Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
sur-le-champ pour aller s'emparer des retranchemens de l'ennemi près du village de Czarnowo.
Le général de brigade Marulaz la soutenait avec sa cavalerie légère. La division de dragons du général Beaumont passa immédiatement après. La canonnade s'engagea à Czarnowo. Le maréchal Davoust fît passer le général Petit avec le douzième de ligne pour enlever les redoutes du pont. La nuit vint, on dut achever toutes les opérations au clair de la lune ; et a deux heures du matin, l'objet que se proposait l'empereur fut rempli. Toutes les batteries du village de Czarnowo furent enlevées ; celles du pont furent prises ; quinze mille Hommes qui les défendaient furent mis en déroute, malgré leur vive résistance.
Quelques prisonniers et six pièces de canon restèrent en notre pouvoir. Plusieurs généraux ennemis furent blesses. De notre côté, le général de brigade Boussard a été légèrement blessé. Nous avons eu peu de morts, mais près de deux cents blessés. Dans le même temps, à l'autre extrémité de la ligne d'opérations, le maréchal Ney culbutait les restes de l'armée prussienne, et les jetait dans les bois de Lauterburg, en leur faisant éprouver une perte notable. Le maréchal Bessières avait une brillante affaire de cavalerie, cernait trois escadrons de hussards qu'il faisait prisonniers, et enlevait plusieurs pièces de canon.
Combat de Nasielsk.
Le 24, la réserve de cavalerie et le corps du maréchal Davoust se dirigèrent sur Nasielsk. L'empereur donna le commandement de l'avant-garde au général Rapp. Arrivé à une lieue de Nasielsk, on rencontra l'avant-garde ennemie.
Le générai Lemarrois partit avec deux régimens de dragons, pour tourner un grand bois et cerner celle avant-garde. Ce mouvement, fut exécuté avec promptitude.
Mais l'avant-garde ennemie, voyant l'armée française ne faire aucun mouvement pour avancer, soupçonna quelque projet et ne tint pas. Cependant il se fît quelques charges, dans l'une desquelles fut pris le major Ourvarow, aide-de-camp de l'empereur de Russie. Immédiatement après, un détachement arriva sur la petite ville de Nasielsk. La canonnade devint vive. La position de l'ennemi était bonne ; il était retranché par des marais et des bois. Le maréchal Kaminski commandait lui-même. Il croyait pouvoir passer la nuit dans cette position, en attendant que d'autres colonnes vinssent le joindre. Vain calcul ; il en fut chassé, et mené tambour battant pendant plusieurs lieues. Quelques généraux russes furent blessés, plusieurs colonels faits prisonniers, et plusieurs pièces de canon prises. Le colonel Beker, du huitième régiment de dragons, brave officier, a été blesse mortellement.
Passage de Wrka
Au même moment, le général Nansouty, avec la division Klein et une brigade de cavalerie légère, culbutait, en avant de Kursomb, les cosaques et la cavalerie ennemie, qui avait passé l'Wrka sur ce point, et traversait là cette rivière. Le septième corps d'armée, que commande le maréchal Augereau, effectuait son passage de l'Wrka à Kursomb, et culbutait les quinze mille hommes qui la défendaient. Le passage du pont fut brillant. Le quatorzième de ligne l'exécuta en colonnes serrées, pendant que le seizième d'infanterie légère établissait une vive fusillade sur la rive droite. A peine le quatorzième eut-il débouché du pont, qu'il essuya une charge de cavalerie, qu'il soutint avec l'intrépidité ordinaire à l'infanterie française ; mais un malheureux lancier pénétra jusqu'à la tête du régiment, et vint percer d'un coup de lance le colonel qui tomba raide mort.
C'était un brave soldat ; il était digne de commander un si brave corps. Le feu à bout portant qu'exécuta son régiment, et qui mit la cavalerie ennemie dans le plus grand désordre, fut le premier des honneurs rendus à sa mémoire.
Le 25, le troisième corps, que commande le maréchal Davoust, se porta à Tykoczyn, où s'était retiré l'ennemi. Le cinquième corps commandé par le maréchal Lannes, se dirigeait sur Pultusk, avec la division de dragons Beker.
L'empereur se porta, avec la plus grande partie de la cavalerie de réserve, à Ciechanow.
Passage de la Sonna.
Le général Gardanne, que l'empereur avait envoyé avec trente hommes de sa garde pour reconnaître les mouvemens de l'ennemi, rapporta qu'il passait la rivière de Sonna à Lopackzin, et se dirigeait sur Tykoczyn.
Le grand-duc de Berg, qui était resté malade a Varsovie,
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