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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sac
quelle avait apporté.
    — Peut-être plus, fit-elle.
    — Elle représente quinze marcs d’or ou cent
cinquante marcs d’argent, confirma Locksley. Une belle rançon. Partons
rapidement maintenant. Je connais suffisamment Cadoc pour craindre qu’il ne
tente de se l’approprier.
    Laissant le trou béant, ils rejoignirent les
tisserands. Les derniers cathares étaient arrivés, quelques voisins les avaient
accompagnés. Ce furent les derniers adieux et le convoi se mit pesamment en
route.
    Parmi les cathares, et bien que leur religion
refuse la violence, Jehan le Flamand, Estienne – le gendre de
Bertaut –, Thomas le cordonnier et Geoffroi le tavernier acceptèrent de
prendre un épieu ferré. Bartolomeo leur remit aussi deux cuirasses achetées à
un haubergier. Ils seraient donc sept armés pour le voyage jusqu’à Fontevrault.
Une force suffisante pour éloigner quelques croquants, mais bien faible face à
une compagnie de routiers ou de brigands. Ils devraient donc prier Dieu pour
qu’il les aide.
    De l’autre côté de l’île de la Cité, ils
découvrirent qu’on les attendait devant le Petit-Châtelet. Il y avait là Cadoc
avec une dizaine d’hommes à lui, tous à pied avec des arbalètes, le prévôt de
Paris et l’official avec des archers de l’évêché.
    Cadoc était devant le passage, ses arbalétriers
derrière lui. Guilhem fit arrêter le convoi et s’approcha seul.
    — Le roi a-t-il changé d’avis ?
demanda-t-il en plissant les yeux sous son casque à nasal.
    — Non, mais vous avez bien trop de bagages.
Ces hérétiques ont été chassés comme les juifs, sans rien. Je vais les fouiller
et prendre ce dont ils n’ont pas besoin. Il serait dommage qu’ils emportent ce
qui revient de droit à la couronne.
    — Le roi n’a rien dit de tel, remarqua
Guilhem après un bref silence durant lequel il avait évalué les forces en face
d’eux. Il m’a remis un laissez-passer. Tu le sais, Lambert, puisque tu étais
avec moi. Tente de toucher à nos biens et tu perdras la vie.
    Robert de Locksley tenait déjà une poignée de
flèches avec son arc. L’une était encochée.
    Cadoc grimaça, n’ayant pas prévu que les exilés se
rebellent. Il ne portait d’ailleurs ni haubert ni casque, étant juste en robe
avec son baudrier et son épée. Il hésita, non qu’il craignît pour sa vie, car
il était certain que ses arbalétriers cloueraient ces rebelles avant qu’ils ne
bougent, mais ces deux-là avaient prêté hommage au roi. Qui pouvait savoir
comment Philippe réagirait s’il les tuait ?
    D’un autre côté, il était convaincu que la statue
d’or était là, à portée de main, et que s’il l’offrait à Philippe, il aurait
une récompense royale.
    Guilhem avait perçu l’hésitation. Dans un défi, il
savait que celui qui atermoyait était le perdant. Il tira lentement son épée et
planta son regard dans celui de Cadoc.
    — Corne bouc ! Écarte-toi, Lambert, ou
tout finira dans le sang, gronda-t-il. Ne nous sous-estime pas, mon ami…
    Le silence tomba, aussi pesant que celui qui
précédait une mise en terre au cimetière des Innocents. Les arbalétriers levèrent
subrepticement leurs armes dans leur direction. Bartolomeo dégaina à son tour
son épée dans un froissement de métal et les cathares serrèrent leurs épieux
dans leur main. Les femmes et les enfants, terrorisés, avaient reculé derrière
les chariots. Quelques badauds, comprenant qu’il allait y avoir une sanglante
bataille, s’étaient approchés pour y assister, restant quand même à l’abri
derrière des piliers de maisons.
    La tension était extrême et l’official, qui
s’était aussi écarté avec ses archers, affichait un grand sourire. Que Cadoc
tue ces impies et il reprendrait les hérétiques, se disait-il.
    C’est alors que le prévôt Hamelin s’interposa.
    — Noble seigneur de Gaillon, notre sire roi
n’a jamais dit que les cathares devaient partir sans rien. Encore moins que
soient dépouillés le comte de Huntington et le noble Guilhem d’Ussel qui sont
ses vassaux. Comme prévôt de cette ville, je vous demande de les laisser
passer.
    Cadoc considéra Hamelin avec un mélange de colère
et de surprise, persuadé, jusque-là, que le prévôt de Paris lui prêterait
main-forte. En même temps, il était soulagé, car cette intervention lui
permettait de sauver la face.
    — Dieu me damne, Hamelin ! Je saurai
m’en souvenir ! cracha-t-il avec une expression

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