Odyssée
joie, comme les épis sous la rosée, quand les campagnes s'emplissent de la moisson croissante.
Ainsi, ton coeur fut joyeux, ô Ménélaos ! Et il répondit en paroles ailées :
- Antilokhos, ma colère ne te résiste pas, car tu n'as jamais été ni léger, ni injurieux. La jeunesse seule a égaré ta prudence ; mais prends garde désormais de tromper tes supérieurs par des ruses. Un autre d'entre les Akhaiens ne m'e˚t point apaisé aussi vite ; mais toi, ton père excellent et ton frère, vous avez subi beaucoup de maux pour ma cause. Donc, je me rends à ta prière, et je te donne cette jument qui m'appartient, afin que tous les Akhaiens soient témoins que mon coeur n'a jamais été ni orgueilleux, ni dur.
Il parla ainsi, et il donna la jument à Noèmôn, compagnon d'Antilokhos.
Lui-même, il prit le vase splendide, et Mèrionès reçut les deux talents d'or, prix de sa course. Et le cinquième prix restait, 1'urne à deux anses.
Et Akhilleus, la portant à travers l'assemblée des Argiens, la donna à
Nestôr, et lui dit :
- Reçois ce présent, vieillard, et qu'il te soit un souvenir des funérailles de Patroklos, que tu ne reverras plus parmi les Argiens. Je te donne ce prix que tu n'as point disputé ; car tu ne combaum point avec les cestes, tu ne lutteras point, tu ne lanceras point la pique et tu ne courras point, car la lourde vieillesse t'accable.
Ayant ainsi parlé, il lui mit 1'urne aux mains, et Nestôr la recevant avec joie, lui répondit ces paroles ailées :
- Mon fils, certes, tu as bien parlé. Ami, je n'ai plus, en effet, mes membres vigoureux. Mes pieds sont lourds et mes bras ne sont plus agiles.
Pl˚t aux Dieux que je fusse jeune, et que ma force f˚t telle qu'à l'époque o˘ les …péiens ensevelirent le roi Amarinkeus dans Bouprasiôn ! Ses fils déposèrent des prix, et aucun guerrier ne fut mon égal parmi les …péiens, les Pyliens et les magnanimes Aitôliens. Je vainquis au pugilat Klydomèdeus, fils d'…nops ; à la lutte, Agkaios le Pleurônien qui se leva contre moi. Je courus plus vite que le brave Iphiklos ; je triomphai, au combat de la lance, de Phyleus et de Polydôros ; mais, à la course des chars, par leur nombre, les Aktoriônes remportèrent la victoire, et ils m'enlevèrent ainsi les plus beaux prix. Car ils étaient deux: et l'un tenait fermement les rênes, et l'autre le fouet. Tel j'étais autrefois, et maintenant de plus jeunes accomplissent ces travaux, et il me faut obéir à
la triste vieillesse ; mais, alors, j'excellais parmi les héros. Va !
continue par d'autres combats les funérailles de ton compagnon. J'accepte ce présent avec joie, et mon coeur se réjouit de ce que tu te sois souvenu de moi qui te suis bienveillant, et de ce que tu m'aies honoré, comme il est juste qu'on m'honore parmi les Argiens. que les Dieux, en retour, te comblent de leurs gr‚ces !
Il parla ainsi, et le Pèléide s'en retouma à travers la grande assemblée des Akhaiens, après avoir écouté jusqu'au bout la propre louange du Nèlèiade.
Et il déposa les prix pour le rude combat des poings. Et il amena dans l'enceinte, et il lia de ses mains une mule laborieuse, de six ans, indomptée et presque indomptable ; et il déposa une coupe ronde pour le vaincu. Et, debout, il dit au milieu des Argiens :
- Atréides, et vous Akhaiens aux belles knèmides, j'appelle, pour disputer ces prix, deux hommes vigoureux à se frapper de leurs poings levés. que tous les Akhaiens le sachent, celui à qui Apollôn donnera la victoire, conduira dans sa tente cette mule patiente, et le vaincu emportera cette coupe ronde.
Il parla ainsi, et aussitôt un homme vigoureux et grand se leva, …péios, fils de Panopeus, habile au combat du poing. Il saisit la mule laborieuse et dit :
- qu'il vienne, celui qui veut emporter cette coupe, car je ne pense pas qu'aucun des Akhaiens puisse emmener cette mule, m'ayant vaincu par le poing ; car, en cela, je me glorifie de l'emporter sur tous. N'est-ce point assez que je sois inférieur dans le combat ? Aucun homme ne peut exceller en toutes choses. Mais, je le dis, et ma parole s'accomplira: je briserai le corps de mon adversaire et je romprai ses os. que ses amis s'assemblent ici en grand nombre pour l'emporter, quand il sera tombé sous mes mains.
Il parla ainsi, et tous restèrent muets. Et le seul Euryalos se leva, homme illustre, fils du roi Mèkisteus Talionide qui, autrefois, alla dans Thèbè
aux funérailles d'Oidipous, et qui
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