Odyssée
son peuple. Car la femme de Proitos, la divine Antéia, désira ardemment s'unir au fils de Glaukos par un amour secret; mais elle ne persuada point le sage et prudent Bellérophontès et, pleine de mensonge, elle parla ainsi au roi Proitos :
- Meurs, Proitos, ou tue Bellérophontès qui, par violence, a voulu s'unir d'amour à moi.
Elle parla ainsi, et, à ces paroles, la colère saisit le Roi. Et il ne tua point Bellérophontès, redoutant pieusement ce meurtre dans son esprit ; mais il l'envoya en Lykiè avec des tablettes o˘ il avait tracé des signes de mort, afin qu'il les remît à son beau-père et que celui-ci le tu‚t. Et Bellérophontès alla en Lykiè sous les heureux auspices des Dieux. Et quand il y fut arrivé, sur les bords du rapide Xanthos, le roi de la grande Lykiè
le reçut avec honneur, lui fut hospitalier pendant neuf jours et sacrifia neuf boeufs. Mais quand Eôs aux doigts rosés reparut pour la dixième fois, alors il l'interrogea et demanda à voir les signes envoyés par son gendre Proitos. Et, quand il les eut vus, il lui ordonna d'abord de tuer l'indomptable Kl˘maira. Celle-ci était née des Dieux et non des hommes, lion par devant, dragon par l'arrière, et chèvre par le milieu du corps. Et elle soufflait des flammes violentes. Mais il la tua, s'étant fié aux prodiges des Dieux. Puis, il combattit les Solymes illustres, et il disait avoir entrepris là le plus rude combat des guerriers. Enfin il tua les Amazones viriles. Comme il revenait, le Roi lui tendit un piège rusé, ayant choisi et placé en embuscade les plus braves guerriers de la grande Lykiè.
Mais nul d'entre eux ne revit sa demeure, car l'irréprochable Bellérophontès les tua tous. Et le Roi connut alors que cet homme était de la race illustre d'un Dieu, et il le retint et lui donna sa fille et la moitié de sa domination royale. Et les Lykiens lui choisirent un domaine, le meilleur de tous, plein d'arbres et de champs, afin qu'il le cultiv‚t.
Et sa femme donna trois enfants au brave Bellérophontès : Isandros, Hippolokhos et Laodaméia. Et le sage Zeus s'unit à Laodaméia, et elle enfanta le divin Sarpèdôn couvert d'airain. Mais quand Bellérophontès fut en haine aux Dieux, il errait seul dans le désert d'Alèios. Arès insatiable de guerre tua son fils Isandros, tandis que celui-ci combattait les illustres Solymes. Artémis aux rênes d'or, irritée, tua Laodainéia ; et Hippolokhos m'a engendré, et je dis que je suis né de lui. Et il m'a envoyé
à Troiè, m'ordonnant d'être le premier parmi les plus braves, afin de ne point déshonorer la génération de mes pères qui ont habité …phyrè et la grande Lykiè. Je me glorifie d'être de cette race et de ce sang.
Il parla ainsi, et Diomèdès brave au combat fut joyeux, et il enfonça sa lance dans la terre nourricière, et il dit avec bienveillance au pnnce des peuples:
- Tu es certainement mon ancien hôte paternel. Autrefois, le noble Oineus reçut pendant vingt jours dans ses demeures hospitalières l'irréprochable Bellérophontès. Et ils se firent de beaux présents. Oineus donna un splendide ceinturon de pourpre, et Bellérophontès donna une coupe d'or très-creuse que j'ai laissée, en partant, dans mes demeures. Je ne me souviens point de Tydeus, car il me laissa tout petit quand l'année des Akhaiens périt devant Thèbè. C'est pourquoi je suis un ami pour toi dans Argos, et tu seras le mien en Lykiè quand j'irai vers ce peuple. …vitons nos lances, même dans la mêlée. J'ai à tuer assez d'autres Troiens illustres et d'Alliés, soit qu'un Dieu me les amène, soit que je les atteigne, et toi assez d'Akhaiens, si tu le peux. Echangeons nos armes, afin que tous sachent que nous sommes des hôtes patemels.
Ayant ainsi parlé tous deux, ils descendirent de leurs chars et se serrèrent la main et échangèrent leur foi. Mais le Kronide Zeus troubla l'esprit de Glaukos qui donna au Tydéide Diomèdès des armes d'or du prix de cent boeufs pour des armes d'airain du prix de neuf boeufs.
Dès que Hektôr fut arrivé aux portes Skaies et au Hêtre, toutes les femmes et toutes les filles des Troiens couraient autour de lui, s'inquiétant de leurs fils, de leurs frères, de leurs concitoyens et de leurs maris. Et il leur ordonna de supplier toutes ensemble les Dieux, un grand deuil étant réservé à beaucoup d'entre elles. Et quand il fut parvenu à la belle demeure de Priamos aux portiques éclatants, - et là s'élevaient
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