Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
colonne qui y avait été élevée, fût transportée à Paris.
Le quartier-général de l'empereur a été le 18 à Mersebourg ; il sera le 19 à Halle. On a trouvé dans cette dernière ville des magasins de toute espèce, très-considérables.
Halle, le 19 octobre 1806.
Douzième bulletin de la grande armée.
Le maréchal Soult a poursuivi l'ennemi jusqu'aux portes de Magdebourg. Plusieurs fois les Prussiens ont voulu prendre position, et toujours ils ont été culbutés.
On a trouvé à Nordhausen des magasins considérables, et même une caisse du roi de Prusse, remplie d'argent.
Pendant les cinq jours que le maréchal Soult a employés à la poursuite de l'ennemi, il a fait douze cents prisonniers et pris trente pièces de canon, et deux ou trois cents caissons.
Le premier objet de la campagne se trouve rempli. La Saxe, la Westphalie, et tous les pays situés sur la rive gauche de l'Elbe, sont délivrés de la présence de l'armée prussienne. Cette armée, battue et poursuivie l'épée dans les reins pendant plus de cinquante lieues, est aujourd'hui sans artillerie, sans bagages, et sans officiers, réduite au-dessous du tiers de ce qu'elle était il y a huit jours ; et, ce qui est encore pis que cela, elle a perdu son moral et toute confiance en elle-même.
Deux corps de l'armée française sont sur l'Elbe, occupés à construire des ponts.
Le quartier-général est à Halle.
Halle, le 20 octobre 1806.
Treizième bulletin de la grande armée.
Le général Macon, commandant à Leipsick, a fait aux banquiers, négocians et marchands de cette ville une notification [Cette notification était une injonction à tous les négocians de déclarer les marchandises anglaises, dont la saisie était ordonnée.]. Puisque les oppresseurs des mers ne respectent aucun pavillon, l'intention de l'empereur est de saisir partout leurs marchandises et de les bloquer véritablement dans leur île.
On a trouvé dans les magasins militaires de Leipsick quinze mille quintaux de farine et beaucoup d'autres denrées d'approvisionnement.
Le grand-duc de Berg est arrivé à Halberstadt le 19. Le 20, il a inondé toute la plaine de Magdebourg, par sa cavalerie, jusqu'à la portée du canon. Les troupes ennemies, les détachemens isolés, les hommes perdus, seront pris au moment où ils se présenteront pour entrer dans la place.
Un régiment de hussards ennemis croyait que Halberstadt était encore occupé par les Prussiens ; il a été chargé par le deuxième de hussards, et a éprouvé une perte de trois cents hommes.
Le général Beaumont s'est emparé de six cents hommes de la garde du roi, et de tous les équipages de ce corps.
Deux heures auparavant, deux compagnies de la garde royale à pied avaient été prises par le maréchal Soult.
Le lieutenant-général, comte de Schmettau, qui avait été fait prisonnier, vient de mourir à Weimar.
Ainsi, de cette belle et superbe armée qui, il y a peu de jours, menaçait d'envahir la confédération du Rhin, et qui inspirait à son souverain une telle confiance, qu'il osait ordonner à l'empereur Napoléon de sortir de l'Allemagne avant le 8 octobre, s'il ne voulait pas y être contraint par la force ; de cette belle et superbe armée, disons-nous, il ne reste que les débris, chaos informe qui mérite plutôt le nom de rassemblement que celui d'armée. De cent soixante mille hommes qu'avait le roi de Prusse, il serait difficile d'en réunir plus de cinquante mille, encore sont-ils sans artillerie et sans bagages, armés en partie, en partie désarmés. Tous ces événemens justifient ce que l'empereur a dit dans sa première proclamation, lorsqu'il s'est exprimé ainsi : «Qu'ils apprennent que s'il est facile d'acquérir un accroissement de domaines et de puissance avec l'amitié du grand peuple, son inimitié est plus terrible que les tempêtes de l'Océan.»
Rien ne ressemble en effet davantage à l'état actuel de l'armée prussienne que les débris d'un naufrage. C'était une belle et nombreuse flotte qui ne prétendait pus moins qu'asservir les mers ; les vents impétueux du nord ont soulevé l'Océan contre elle. Il ne rentre au port qu'une petite partie des équipages qui n'ont trouvé de salut qu'en se sauvant sur des débris.
Trois lettres interceptées peignent au vrai la situation des choses.
Une autre lettre également interceptée, montre à quel point le cabinet prussien a été dupe de fausses apparences. Il a pris la modération de l'empereur Napoléon pour de
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