Odyssée
trépied à deux anses à ses magnanimes compagnons, et lui-même détela les chevaux.
Et, après Diomèdès, le Nèlèiôn Antilokhos arriva, poussant ses chevaux et devançant Ménélaos par ruse et non par la rapidité de sa course. Et Ménélaos le poursuivait de près. Autant est près de la roue un cheval qui traîne son maître, sur un char, dans la plaine, tandis que les derniers crins de sa queue touchent les jantes, et qu'il court à travers l'espace ; autant Ménélaos suivait de près le brave Antilokhos. Bien que resté en arrière à un jet de disque, il l'avait atteint aussitôt, car Aithè aux beaux crins, la jument d'Agamemnôn, avait redoublé d'ardeur; et si la course des deux chars e˚t été plus longue, l'Atréide e˚t sans doute devancé
Antilokhos. Et Mèrionès, le brave compagnon d'Idoméneus, venait, à un jet de lance, derrière l'illustre Ménélaos, ses chevaux étant très-lourds, et lui-même étant peu habile à conduire un char dans le stade.
Mais le fils d'Admètès venait le dernier de tous, traînant son beau char et poussant ses chevaux devant lui. Et le divin Akhilleus aux pieds rapides, le voyant, en eut compassion, et, debout au milieu des Argiens, il dit ces paroles ailées :
- Ce guerrier excellent ramène le dernier ses chevaux aux sabots massifs.
Donnons-lui donc le second prix, comme il est juste, et le fils de Tydeus emportera le premier.
Il parla ainsi, et tous y consentirent ; et il allait donner à Eumélos la jument promise, si Antilokhos, le fils du magnanime Nestôr, se levant, n'e˚t répondu à bon droit au Pèléide Akhilleus :
- ‘ Akhilleus, je miroiterai violemment contre toi, si tu fais ce que tu as dit. Tu veux m'enlever mon prix, parce que, malgré son habileté, Eumèlos a vu son char se rompre 1 Il devait supplier les Immortels. Il ne serait point arrivé le dernier. Si tu as compassion de lui, et s'il t'est cher, il y a, sous ta tente, beaucoup d'or, de l'airain, des brebis, des captives et des chevaux aux sabots massifs. Donne-lui un plus grand prix que le mien, dès maintenant, et que les Akhaiens y applaudissent, soit ; mais je ne céderai point mon prix. que le guerrier qui voudrait me le disputer combatte d'abord contre moi.
Il parla ainsi, et le divin Akhilleus aux pieds vigoureux rit, approuvant Antilokhos, parce qu'il l'aimait ; et il lui répondit ces paroles ailées :
- Antilokhos, si tu veux que je prenne dans ma tente un autre prix pour Eumèlos, je le ferai. Je lui donnerai la cuirasse que j'enlevai à
Astéropaios. Elle est d'or et entourée d'étain brillant. Elle est digne de lui.
Il parla ainsi, et il ordonna à son cher compagnon Automédôn de l'apporter de sa tente, et Automédôn partit et l'apporta. Et Akhilleus la remit aux mains d'Eumèlos, qui la reçut avec joie.
Et Ménélaos se leva au milieu de tous, triste et violemment irrité contre Antilokhos. Un héraut lui mit le sceptre entre les mains et ordonna aux Argiens de faire silence, et le divin guerrier parla ainsi :
-Antilokhos, toi qui étais plein de sagesse, pourquoi en as-tu manqué ? Tu as déshonoré ma gloire ; tu as jeté en travers des miens tes chevaux qui leur sont bien inférieurs. Vous, princes et chefs des Argiens, jugez équitablement entre nous. que nul d'entre les Akhaiens aux tuniques d'airain ne puisse dire : Ménélaos a opprimé Antilokhos par des paroles mensongères et a ravi son prix, car ses chevaux ont été vaincus, mais lui l'a emporté par sa puissance. Mais je jugerai moi-même, et je ne pense pas qu'aucun des Danaens me bl‚me, car mon jugement sera droit. Antilokhos, approche, enfant de Zeus, comme il est juste. Debout, devant ton char, prends en main ce fouet que tu agitais sur tes chevaux, et jure par Poseidaôn qui entoure la terre que tu n'as point traversé ma course par ruse.
Et le sage Antilokhos lui répondit :
- Pardonne maintenant, car je suis beaucoup plus jeune que toi, Roi Ménélaos, et tu es plus ‚gé et plus puissant. Tu sais quels sont les défauts d'un jeune homme; l'esprit est très-vif et la réflexion très-légère. que ton coeur s'apaise. Je te donnerai moi-même cette jument indomptée que j'ai reçue; et, si tu me demandais plus encore, j'aimerais mieux te le donner aussi, ‘ fils de Zeus, que de sortir pour toujours de ton coeur et d'être en exécration aux Dieux.
Le fils du magnanime Nestôr parla ainsi et remit la jument entre les mains de Ménélaos ; et le coeur de celui-ci se remplit de
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