Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
citoyen Rosetti peut vous servir beaucoup en cela : ayez cependant l'oeil sur les démarches de cet homme.
Sélim-Cachef, le dernier qui est venu du Bahhireh, m'est représenté comme un homme extrêmement dangereux ; faites-le appeler, dites-lui que comme je vais dans le Bahhireh, je désire l'avoir avec moi, à cause de ses connaissances locales, et sur ce faites-le embarquer sur une des demi-galères, en le consignant au commandant et lui recommandant d'avoir pour lui quelques égards : que cependant il en répond comme d'une chose capitale.
Faites fusiller les prisonniers qui se permettront le moindre mouvement.
Fixez les yeux sur les approvisionnemens de la citadelle de Gizeh, Ibrahim-Bey et des petits forts.
Faites connaître au divan que, vu les troubles survenus dans le Bahhireh et le grand nombre de mécontens qui s'y trouvent, j'ai jugé à propos de m'y rendre moi-même. Quant aux bâtimens qu'ils pourraient savoir être sur la côte, dites que nous croyons que ce sont des Anglais, et que l'on dit que la paix est faite entre les deux puissances.
Dites que vous savez que je leur ai écrit, et sur ce demandez-leur s'ils ont reçu ma lettre : montrez-leur ma proclamation aux habitans du Bahhireh ; amusez-les avec l'expédition du général Menou au lac Natron et du général Destaing à Mariouf.
BONAPARTE.
Au Caire, le 29 messidor an 7 (17 juillet 1799).
Au général Desaix.
Mourad-Bey a été au lac Natron, citoyen général ; il n'a pas trouvé le rassemblement des bayouchi et des mameloucks : il est retourné : il a couché la nuit du 25 au 26 aux pyramides. Bertram, chef des Arabes, lui a fourni ce dont il avait besoin : il a disparu. Il est, à ce que mande le général Murat, au village de Dachour, à six ou sept heures d'ici : cela me contrarie beaucoup.
Le 24, une flotte turque, composée de cinq vaisseaux de ligne, trois frégates, cinquante à soixante bâtimens légers ou de transport, a mouillé dans la rade d'Aboukir. Je n'ai des nouvelles de Damiette que du 23.
Ibrahim-Bey est à Gaza, où il menace. Le général Lagrange a nettoyé les ouadis, près le camp des mameloucks, descendus de la Hautes-Egypte, tué Osman-Bey-Cherkaoui et chassé le reste dans le désert ; mais il occupe le reste de ma cavalerie : ainsi il faut, dans ce moment, contenir Mourad-Bey qui est sur la lisière de la province de Gizeh, Osman-Bey, etc., et pourvoir au débarquement. Vous voyez qu'il est nécessaire de prendre des mesures promptes et essentielles.
Je suis fâché que le général Friant n'ait pas suivi Mourad-Bey, ou du moins il ne devait pas, étant à portée du Caire, s'en éloigner sans savoir ce que j'en pensais.
Il faut vous approcher de Bénêçoùef, réunir toutes vos troupes en échelon, de manière à pouvoir en peu de jours, être au Caire, avec la première colonne et les suivantes, à trente-six heures d'intervalle les unes des autres ; tenir à Cosseir cent hommes, autant dans le fort de Keneh. Si le débarquement est une chose sérieuse, il faudra évacuer la Haute-Egypte, laissant vos dépôts en garnison dans vos forts ; s'il n'est composé que de cinq ou six mille hommes, alors il faut que vous envoyiez une colonne pour contenir Mourad-Bey, le suivre partout où il descendra, dans le Bahhireh, le Delta, la Scharkieh ou dans la province de Gizeh.
Pour ce moment, mon intention est que vous vous prépariez à un grand mouvement, et que vous vous contentiez de faire partir de suite une colonne pour poursuivre Mourad-Bey. Vous la dirigerez sur Gizeh.
Je pense que vous aurez fait partir tous les hommes des septième de hussards, quatorzième, troisième et quinzième de dragons : nous en avons bien besoin. Je vais me porter dans le Bahhireh, avec cent hommes de mes guides, pour toute cavalerie. Je suis fâché que Destrée ne soit pas parti avec son régiment.
BONAPARTE.
Rahmanieh, le 2 thermidor an 7 (21 juillet 1799).
Au général Kléber.
Nous arrivons à Rahmanieh, citoyen général ; l'adjudant-général Jullien m'apprend que l'avant-garde de votre division arrive à Rosette, et que vous-même n'en êtes pas éloigné avec le reste de votre division.
Il paraît que l'ennemi a décidément débarqué à Aboukir, et est dans ce moment maître de la redoute.
Ma ligne d'opération sera Alexandrie, Birket et Rosette. Je me tiendrai avec la masse de l'armée à Birket. Le général Marmont est à Alexandrie, et vous vous trouverez à Rosette l'un et l'autre ayant à peu près
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