Odyssée
aiguÎ blessa sa main délicate. Et aussitôt l'airain perça la peau divine à travers le péplos que les Kharites avaient tissé elles-mêmes. Et le sang immortel de la Déesse coula, subtil, et tel qu'il sort des Dieux heureux. Car ils ne mangent point de pain, ils ne boivent point le vin ardent, et c'est pourquoi ils n'ont point notre sang et sont nommés Immortels. Elle poussa un grand cri et laissa tomber son fils ; mais Phoibos Apollôn le releva de ses mains et l'enveloppa d'une noire nuée, de peur qu'un des cavaliers Danaens enfonç‚t l'airain dans sa poitrine et lui arrach‚t l'‚me. Et Diomèdès hardi au combat cria d'une voix haute à la Déesse :
- Fille de Zeus, fuis la guerre et le combat. Ne te suffit-il pas de tromper de faibles femmes ? si tu retournes jamais au combat, certes, je pense que la guerre et son nom seul te feront trembler désormais.
Il parla ainsi, et Aphroditè s'envola, pleine d'affliction et gémissant profondément. Iris aux pieds rapides la conduisit hors de la mêlée, accablée de douleurs, et son beau corps était devenu noir. Et elle rencontra l'impétueux Arès assis à la gauche de la bataille. Sa pique et ses chevaux rapides étaient couverts d'une nuée. Et Aphroditè, tombant à
genoux, supplia son frère bien-aimé de lui donner ses chevaux liés par des courroies d'or:
- Frère bien-aimé, secours-moi ! Donne-moi tes chevaux pour que j'aille dans l'Olympos, qui est la demeure des immortels. Je souffre cruellement d'une blessure que m'a faite le guerrier mortel Tydéide, qui combattrait maintenant le Père Zeus lui-même.
Elle parla ainsi, et Arès lui donna ses chevaux aux aigrettes dorées. Et, gémissant dans sa chère ‚me, elle monta sur le char. Iris monta auprès d'elle, prit les rênes en mains et frappa les chevaux du fouet, et ceux-ci s'envolèrent et atteignirent aussitôt le haut Olympos, demeure des Dieux.
Et la rapide Iris arrêta les chevaux aux pieds prompts comme le vent, et, sautant du char, leur donna leur nourriture immortelle. Et la divine Aphroditè tomba aux genoux de Diônè sa mère ; et celle-ci, entourant sa fille de ses bras, la caressa et lui dit :
quel Ouranien, chère fille, t'a ainsi traitée, comme si tu avais ouvertement commis une action mauvaise ?
Et Aphroditè qui aime les sourires lui répondit :
- L'audacieux Diomèdès, fils de Tydeus, m'a blessée, parce que j'emportais hors de la mêlée mon fils bien-aimé Ainéias, qui m'est le plus cher de tous les hommes. La bataille furieuse n'est plus seulement entre les Troiens et les Akhaiens, mais les Danaens combattent déjà contre les Immortels.
Et l'illustre Déesse Diônè lui répondit :
- Subis et endure ton mal, ma fille, bien que tu sois affligée. Déjà
plusieurs habitants des demeures Ouraniennes, par leurs discordes mutuelles, ont beaucoup souffert de la part des hommes. Arès a subi de grands maux quand Otos et le robuste …phialtès, fils d'Aloè, le lièrent de fortes chaînes. Il resta treize mois enchaîné dans une prison d'airain. Et peut-être qu'Arès, insatiable de combats, e˚t péri, si la belle …riboia, leur mar‚tre, [390] n'e˚t averti Herrnès, qui délivra furtivement Arès respirant à peine, tant les lourdes chaînes l'avaient dompté. Hèrè souffrit aussi quand le vigoureux Amphitryonade la blessa à la mamelle droite d'une flèche à trois pointes, et une irrémédiable douleur la saisit. Et le grand Aidès souffrit entre tous quand le même homme, fils de Zeus tempétueux, le blessa, sur le seuil du Hadès, au milieu des morts, d'une flèche rapide, et l'accabla de douleurs. Et il vint dans la demeure de Zeus, dans le grand Olympos, plein de maux et gémissant dans son coeur, car la flèche était fixée dans sa large épaule et torturait son ‚me. Et Paièôn, répandant de doux baumes sur la plaie, guérit Aidès, car il n'était point mortel comme un homme. Et tel était Hèraklès, impie, irrésistible, se souciant peu de commettre des actions mauvaises et frappant de ses flèches les Dieux qui habitent l'Olympos. C'est la divine Athènè aux yeux clairs qui a excité un insensé contre toi. Et le fils de Tydeus ne sait pas, dans son ‚me, qu'il ne vit pas longtemps celui qui lutte contre les Immortels. Ses enfants, assis sur ses genoux, ne le nomment point leur père au retour de la guerre et de la rude bataille. Maintenant, que le Tydéide craigne, malgré sa force, qu'un plus redoutable que toi ne le combatte. qu'il
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