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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cérémonie qui se déroulerait à Alger, d’ici à quelques mois, après que Mathilde de Mons se fut convertie à l’islam.
    Seigneur, quel châtiment Vous m’avez infligé !
    C’était comme si, à l’orée de ma vie, Vous vouliez me soumettre à la plus dure épreuve, à la joute la plus incertaine avec le démon et le désespoir.
    Comme si, avant de m’adouber parmi Vos chevaliers, Vous me demandiez d’affronter sans armure, à mains nues, un ennemi caparaçonné, visière baissée, lance acérée, maître de toutes les ruses, capable de tous les pièges.
    — Prie pour elle, m’a dit Sarmiento.
    Puis, avant de s’allonger près de moi, et alors que les rats, aussi nombreux que par jour de tempête dans la chiourme, commençaient comme chaque nuit leur infâme sarabande, courant sur nos corps et nos visages, mordillant nos oreilles, Sarmiento a ajouté :
    — Nous sommes tous dans la main de Dieu. Il n’exige qu’une chose, la plus difficile : que nous gardions notre foi en Lui. Prie pour elle, prie pour nous !

10.
    Seigneur, je me suis agenouillé et j’ai prié.
    J’avais besoin de Votre présence.
    Diego de Sarmiento s’était assoupi et je me sentais abandonné, impuissant, dans cette salle empuantie et bruyante de la forteresse de Toulon.
    Elle était pareille à une chiourme. Elle me rappelait ce que j’avais vécu et que j’allais à nouveau connaître.
    Je retrouvais cet remugle des corps harassés, entassés, j’entendais leurs respirations rauques, leurs longs soupirs, les couinements et le trottinement des rats.
    J’ai prié.
    J’avais besoin de Votre aide, Seigneur, pour ne pas désespérer.
    Mais je ne cessais d’imaginer ce que Mathilde de Mons allait subir, livrée à Dragut-le-Brûlé, le Damné, le Démoniaque. Il avait le pouvoir de l’humilier, de la violenter, de la corrompre, de la supplicier, de l’empaler, de l’écorcher vive.
    J’ai cessé de prier.
    Pourquoi, Seigneur, l’avoir livrée à ce renégat ?
    Je me suis laissé emporter par la colère et le désir de tuer.
    Enfin l’aube est venue.
    Mes plaies avaient séché. Je pouvais marcher sans chanceler jusqu’à la porte que les gardiens venaient d’ouvrir.
    Qu’ils m’enchaînent, qu’ils me conduisent sur les quais ! J’imaginais que j’allais pouvoir m’enfuir, gagner la galère sur laquelle se trouvait Mathilde.
    Les gardiens m’ont écarté d’une poussée.
    J’ai vu passer devant moi la file des prisonniers, Sarmiento parmi eux. Son regard me répétait qu’il fallait vivre et donc agir avec prudence. Peu après, un janissaire est venu, a crié mon nom, et quand je me suis avancé il m’a montré la rue.
    Nous sommes sortis de la forteresse.
    Le soldat ne m’avait ni enchaîné ni battu. Il marchait près de moi, indifférent, sa longue pique sur l’épaule.
    Je Vous ai alors remercié, Seigneur, pour ces couleurs retrouvées, l’ocre des façades, le bleu de la mer et du ciel.
    Je vous ai rendu grâces pour mes jambes à nouveau agiles, mon pas assuré, mon corps qui avait recouvré ses forces.
    À respirer ce vent froid qui me lavait la peau et l’âme, j’ai éprouvé une joie instinctive.
    J’ai aperçu au bout de la ruelle les mâts des galères. Un instant, j’ai songé à m’élancer, à tenter de m’enfuir. Mais il aurait suffi d’un seul cri de mon gardien pour que les infidèles qui nous entouraient se ruent sur moi.
    Je ne voulais pas mourir sous leurs coups. J’étais curieux de savoir où l’on me conduisait.
    J’ai été surpris quand le soldat m’a invité, d’un mouvement de sa hampe, à m’engager sur la passerelle de l’une des galères et qu’il s’est assis sur le rebord du quai, posant son arme sur ses cuisses, laissant sa tête tomber contre sa poitrine comme s’il espérait s’endormir.
    Quand, parvenu sur le pont, j’ai entendu les marins parler français, je me suis arrêté. J’ai pensé que Dragut avait décidé de me libérer, et cette idée m’a enivré.
    Libre !
    J’ai empoigné un cordage pour ne pas tituber et j’ai repris lentement mes esprits.
    Quel piège le capitan-pacha me tendait-il ? Voulait-il me corrompre ? Espérait-il me faire capituler ? que, par reconnaissance envers mon père, qui payait ma rançon, je ne le combatte plus, lui donne raison ?
    Troublé, inquiet, incertain, je n’ai pas vu l’officier qui s’était avancé.
    Étais-je Bernard de Thorenc ? a-t-il demandé.
    Le comte Philippe de Polin,

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