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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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curation que j’avais faite de la peste de Diane, mais aussi pour ce
qu’elle y fut fort poussée par Puymartin qui l’aime comme fol de longtemps et
la mariera dès que sera écoulé le délai de viduité.
    — Mais,
dis-je, pour peu que Diane réponde au sentiment de mon aîné, voilà qui arrange
fort les affaires de François !
    — Et les
nôtres, dit mon père. Une alliance avec Fontenac et Puymartin sera immensément
à notre avantage, étant entendu que François marié ménagera la châtellenie de
Fontenac à compte et demi avec Puymartin.
    — Est-ce
donc fait ? dis-je en haussant le sourcil.
    — Pas
encore. Le clergé sarladais rebique au mariage, François étant huguenot et sa
belle papiste, mais Puymartin opine qu’avec le temps, la persuasion, et
quelques poignets qui cy qui là bien graissés...
    Je contai
alors à la frérèche comment la fable que Quéribus comptait en Sarlat répandre
de ma grande faveur auprès du Duc d’Anjou et du Roi pouvait à cette fin
grandement concourir, de quoi mon père fut enchanté et Sauveterre, aise assez,
encore qu’il affectât de n’aller que d’une fesse à ce mariage, la pensée que
Mespech fît si bien ses affaires ne le consolant pas de l’idée que François,
comme son père (et peut-être ses deux cadets), s’allait unir à une idolâtre.
    Là-dessus,
Barberine, toquant à l’huis, vint nous dire que les cuves à baigner étaient
prêtes et fumantes dans la tour ouest pour Samson, Giacomi et moi, et prenant
congé de la frérèche, j’y tirai incontinent, faisant en chemin mille caresses
et poutounes à ma bonne Barberine sans laquelle mon Mespech ne serait pas ce
qu’il est, ma nourrice étant comme le nid chaud et duveteux où je me blottis et
m’ococoule au sein de mon nid crénelé : Oui-da ! Les murs et remparts
pour la défense et la sûreté ! mais pour ma tête un plus mol oreiller et
cette féminine tendresse sans laquelle l’homme en sa vie même ne serait qu’un
cadavre.
    — Ha !
mon Pierre ! disait Barberine rougissante, vergognée et ravie, à peu que
tu ne me pastisses comme moineau, sa moinette. Oublies-tu que je suis ta mère
quasiment ? Et dois-je te le ramentevoir !
    — Va !
Va ! dis-je, il n’y a pas péril ! Lâche la bride à ma grande
amitié !
    Et derechef la
palpant, la toquant, je lui baillai mille et mille baisers. Cependant, à
l’entrée dans la salle de la tour ouest que mon père, par gausserie, appelait
les « étuves », je me dépris d’elle (car je n’avais cessé de la
tenir, et des mains, ou des bras, ou de l’épaule, ou du col) pour ce que je
savais que j’allais encontrer là l’Alazaïs, laquelle était roide comme falaise
en la mer des faiblesses humaines, et la Gavachette qui, pour être cette mer
même, n’était pas cependant plus facile à affronter, quand la jalousie la
creusait en vagues.
    — Quoi ?
dis-je, qu’est cela ? Trois cuves seulement ? Emplissez les cinq
incontinent, je veux que Miroul et Fröhlich se baignent avec nous, ayant été partie
à nos périls.
    La Gavachette,
qui se prétendait grosse de moi de deux mois mais sans que l’enflure du ventre
fût encore manifeste, me fit, à me laver, ses petites mines de Roume, le regard
fort velouté et la bouche éloquente, mais sans ses accoutumées agaceries,
l’Alazaïs ne la perdant pas de l’œil, ma Barberine cependant étrillant mon
Samson de ses fortes et douces mains et Giacomi, certes, le plus mal loti des
trois, pour ce que l’Alazaïs l’appropriait comme elle eût nettoyé un poulet
plumé avant que de le mettre en broche.
    Si commode et
confortant que fût ce doux moment, je l’abrégeai pourtant et renvoyai les
garces dès que nous fûmes savonnés. Et l’huis sur elles reclos, je dis au
maestro, à Miroul et à mon bon Suisse de Berne de se garder de faire à
l’alentour des récits épiques sur notre fuite parisienne, laquelle devait être
à jamais celée et de tous ignorée, et je leur dis pourquoi.
    — Ha !
dit Samson, la tête passant à peine la cuve où il baignait, et son œil bleu
azur m’envisageant, que je suis content pour François qu’il marie sa
Diane !
    Et qu’il ne
regrettât même pas que cette Diane fût papiste, fût-ce du bout des lèvres,
voilà qui en mon for tant m’éclaira que je ne faillis pas à quérir incontinent
de lui pourquoi il n’épousait pas lui-même sa dame au lieu que non pas vivre
dans le péché avec elle.
    — C’est
que je ne

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