Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
boucher de Villeneuve-sur-Vanne, une petite bourgade entre Troyes et Sens.
    Napoléon parle à Caulaincourt assis près de lui comme dans ce traîneau lorsqu’ils avaient quitté ensemble la Russie. Si Paris tenait quarante-huit heures… Il se penche pour voir si les deux voitures dans lesquelles ont pris place le général Gourgaud et le maréchal Lefebvre, puis les généraux Drouot et Flahaut, suivent. Il a chargé Lefebvre d’organiser la résistance des faubourgs en armant les ouvriers. Mais il faudrait du temps.
    On change les chevaux. Un courrier explique que Joseph a autorisé les maréchaux à négocier les conditions de leur capitulation et qu’il a quitté Paris avec l’Impératrice, le roi de Rome et les ministres. Mais on se bat aux portes de la capitale. Et l’ennemi ne progresse pas, recule même. Des ouvriers et des polytechniciens se sont mêlés aux gardes nationaux et aux fantassins. Seulement, place Vendôme et dans les beaux quartiers, la foule est attablée aux terrasses des cafés et crie : « Vive le Roi ! »
     
    Plus vite, plus vite. Il lui faudrait aller plus vite que le temps.
    Le mercredi 30 mars à vingt-trois heures, il entre dans la cour de la maison des Postes des Fontaines-de-Juvisy. Il lit sur la façade cette enseigne : À la Cour de France . Et il en a le coeur serré.
    Une colonne de cavalerie passe sur la route. Napoléon sort, interpelle le général Belliard qui chevauche en tête.
    — Comment, vous êtes ici ? Où est l’ennemi ? crie-t-il. Où est l’armée ? Qui garde Paris ? Où sont l’Impératrice, le roi de Rome ? Joseph ? Clarke ? Mais Montmartre, mais mes soldats, mais mes canons ?
    Il écoute Belliard. Est-il possible que malgré le courage des défenseurs, Joseph ait autorisé la capitulation, alors qu’il eût suffi de quelques heures de plus ! Il marche sur la route, il entraîne Belliard, Caulaincourt, Berthier.
    — Quelle lâcheté, capituler, Joseph a tout perdu ! Quatre heures trop tard ! Si je fusse arrivé quatre heures plus tôt, tout était sauvé.
    Il serre les poings. Sa voix est sourde.
    — Tout le monde a donc perdu la tête ! crie-t-il. Voilà ce que c’est que d’employer des hommes qui n’ont aucun sens commun ni énergie !
    Il marche, s’enfonçant dans la nuit, reprend :
    — Quatre heures ont tout compromis.
    Il se tourne vers Caulaincourt, qui le suit à quelques pas.
    — En quelques heures, le courage, le dévouement de mes bons Parisiens peut tout sauver. Ma voiture, Caulaincourt, allons à Paris. Je me mettrai à la tête de la garde nationale et des troupes : nous rétablirons les affaires. Général Belliard, donnez l’ordre aux troupes de retourner… Partons ! ma voiture, Caulaincourt, ne perdons pas de temps.
    Belliard objecte que la capitulation est signée, qu’il faut la respecter.
    Il hurle :
    — Quelle est cette convention ? De quel droit l’a-t-on conclue ? Paris avait plus de deux cents canons et des approvisionnements pour un mois… Quatre heures trop tard, quelle fatalité ! On me savait cependant sur les derrières de l’ennemi, et celui-ci jouait trop gros jeu, m’ayant si près de lui, pour être fort aventureux si l’on eût tenu ; gagner la journée eût été chose facile. Il y a là-dessous quelque intrigue… Comme on s’est pressé ! Joseph m’a perdu l’Espagne, il me perd Paris. Cet événement perd la France, Caulaincourt !
    Il marche d’un pas vif.
    — Nous nous battrons, Caulaincourt, car mieux vaut mourir les armes à la main que de s’être humilié devant les étrangers. En y réfléchissant, la question n’est pas décidée ! La prise de Paris sera le signal du salut si l’on me seconde… Je serai maître de mes mouvements, et l’ennemi paiera cher l’audace qui lui a fait nous surprendre trois marches…
    Il répète d’un ton amer, méprisant :
    — Joseph a tout perdu ! Ne pas tenir vingt-quatre heures avec vingt-cinq mille gardes nationaux et cinquante mille hommes dans les faubourgs !
    Puis il ajoute, d’une voix lasse tout à coup :
    — Vous ne connaissez pas les hommes, Caulaincourt, et ce que peuvent, dans une telle ville, les intrigues de quelques traîtres, dans des circonstances si graves et sous l’influence de la vengeance et des baïonnettes des étrangers.
    Il se tait longuement.
    C’est comme s’il entendait Talleyrand répéter : « Louis XVIII est un principe, c’est le roi légitime », c’est comme

Weitere Kostenlose Bücher