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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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vers une grande partie du continent africain, qui s’est ainsi transformé en l’un des principaux marchés de consommation d’armement produit par les grandes puissances internationales. L’histoire politique intérieure de l’Afrique, souvent tragique, est évidemment liée à cette nouvelle donne. Il serait malhonnête de ne l’attribuer qu’à l’impéritie des pouvoirs en place ; même si celle-ci fut et reste trop souvent réelle, elle est de plus en plus imbriquée dans la mondialisation économique. Cela est vrai même pour une guerre civile qui ne relève apparemment que d’une logique purement interne : le génocide rwandais de 1994 2 . Les développementsrécents sont en passe de faire de l’Afrique, pour un certain nombre d’années encore, le premier producteur mondial de pétrole (et de bien d’autres minerais de grande valeur). C’est dire à quel point le continent, une fois de plus, se trouve en prise avec le monde.
    L’indépendance : une conquête
    La volonté politique de libération nationale, aiguillonnée par la création de l’Organisation de l’Unité africaine et les ambitions panafricaines de Kwame Nkumah (Ghana) ou de Barthélemy Boganda (République centrafricaine), avait démarré partout au même moment, au début des années 1960. Dans une grande partie de l’Afrique, la lutte armée pour l’indépendance fut violente et sauvagement combattue. Elle exigea à plusieurs reprises des guerres de libération, notamment dans les colonies portugaises contre la dictature féroce de Salazar, qui refusait la décolonisation. De grandes figures de leaders politiques se détachèrent, qui furent à la pointe du combat dans de violentes guérillas : Amilcar Cabral en Guinée-Bissau, Agostinho Neto et Mario de Andrade en Angola, Eduardo Mondlane au Mozambique. La métropole ne devait céder qu’après la révolution socialiste dite  « des œillets » au Portugal (avril 1974). En Afrique du Sud, la volonté farouche d’en finir avec le régime inique de l’apartheid fut animée par l’ANC à partir de 1960 et soutenue par la figure héroïque et charismatique de Nelson Mandela (arrêté dès 1962 et libéré en 1990), enfin élu président de la République en 1994. Côté britannique, l’évolution fut contrariée là où des lobbies colons rêvaient de maintenir un régime ségrégué : la révolte Mau-Mau au Kenya (1952-1956) fut sévèrement réprimée sur le terrain, mais convainquit le gouvernement de Londres de hâter l’indépendance (1963) ; en Rhodésie, à peu près au même moment (en 1964), la petite minorité blanche (300 000 personnes) déclara unilatéralement son indépendance, qui ne fut pas reconnue par l’ancienne métropole : le pays, l’ancienne Rhodésie du Sud, prit le nom de Zimbabwe en 1980, avec la victoire du mouvement insurrectionnel de Joshua Nkomo et Robert Mugabe.
    Pour ce qui concerne les colonies françaises d’Afrique « noire », on ne peut pas dire que l’indépendance fut « octroyée ». L’idée de la « trahison » des élites africaines de l’époque envers la cause de l’indépendance est assez répandue chez les jeunes Africains francophones, parce qu’il y eut davantage négociation que lutte armée ; mais elle est fausse. La décolonisation — sauf à Madagascar, en 1947, et au Cameroun, où les insurrections furent réprimées dans le sang — correspondit à la conjonction d’une série de facteurs politiques complexes montrant que la France était plutôt en retard sur les autres métropoles. D’une part, le « divorce » se creusa en métropole entre l’idéologie impériale (particulièrement tenace enAlgérie) et les intérêts économiques français, qui n’avaient plus besoin de la colonisation dès lors qu’elle entraînait plus de dépenses que de profits (notamment par la promulgation en 1952 du Code du travail outre-mer qui se démarquait du Code français du travail) ; d’autre part, les réformes proposées par la conférence de Brazzaville accélérèrent le processus politique africain. C’est ce que montre l’instauration de la décentralisation administrative, qui provoqua la création d’assemblées territoriales élues ouvrant la voie à la vie politique ; cette réforme prévoyait une déconcentration des pouvoirs dans les fédérations d’AOF et d’AEF, avec un début de participation aux affaires des Africains sous la forme d’un collège électoral censitaire,

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