Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
terres, au plus brave officier, et la décoration de la Légion-d'Honneur, avec une pension de douze cents francs, au plus brave cuirassier de chaque régiment.
On a trouvé à Vienne cinq cents pièces de canon, beaucoup d'affûts, beaucoup de fusils, de poudre et de munitions confectionnées, et une grande quantité de boulets et de fer coulé.
Il n'y a eu que dis maisons brûlées pendant le bombardement. Les Viennois ont remarqué que ce malheur est tombé sur les partisans les plus ardens de la guerre ; aussi disaient-ils que le général Andréossi dirigeait les batteries. La nomination de ce général au gouvernement de Vienne, a été agréable à tous les habitans ; il avait laissé dans la capitale des souvenirs agréables, et il jouit de l'estime universelle.
Quelques jours de repos ont fait beaucoup de bien à l'armée ; et le temps est si beau que nous n'avons presque pas de malades. Le vin que l'on distribue aux troupes est abondant et de bonne qualité.
La monarchie autrichienne avait fait pour cette guerre des efforts prodigieux : on calcule que ses préparatifs lui ont coûté au-delà de trois cents millions en papier. La masse des billets en circulation excède quinze cents millions.
La cour de Vienne a emporté les planches de cette espèce d'assignats, hypothéqués sur une partie des mines de la monarchie, c'est-à-dire, sur des propriétés presque chimériques, et qui ne sont pas disponibles.
Pendant qu'on prodiguait ainsi un papier-monnaie que le public ne pouvait pas réaliser, et qui perdait chaque jour davantage, la cour faisait acheter par les banquiers de Vienne tout l'or qu'elle pouvait se procurer, et l'envoyait en pays étranger. Il y a à peine quelques mois que des caisses de ducats d'or, scellés du sceau impérial, ont été expédiées pour la Hollande, par le nord de l'Allemagne.
Vienne, 19 mai 1809.
Neuvième bulletin de la grande armée.
Pendant que l'armée prenait quelque repos dans Vienne, que ses corps se ralliaient, que l'empereur passait des revues, pour accorder des récompenses aux braves qui s'étaient distingués, et pour nommer aux emplois vacans, on préparait tout ce qui était nécessaire pour l'importante opération du passage du Danube.
Le prince Charles, après la bataille d'Eckmülh, jeté sur l'autre rive du Danube, n'eût d'autre refuge que les montagnes de la Bohème.
En suivant les débris de l'armée du prince Charles dans l'intérieur de la Bohème, l'empereur lui aurait enlevé son artillerie et ses bagages ; mais cet avantage ne valait pas l'inconvénient de promener son armée, pendant quinze jours, dans des pays pauvres, montagneux et dévastés.
L'empereur n'adopta aucun plan qui pût retarder d'un jour son entrée à Vienne, se doutant bien que, dans l'état d'irritation qu'on avait excité, on songerait à défendre cette ville, qui a une excellente enceinte bastionnée, et à opposer quelque obstacle. D'un autre côté, son armée d'Italie attirait son attention, et l'idée que les Autrichiens occupaient ses belles provinces du Frioul et de la Piave, ne lui laissait point de repos.
Le maréchal duc d'Auerstaedt resta en position en avant de Ratisbonne, pendant le temps que mit le prince Charles à déboucher en Bohème, et immédiatement après, il se dirigea sur Passau et Lintz, sur la rive gauche du Danube, gagnant quatre marches sur ce prince. Le corps du prince de Ponte-Corvo fut dirigé dans le même système. D'abord il fit un mouvement sur Egra, ce qui obligea le prince Charles à y détacher le corps du général Bellegarde ; mais par une contremarche, il se porta brusquement sur Lintz, où il arriva avant le général Bellegarde, qui, ayant appris cette contremarche, se dirigea aussi sur le Danube.
Ces manoeuvres habiles, faites jour par jour, selon les circonstances, ont dégagé l'Italie, livré sans défense les barrières de l'Inn, de la Salza, de la Traun et tous les magasins ennemis, soumis Vienne, désorganisé les milices et la landwerh, terminé la défaite des corps de l'archiduc Louis et du général Hiller, et achevé de perdre la réputation du général ennemi. Celui-ci, voyant la marche de l'empereur, devait penser à se porter sur Lintz, passer le pont, et s'y réunir aux corps de l'archiduc Louis et du général Hiller ; mais l'armée française y était réunie plusieurs jours avant qu'il pût y arriver. Il aurait pu espérer de faire sa jonction à Krems ; vains-calculs ! il était encore en retard de
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