Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
de lui pour maintenir la tranquillité dans les états du roi de Sardaigne, s'opposer à la contrebande du blé et des bestiaux, et enfin avoir pour sa majesté le roi de Sardaigne les sentimens que notre position actuelle doit lui assurer.
Vous le préviendrez également que l'évêque de Tortone va prendre possession de son évêché, et qu'il ait pour lui tous les égards qui sont dus à son caractère.
Vous voudrez bien ordonner au général Casabianca de faire ôter l'arbre de la liberté de la ville de Ceva, et de faire tout son possible pour maintenir le bon ordre dans les états de sa majesté le roi de Sardaigne.
Vous donnerez les ordres pour que les nommés Viniatteri, Rozetti et Strovengo, chefs de la conspiration qui a eu lieu pour assassiner le roi de Sardaigne, soient arrêtés.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 24 floréal an 5 (13 mai 1797).
Au directoire exécutif.
Le dernier courrier que j'ai reçu de vous est du 3 floréal, et je ne connais pas encore vos intentions relativement aux préliminaires de la paix : cela ne laisse pas que de m'embarrasser dans la direction à donner aux différentes affaires actuelles.
Je vous ai rendu compte, par mon dernier courrier, du terme où en était la négociation de Venise. Les négociateurs et le citoyen Lallemant sont ici ; mais, pendant ce temps-là, les affaires marchent à grands pas dans Venise même, où l'emprisonnement des inquisiteurs et l'effervescence populaire rendent les propriétés incertaines, sans la présence d'une force française.
Je vous envoie une lettre du citoyen Villetard, secrétaire de la légation française à Venise.
J'ai donné ordre au général Baraguay d'Hilliers d'y entrer avec cinq mille hommes.
J'ai envoyé ordre au citoyen Bourdé, commandant la flottille de l'Adriatique, de s'y rendre également.
Vous ordonnerez au général Lahoz d'éloigner de Milan les citoyens Lerese, Anisette et Barnabitte, et de les employer hors de cette ville, les engageant à ne rien faire qui trouble la tranquillité des états du roi de Sardaigne.
Il est probable, quoiqu'il ne soit cependant pas sûr, que lorsque vous lirez cette lettre, vous serez maîtres de Venise et de son arsenal.
La république cispadane paraît vouloir se réunir avec Venise, si cette ville accepte le gouvernement représentatif, plutôt que de se réunir avec le Milanez.
La république lombarde serait alors composée des pays compris entre le Tesin, le Pô, l'Oglio et le Modénais ; ce qui ferait deux millions de population.
La république de Venise démocrate serait composée, 1°. du Trévisan, deux cent mille habitans ; 2°. du Dogodo, cent mille ; 3°. de la Polésine, de Rovigo et d'Adria, quatre-vingt mille ; 4° de la ville de Venise, cent cinquante mille ; 5°. des îles du Levant, deux cent mille ; 6°. de la Cispadane, six cent mille ; 7°. de la Romagne, trois cent mille : en tout, un million six cent mille habitans.
Les deux républiques concluraient une alliance offensive et défensive avec la France contre les Anglais.
Nous trouverons dans l'arsenal de Venise quelques ressources pour notre marine, et quelques vaisseaux de guerre, s'ils sont d'une bonne construction.
J'ai fait partir de Trieste pour Toulon six bâtimens chargés de blé et d'acier.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 25 floréal an 5 (14 mai 1797).
Extrait d'une lettre au directoire exécutif.
Je vous envoie une lettre du citoyen Villetard, une autre du général Baraguay d'Hilliers, et enfin la délibération du grand-conseil, qui a abdiqué. Je crains fort que cette pauvre ville de Venise ne soit en partie pillée par les Esclavons, à l'heure où je vous écris.
J'ai envoyé, par un courrier extraordinaire, au doge la proclamation que je vous fais passer, afin de chercher à y rétablir la tranquillité.
Demain, je conclurai un traité avec les députés vénitiens : j'espère que cette affaire s'achèvera heureusement, et que, si nous ne sommes pas, à l'heure qu'il est, dans Venise, nous ne tarderons pas à y être.
La marine pourra y gagner quatre ou cinq vaisseaux de guerre, trois ou quatre frégates, pour 3 ou 4,000,000 de cordages, de bois et d'autres objets qui lui sont nécessaires.
J'ai envoyé des courriers a Gênes et à Livourne, pour qu'on me fasse passer en toute diligence tous les matelots français ou corses qui s'y trouveraient ; je prendrai ceux des lacs de Mantoue et de Garda, et je diminuerai le nombre de ceux que j'ai sur la
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