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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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sais si elle voudrait de moi, dit-il en sa simplesse.
    — Ha que
si ! dis-je. Elle ne fait qu’y rêver, et aussi de vous apporter en dot
l’officine de Maître Béqueret, lequel appète à vendre, comme peut-être vous
savez.
    À quoi, il
ouvrit les yeux tout grands et les ferma, et les déclouit, pâlit quelque peu et
rougit, sans pouvoir dire mot ni miette, ne sachant par quel bout prendre ces
deux grands bonheurs que je lui tendais tout à trac : Gertrude et
l’apothicairerie.
    — Ha !
dit-il enfin, brûlant en son pensement toutes les étapes de son joli rêve, mais
je serai en Montfort, et vous, Monsieur mon frère, en Mespech !
    — Ou
peut-être en Paris, dis-je avec un sourire, fort ému qu’il eût pensé premier à
moi avant même qu’à mon père.
    — En
Paris ! dit-il. Vous seriez en Paris ! Mais vous haïssez cette
villasse !
    — Je ne
sais, dis-je en riant. Quéribus opine que Paris est une intempérie qui se prend
par contagion de l’air et il cuide que j’en suis déjà infecté.
    J’attendis la
nuit, et que la Gavachette se glissât en ma couche comme un frais petit
serpent, pour lui bailler la bague que j’avais achetée pour elle en Paris. Elle
fut dans le ravissement, poussa des Ho ! et des Ha ! m’accola à la
frénésie, entre deux poutounes tendait la main à la chandelle pour admirer
l’éclat de l’or, et après que je l’eus mignonnée tout mon saoul et tout le
sien, m’assura gravement qu’après cela, elle me ferait le plus bel enfant du
Périgord et qu’à coup sûr, j’en serais content.
    Ayant dit,
elle s’endormit comme chandelle qui s’éteint et vous pensez comme au lendemain
elle se paonna à l’infini devant nos gens de ce bijou, de sorte que tous les
murs de Mespech en renvoyèrent les échos, la Maligou en vaine gloire maternelle
relayant le clabaudage qui s’enfla de cuisine à basse-cour aussi démesurément
qu’il gagna nos villages,
    Sauveterre
sourcillant fort et mon père le prenant plus raisin que figue tant est que je
dus lui conter comment à mon département du château je fus pris dans les toiles
par la maligne et acculé à une promesse inconsidérée.
    — Vous
fîtes bien de tenir, dit-il enfin, puisque promesse il y eut, mais à l’avenir,
avancez d’un pied plus prudent sur les voies où les captieuses belles vous
entraînent. La pente est insensible qui passe du ruban au colifichet, du
colifichet à l’argent, et de l’argent à l’or.
    — Monsieur
mon père, dis-je, pour en parler si bien, c’est que vous en dûtes faire
l’expérience. Et maintenant que je m’y suis apensé, il me ramentoit d’un dé à
coudre en argent que vous offrîtes à Franchou quand, avant peste, elle était
placée à Sarlat.
    — Touché !
cria mon père en riant, et me jetant le bras dessus l’épaule il me serra à lui.
Ha ! mon Pierre, on ne vous prend pas sans vert !
    Cependant, ma
petite sœur Catherine, laquelle en trois mois d’absence, de bouton était
devenue fleur, majestueuse sur sa tige haute et tout épanouie, ne le prit pas
d’un cœur si léger, elle à qui en Paris je n’avais rien acheté qu’un toton que
j’avais de reste donné quasi le même jour au petit Henriot d’Alizon.
    — Monsieur
mon frère, me dit-elle en a parte quand elle eut vu la Gavachette à
table parader sa bague en or comme si la main tout entière se fût transmuée en
le coûteux métal, n’avez-vous point pensé que vous alliez me faire outrage en
donnant occasion à cette fille de Roume de prendre des airs avec moi ?
    — Mais ma
belle Catherine, dis-je, en lui saisissant les mains que des miennes
incontinent elle arracha sans me laisser poursuivre.
    — Votre
belle Catherine, dit-elle avec un air hautain qui me ramentut ma mère, n’est
point si belle qu’elle n’eût pu être embellie par vous. Monsieur, vous placez
vos affections où vous ne le devez pas et vous les oubliez là où vous devriez
vous en ramentevoir.
    Et tournant
sur ses hauts talons, dans un grand virevoltement de son vertugadin, elle me
planta là, fort marri du navrement que je lui avais infligé, et d’autant que je
l’aimais de grande amour, encore que rebiqué assez par ses hauteurs nouvelles.
    Je ne savais
que faire en cette inattendue traverse quand mon père, l’ayant apprise de
Franchou dont les oreilles traînaient par là, me prit par le bras au sortir de
la table.
    — Monsieur
mon fils, au train où vont les choses, vous n’en serez pas

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