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Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Hugo
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l’ancienne muraille de Paris, ajouta Amelotte de Montmichel, jolie brune bouclée et fraîche, qui avait l’habitude de soupirer comme l’autre riait, sans savoir pourquoi.
    – Ma chère Colombe, reprit dame Aloïse, voulez-vous pas parler de l’hôtel qui était à monsieur de Bacqueville, sous le roi Charles VI ? il y a en effet de bien superbes tapisseries de haute lice.
    – Charles VI ! le roi Charles VI ! grommela le jeune capitaine en retroussant sa moustache. Mon Dieu ! que la bonne dame a souvenir de vieilles choses ! »
    Madame de Gondelaurier poursuivait : « Belles tapisseries, en vérité. Un travail si estimé qu’il passe pour singulier ! »
    En ce moment, Bérangère de Champchevrier, svelte petite fille de sept ans, qui regardait dans la place par les trèfles du balcon, s’écria : « Oh ! voyez, belle marraine Fleur-de-Lys, la jolie danseuse qui danse là sur le pavé, et qui tambourine au milieu des bourgeois manants ! »
    En effet, on entendait le frissonnement sonore d’un tambour de basque.
    « Quelque égyptienne de Bohême, dit Fleur-de-Lys en se détournant nonchalamment vers la place.
    – Voyons ! voyons ! » crièrent ses vives compagnes ; et elles coururent toutes au bord du balcon, tandis que Fleur-de-Lys, rêveuse de la froideur de son fiancé, les suivait lentement et que celui-ci, soulagé par cet incident qui coupait court à une conversation embarrassée, s’en revenait au fond de l’appartement de l’air satisfait d’un soldat relevé de service. C’était pourtant un charmant et gentil service que celui de la belle Fleur-de-Lys, et il lui avait paru tel autrefois ; mais le capitaine s’était blasé peu à peu ; la perspective d’un mariage prochain le refroidissait davantage de jour en jour. D’ailleurs, il était d’humeur inconstante et, faut-il le dire ? de goût un peu vulgaire. Quoique de fort noble naissance, il avait contracté sous le harnois plus d’une habitude de soudard. La taverne lui plaisait, et ce qui s’ensuit. Il n’était à l’aise que parmi les gros mots, les galanteries militaires, les faciles beautés et les faciles succès. Il avait pourtant reçu de sa famille quelque éducation et quelques manières ; mais il avait trop jeune couru le pays, trop jeune tenu garnison, et tous les jours le vernis du gentilhomme s’effaçait au dur frottement de son baudrier de gendarme. Tout en la visitant encore de temps en temps, par un reste de respect humain, il se sentait doublement gêné chez Fleur-de-Lys ; d’abord, parce qu’à force de disperser son amour dans toutes sortes de lieux il en avait fort peu réservé pour elle ; ensuite, parce qu’au milieu de tant de belles dames roides, épinglées et décentes, il tremblait sans cesse que sa bouche habituée aux jurons ne prît tout d’un coup le mors aux dents et ne s’échappât en propos de taverne. Qu’on se figure le bel effet !
    Du reste, tout cela se mêlait chez lui à de grandes prétentions d’élégance, de toilette et de belle mine. Qu’on arrange ces choses comme on pourra. Je ne suis qu’historien.
    Il se tenait donc depuis quelques moments, pensant ou ne pensant pas, appuyé en silence au chambranle sculpté de la cheminée, quand Fleur-de-Lys, se tournant soudain, lui adressa la parole. Après tout, la pauvre jeune fille ne le boudait qu’à son cœur défendant.
    « Beau cousin, ne nous avez-vous pas parlé d’une petite bohémienne que vous avez sauvée, il y a deux mois, en faisant le contre-guet la nuit, des mains d’une douzaine de voleurs ?
    – Je crois que oui, belle cousine, dit le capitaine.
    – Eh bien, reprit-elle, c’est peut-être cette bohémienne qui danse là dans le parvis. Venez voir si vous la reconnaissez, beau cousin Phœbus. »
    Il perçait un secret désir de réconciliation dans cette douce invitation qu’elle lui adressait de venir près d’elle, et dans ce soin de l’appeler par son nom. Le capitaine Phœbus de Châteaupers (car c’est lui que le lecteur a sous les yeux depuis le commencement de ce chapitre) s’approcha à pas lents du balcon. « Tenez, lui dit Fleur-de-Lys en posant tendrement sa main sur le bras de Phœbus, regardez cette petite qui danse là dans ce rond. Est-ce votre bohémienne ? »
    Phœbus regarda, et dit :
    « Oui, je la reconnais à sa chèvre.
    – Oh ! la jolie petite chèvre en effet ! dit Amelotte en joignant les mains d’admiration.
    – Est-ce que ses cornes

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