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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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voix rageuse, le corps penché en avant, les poings serrés.
    Les Français, a-t-il poursuivi, ont oublié l’empereur chrétien Constantin. Ils ne sont plus les dignes fils de Saint Louis le croisé. Ils sont aussi maléfiques que les infidèles, pires même, peut-être, parce qu’ils continuent de se prétendre catholiques alors qu’ils trahissent la chrétienté, soucieux seulement de renforcer leur nation, de favoriser leur roi, prêts pour cela à s’agenouiller devant la Sublime Porte, à baiser les pieds du sultan, à lui livrer des villes chrétiennes, à combattre à ses côtés comme lors du siège de Nice.
    Mais le châtiment viendrait. Le pape avait menacé d’excommunier François I er . Qu’il le fasse, qu’il le fasse ! Quant aux Turcs…
    Sarmiento avaient entendu quelques-uns des capitans barbaresques dire que le sultan devait conserver Toulon, qu’un musulman n’était pas lié par les promesses faites à un chrétien. Or, pour un infidèle, François I er l’était. Il n’avait pas reconnu qu’Allah est le plus grand, et Mahomet Son prophète. Comme un brigand sans foi ni loi, il ne se souciait que de l’intérêt de son royaume. Viendrait un jour où il se rapprocherait de la papauté et de Charles Quint, comme il l’avait déjà fait par le passé.
    Il y avait quelques années, le pape avait marié à Marseille l’une de ses nièces, Catherine, au fils de François I er . Ce dernier avait accueilli à Aigues-Mortes l’empereur Charles Quint dont il était aujourd’hui l’adversaire, mais avec qui il ferait demain la paix. Il lui avait ouvert les portes de ses châteaux, celles de Paris, après lui avoir fait traverser la France entière pour le conduire jusqu’aux Pays-Bas afin qu’il pût y combattre ses ennemis.
    Il fallait donc se défier de François I er . Il faisait dresser des bûchers dans ses villes pour brûler ceux des chrétiens qui se disaient réformés protestants, huguenots, les mêmes que Charles Quint persécutait à Gand, Bruxelles, Mons. Complices et rivaux : tels étaient les deux souverains.
    Comment croire que l’un ou l’autre pût être un allié sûr ?
    Charles Quint n’avait au moins jamais tenté de chercher l’appui de la Sublime Porte, au contraire de François I er . Exclusivement soucieux de ses intérêts, celui-ci était aussi retors qu’un Vénitien.
    Mais, alors, pourquoi lui rendre Toulon, cette ville aux jardins innombrables, aux arbres chargés d’oranges amères et de citrons, dont la rade permettait d’abriter des tempêtes plus de deux cents navires ?
    Les Français avaient perçu les hésitations turques. On disait qu’ils s’inquiétaient de l’attitude des infidèles et les pressaient déjà de se préparer à quitter la ville, conformément aux engagements pris. Mais Dragut se dérobait, exigeait qu’on libérât les galériens musulmans qui se trouvaient à bord des vaisseaux français.
    Polin, ce félon qui se targuait d’être général d’une armée chrétienne et se pavanait aux côtés de Dragut, s’était exécuté et près de quatre cents infidèles avaient été ainsi débarqués, accueillis comme des héros par une foule en liesse.
    — Et nous, nous sommes ici ! avait maugréé Sarmiento en frappant le sol de la main.
    On assurait même que les Français avaient accepté de verser huit cent mille ducats aux infidèles pour qu’ils abandonnent la ville !
    Plusieurs nuits durant, on avait vu des dizaines d’hommes entourés de janissaires entasser dans de grands draps blanc et rouge des monceaux de pièces d’or que l’on portait ensuite à bord des galères. Dragut avait veillé chaque nuit à l’embarquement de ce qui n’était qu’une rançon de plus.
    — Le roi Très Chrétien rachète la ville qu’il a lui-même livrée aux infidèles ! a ajouté Sarmiento avec une grimace de dégoût. Mœurs françaises…
    Il a secoué la tête, grogné que j’avais eu bien tort de ne pas accepter l’offre de Dragut. Le renégat allait garder les mille ducats et exigerait une nouvelle rançon, plus forte, lorsque je solliciterais mon père pour qu’il obtienne ma liberté, quand j’aurais découvert ce que sont les bagnes d’Alger et que j’aurais passé peut-être plusieurs années dans les chiourmes des galères infidèles.
    — Je ne changerai pas d’avis, ai-je répondu.
    Sarmiento a murmuré que j’étais plus têtu et plus orgueilleux qu’un Castillan.
    J’ai hésité longuement,

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