Odyssée
retint le peuple en ce lieu, et le fit asseoir en un cercle immense, et il fit apporter des nefs les prix : des vases, des trépieds, des chevaux, des mulets, des boeufs aux fortes têtes, des femmes aux belles ceintures, et du fer brillant. Et, d'abord, il offrit des prix illustres aux cavaliers rapides : une femme irréprochable, habile aux travaux, et un trépied à anse, contenant vingt-deux mesures, pour le premier vainqueur; pour le second, une jument de six ans, indomptée et pleine d'un mulet; pour le troisième, un vase tout neuf, beau, blanc, et contenant quatre mesures ; pour le quatrième, deux talents d'or ; et pour le cinquième, une urne neuve à deux anses. Et le Pèléide se leva et dit aux Argiens :
- Atréides, et vous, très-braves Akhaiens, voici, dans l'enceinte, les prix offerts aux cavaliers. Si les Akhaiens luttaient aujourd'hui pour un autre mort, certes, j'emporterais ces prix dans mes tentes, car vous savez que mes chevaux l'emportent sur tous, étant immortels. Poseidaôn les donna à
mon père Pèleus qui me les a donnés. Mais ni moi, ni mes chevaux aux sabots massifs nous ne combattrons. Ils ont perdu l'irréprochable vigueur de leur doux conducteur qui baignait leurs crinières d'huile liquide, après les avoir lavées dans une eau pure ; et maintenant ils pleurent, les crinières pendantes, et ils restent immobiles et pleins de tristesse. Mais vous qui, parmi tous les Akhaiens, vous confiez en vos chevaux et en vos chars solides, descendez dans l'enceinte.
Le Pèléide parla ainsi, et de rapides cavaliers se levèrent. Et, le premier, se leva le roi des hommes, Eumèlos, le fils bien-aimé d'Admètès, très-habile à mener un char. Et après lui, se leva le brave Diomèdès Tydéide, conduisant sous le joug les chevaux de Trôos qu'il avait enlevés autrefois à Ainéias, quand celui-ci fut sauvé par Apollôn. Et, après Diomèdès, se leva le blond Ménélaos Atréide, aimé de Zeus. Et il conduisait sous le joug deux chevaux rapides : Aithè, jument d'Agamemnôn, et Podargos, qui lui appartenait. Et l'Ankhisiade Ekhépôlos avait donné Aithè à
Agamemnôn, afin de ne point le suivre vers la haute Ilios. Et il était resté, vivant dans les délices, car Zeus lui avait donné de grandes richesses, et il habitait la grande Sikiôn. Et Ménélaos la conduisait sous le joug, pleine d'ardeur. Et, après l'Atréide, se leva, conduisant deux beaux chevaux, Antilokhos, l'illustre fils du magnanime roi Nestôr Nèlèiade. Et les chevaux rapides qui traînaient son char étaient Pyliens.
Et le père, debout auprès de son fils, donnait des conseils excellents au jeune homme déjà plein de prudence :
- Antilokhos, certes, Zeus et Poseidaôn, t'ayant aimé tout jeune, t'ont enseigné à mener un char ; c'est pourquoi on ne peut t'instruire davantage.
Tu sais tourner habilement la borne, mais tes chevaux sont lourds, et je crains un malheur. Les autres ne te sont pas supérieurs en science, mais leurs chevaux sont plus rapides. Allons, ami, réfléchis à tout, afin que les prix ne t'échappent pas. Le b˚cheron vaut mieux par l'adresse que par la force. C'est par son art que le pilote dirige sur la noire mer une nef rapide, battue par les vents ; et le conducteur de chars l'emporte par son habileté sur le conducteur de chars. Celui qui s'abandonne à ses chevaux et à son char vagabonde follement çà et là, et ses chevaux s'emportent dans le stade, et ii ne peut les retenir. Mais celui qui sait les choses utiles, quand il conduit des chevaux lourds, regardant toujours la borne, l'effleure en la tournant. Et il ne l‚che point tout d'abord les rênes en cuir de boeuf, mais, les tenant d'une main ferme, il observe celui qui le précède. Je vais te montrer la borne. On la reconnaît aisément. Là s'élève un tronc desséché, d'une aune environ hors de terre et que la pluie ne peut nourrir. C'est le tronc d'un chêne ou d'un pin. Devant lui sont deux pierres blanches, posées de l'un et l'autre côté, au détour du chemin, et, en deçà comme au-delà, s'étend l'hippodrome aplani. C'est le tombeau d'un homme mort autrefois, ou une limite plantée par les anciens hommes, et c'est la borne que le divin Akhilleus aux pieds rapides vous a marquée.
quand tu en approcheras, pousse tout auprès tes chevaux et ton char.
Penche-toi, de ton char bien construit, un peu sur la gauche, et excite le cheval de droite de la voix et du fouet, en lui l‚chant toutes les rênes.
que ton
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