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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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bataille, mais où, mais quand ?
    « Il faut donc attendre quelques jours », écrit-il. Puis il s’interrompt. Il est 6 heures du soir. Il pleut sur Posen. La nuit a une densité de boue noire.
    Il reprend la plume.
    « Plus on est grand et moins on doit avoir de volonté, l’on dépend des événements et des circonstances », note-t-il.
    Joséphine comprendra-t-elle qu’il faut à la fois vouloir avec une force surhumaine et savoir qu’on n’est jamais le maître du jeu ? On s’y insère, on exploite les événements, mais l’échiquier peut basculer à tout instant.
    « La chaleur de ta lettre me fait voir que, vous autres jolies femmes, vous ne connaissez point de barrières, continue-t-il ; ce que vous voulez doit être ; mais moi, je me déclare le plus esclave des hommes : mon maître n’a pas d’entrailles et ce maître, c’est la nature des choses.
    « Adieu, mon amie,
    « Napoléon »
    Cette idée ne le quitte plus cependant qu’il roule vers Varsovie. La pluie glacée balaie la route dont le tracé se perd sous la boue. Les ponts sont coupés. On franchit les fleuves sur des troncs attachés l’un à l’autre.
    La nuit semble ne jamais cesser.
    Il faut quitter la berline, emprunter des voitures polonaises, légères mais inconfortables. Celle de Duroc verse. Le grand maréchal du palais a la clavicule brisée. On le laisse dans une maison de paysan et l’on continue sous l’averse, en essayant d’éviter les fondrières.
    Voilà la nature des choses.
    L’armée « grogne », ose dire Berthier. Les « grognards » se battront, que peuvent-ils faire d’autre ? répond Napoléon.
    À quelques lieues de Varsovie, même la voiture légère n’avance plus, ou si lentement, s’enlisant à chaque tour de roue, que Napoléon s’impatiente. Il descend. La nuit est complète, épaissie encore par le brouillard. Il fait moins froid, mais le sol n’en est que plus spongieux. On ne touche plus jamais la terre solide. On s’enfonce dans une boue qui paraît sans fond.
    Napoléon choisit un cheval. L’animal se cabre. C’est une bête rétive de relais qui peut le faire tomber à chaque pas. Peu importe. Il veut arriver à Varsovie. Les rapports des généraux lui font penser que l’armée russe est rassemblée au nord de la capitale, sur les rives du Narew. Napoléon veut livrer bataille, vite, pour en finir.
     
    Arrivé à Varsovie le vendredi 19 alors que le brouillard recouvre toute la ville et la campagne alentour, il en repart à l’aube du mardi 23 décembre. Il veut être avec ses avant-postes. Il chevauche sous le feu des Russes, grimpe sur le toit d’une maison pour observer les mouvements de l’ennemi. Il couche dans des granges.
    On cherche les Russes alors que la nuit tombe à 15 heures, que la boue empêche les charges de cavalerie. Les chevaux ne peuvent galoper. Les fantassins s’égorgent dans le brouillard. Victoires, pourtant, de Ney, de Lannes, de Davout, à Soïdau contre le dernier corps prussien, à Golymin et à Pultusk contre les Russes.
    Mais comment les poursuivre ?
    Napoléon s’est installé dans le château épiscopal de Pultusk.
    Il a erré avec la Garde dans le brouillard et n’est arrivé sur le champ de bataille qu’à la fin des combats.
    Il s’est assis dans la cheminée d’une petite pièce sombre. Il dicte une brève lettre pour Cambacérès : « Je crois la campagne finie. L’ennemi a mis entre nous des marais et des déserts. Je vais prendre mes quartiers d’hiver. »
    Il se lève, prend une prise. Il n’est pas satisfait. L’armée russe n’a pas été taillée en pièces. La pluie, la boue et le brouillard l’ont servie, mais aussi l’inaction des troupes de Bernadotte. Spectateur, comme à Auerstedt.
    Il marche pour se calmer. Il va écrire à Joseph. Peut-être ce frère comprendra-t-il ?
    « Nous sommes au milieu de la neige et de la boue, sans vin, sans eau-de-vie, sans pain… Nous battant ordinairement à la baïonnette et sous la mitraille. Les blessés sont obligés de se retirer en traîneau en plein air pendant cinquante lieues… »
    Qui comprendra ?
    « Après avoir détruit la monarchie prussienne, nous nous battons contre le reste de la Prusse, contre les Russes, les Kamoulks, les cosaques et les peuplades du Nord qui envahirent jadis l’Empire romain. Nous faisons la guerre dans toute son énergie et son horreur. »
    Napoléon le vit, le voit.
    Il répète d’une voix forte : « De

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