Odyssée
autant sur les nefs que sur le champ de bataille. Et ceux qui fuyaient, comme ceux qui luttaient, et ceux qui combattaient auprès des nefs rapides, virent le brave Hektôr et ses compagnons.
Et il ne plut point à l'‚me du magnanime Aias de rester o˘ étaient les autres fils des Akhaiens. Et il s'avança, traversant les poupes des nefs et agitant un grand pieu cerclé d'airain et long de vingt-deux coudées. Comme un habile cavalier qui, ayant mis ensemble quatre chevaux très-agiles, les pousse vers une grande ville, sur le chemin public, et que les hommes et les femmes admirent, tandis qu'il saute de l'un à l'autre, et qu'ils courent toujours ; de même Aias marchait rapidement sur les poupes des nefs, et sa voix montait dans l'Ouranos, tandis qu'il excitait par de grandes clameurs les Danaens à sauver les tentes et les nefs.
Hektôr, de son côté, ne restait point dans la foule des Troiens bien armés.
Comme un aigle fauve qui tombe sur une multitude d'oiseaux, paissant le long d'un fleuve, oies, grues et cygnes aux longs cous ; de même Hektôr se précipita sur une nef à proue bleue. Et, de sa grande main, Zeus le poussait par derrière, et tout son peuple avec lui. Et, de nouveau, une violente mêlée s'engagea autour des nefs. On e˚t dit des hommes infatigables et indomptés se ruant à un premier combat, tant ils luttaient tous avec ardeur. Et les Akhaiens, n'espérant pas échapper au carnage, se croyaient destinés à la mort, et les Troiens espéraient, dans leur coeur, br˚ler les nefs et tuer les héros Akhaiens. Et ils se ruaient, avec ces pensées, les uns contre les autres.
Hektôr saisit la poupe de la nef belle et rapide qui avait amené
Prôtésilaos à Troiè et qui n'avait point d˚ le ramener dans la terre de la patrie. Et les Akhaiens et les Troiens s'entre-tuaient pour cette nef. Et l'impétuosité des flèches et des piques ne leur suffisant plus, ils se frappaient, dans une même pensée, avec les doubles haches tranchantes, les grandes épées et les lances aiguÎs. Et beaucoup de beaux glaives à poignée noire tombaient sur le sable des mains et des épaules des hommes qui combattaient, et la terre était trempée d'un sang noir. Mais Hektôr saisissant de ses mains les ornements de la poupe, et s'y attachant, cria aux Troiens :
- Apportez le feu, et poussez des clameurs en vous ruant ! Zeus nous offre le jour de la vengeance en nous livrant ces nefs qui, venues vers Ilios contre la volonté des Dieux, nous ont apporté tant de calamités, par la l
‚cheté des vieillards qui me retenaient et retenaient l'année quand je voulais marcher et combattre ici. Mais si le prévoyant Zeus aveuglait alors notre esprit, maintenant c'est lui-même qui nous excite et nous pousse !
il parla ainsi, et tous se jetèrent avec plus de fureur sur les Akhaiens.
Et Aias ne put soutenir plus longtemps l'assaut, car il était accablé de traits ; et il recula, de peur de mourir, jusqu'au banc des rameurs, long de sept pieds, et il abandonna la poupe de la nef. Mais, du banc o˘ il était, il éloignait à coups de lance chaque Troien qui apportait lé feu infatigable. Et, avec d'horribles cris, il exhortait les Danaens :
- ‘ amis, héros Danaens, serviteurs d'Arès, soyez des hommes ! Souvenez-vous de votre force et de votre courage. Pensez-vous trouver derrière vous d'autres défenseurs, ou une muraille plus inaccessible qui vous préserve de la mort ? Nous n'avons point ici de ville ceinte de tours d'o˘ nous puissions repousser l'ennemi et assurer notre salut. Mais nous sommes ici dans les plaines des Troiens bien armés, acculés contre la mer, loin de la terre de la patrie, et notre salut est dans nos mains et non dans la lassitude du combat.
Il parla ainsi, et, furieux, il traversait de sa lance aiguÎ chaque Troien qui apportait le feu sur les nefs creuses afin de plaire à Hektôr et de lui obéir. Et, ceux-là, Aias les traversait de sa lance aiguÎ, et il en tua douze devant les nefs.
Chant 16 :
Et ils combattaient ainsi pour les nefs bien construites. Et Patroklos se tenait devant le prince des peuples, Akhilleus, versant de chaudes larmes, comme une source d'eau noire qui flue du haut d'un rocher. Et le divin Akhilleus en eut compassion, et il lui dit ces paroles ailées :
- Pourquoi pleures-tu, Patroklos, comme une petite fille qui court après sa mère, saisit sa robe et la regarde en pleurant jusqu'à ce que celle-ci la prenne dans ses bras ? Semblable à cette
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