Odyssée
aigu Aphroditè, la fine de Zeus, si elle descendait dans la mêlée. C'est pourquoi je recule maintenant, et j'ai ordonné à tous les Argiens de se réunir ici, car j'ai reconnu Arès qui dirige le combat.
Et la divine Athènè aux yeux clairs lui répondit:
- Tydéide Diomèdès, le plus cher à mon coeur, ne crains ni Arès ni aucun des autres Immortels, car je suis pour toi une protectrice assidue. Viens !
pousse contre Arès tes chevaux aux sabots massifs ; frappe-le, et ne respecte pas le furieux Arès, ce dieu changeant et insensé qui, naguère, nous avait promis, à moi et à Hèrè, de combattre les Troiens et de secourir les Argiens, et qui, maintenant, s'est tourné du côté des Troiens et oublie ses promesses.
Ayant ainsi parlé, elle saisit de la main Sthénélos pour le faire descendre du char, et celui-ci sauta promptement à terre. Et elle monta auprès du divin Diomèdès, et l'essieu du char gémit sous le poids, car il portait une Déesse puissante et un brave guerrier. Et Pallas Athènè, saisissant le fouet et les rênes, poussa vers Arès les chevaux aux sabots massifs. Et le Dieu venait de tuer le grand Périphas, le plus brave des Aitôliens, illustre fils d'Okhèsios ; et, tout sanglant, il le dépouillait ; mais Athènè mit le casque d'Aidès, pour que le puissant Arès ne la reconn˚t pas.
[845] Et dès que le fléau des hommes, Arès, eut aperçu le divin Diomèdès, il laissa le grand Périphas étendu dans la poussière, là o˘, l'ayant tué, il lui avait arraché l'‚me, et il marcha droit à l'habile cavalier Diomèdès.
Et quand ils se furent rapprochés l'un de l'autre, Arès, le premier, lança sa pique d'airain par-dessus le joug et les rênes des chevaux, voulant arracher l'‚me du Tydéide ; mais la divine Athènè aux yeux clairs, saisissant le trait d'une main, le détouma du char, afin de le rendre inutile. Puis, Diomèdès hardi au combat lança impétueusement sa pique d'airain, et Pallas Athènè la dirigea dans le bas ventre, sous le ceinturon.
Et le Dieu fut blessé, et la pique, ramenée en arrière, déchira sa belle peau, et le féroce Arès poussa un cri aussi fort que la clameur de dix mille guerriers se ruant dans la mêlée. Et l'épouvante saisit les Akhaiens et les Troiens, tant avait retenti le cri d'Arès insatiable de combats. Et, comme apparaît, au-dessous des nuées, une noire vapeur chassée par un vent br˚lant, ainsi Arès apparut au brave Tydéide Diomèdès, tandis qu'il traversait le vaste Ouranos, au milieu des nuages. Et il parvint à la demeure des Dieux, dans le haut Olympos. Et il s'assit auprès de Zeus Kroniôn, gémissant dans son coeur; et, lui montrant le sang immortel qui coulait de sa blessure, il lui dit en paroles ailées :
- Père Zeus, ne t'indigneras-tu point de voir ces violences ? Toujours, nous, les Dieux, nous nous faisons souffrir cruellement pour la cause des hommes. Mais c'est toi qui es la source de nos querelles, car tu as enfanté
une fille insensée, perverse et inique. Nous, les Dieux Olympiens, nous t'obéissons et nous te sommes également soumis ; mais jamais tu ne bl‚mes ni ne réprimes celle-ci, et tu lui permets tout, parce que tu as engendré
seul cette fille funeste qui pousse le fils de Tydeus, le magnanime Diomèdès, à se jeter furieux sur les Dieux immortels. Il a blessé d'abord la main d'Aphrodite, puis, il s'est rué sur moi, semblable à un Dieu, et si mes pieds rapides ne m'avaient emporté, je subirais mille maux, couché
vivant au milieu des cadavres et livré sans force aux coups de l'airain.
Et Zeus qui amasse les nuées, le regardant d'un oeil sombre, lui répondit:
- Cesse de te plaindre à moi, Dieu changeant ! Je te hais le plus entre tous les Olympiens, car tu n'aimes que
la discorde, la guerre et le combat, et tu as l'esprit intraitable de ta mère, Hèrè, que mes paroles répriment à peine. C'est son exemple qui cause tes maux. Mais je ne permettrai pas que tu souffres plus longtemps, car tu es mon fils, et c'est de moi que ta mère t'a conçu. Méchant comme tu es, si tu étais né de quelque autre Dieu, depuis longtemps déjà tu serais le dernier des Ouraniens.
Il parla ainsi et ordonna à Paièôn de le guérir, et celuici le guérit en arrosant sa blessure de doux remèdes liquides, car il n'était point mortel.
Aussi vite le lait blanc s'épaissit quand on l'agite, aussi vite le furieux Arès fut guéri. Hèbè le baigna et le revêtit de beaux vêtements, et
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