     
    Il a maintenant revêtu son uniforme de colonel de la Garde, et avant de se rendre dans la salle des rapports où l’attendent le général Junot et d’autres officiers, il lit, dans son cabinet, l’analyse des journaux établie par son bibliothécaire particulier, Ripault, puis celle des livres parus dans la décade.
    Il ne veut pas que ces journaux, ces livres reproduisent les calomnies que la presse anglaise et les pamphlétaires qu’elle paie répandent en Europe. C’est ainsi qu’on détruit des institutions et la confiance qu’on doit à ceux qui gouvernent. Il l’a dit à Saint-Jean-d’Angély, un fidèle pourtant, « avant de crier contre le gouverment, il faudrait se mettre à sa place… »
    Puis, assis à sa table, seul dans son cabinet, il consulte les rapports de sa police personnelle qui double et surveille celle de Fouché. De qui peut-on être sûr ?
    Le tsar a été assassiné dans sa chambre même, au coeur de son palais. Et son propre fils, Alexandre, était complice !
    Au sommet du pouvoir, tout est possible et tout s’oublie.
    Il a bien fallu envoyer Duroc à Saint-Pétersbourg pour nouer de bonnes relations avec Alexandre  I er et accepter la fable de la mort de Paul  I er à la suite d’une apoplexie !
    Mais je ne suis pas fils de roi. Je me défendrai donc .
    Il prend la plume, écrit à Fouché : « Voici, citoyen ministre, des notes sur la fidélité desquelles je peux compter. »
    Il transmet à Fouché les renseignements qu’il a obtenus sur Georges

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