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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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! A quoi bon retourner là-bas ? Je n'aurais même pas eu la joie d'étriper Bérault d'Apchier, puisque les gens du Roi avaient déjà dû prendre possession. Alors, j'ai rejoint Robert. Je savais qu'il avait réussi à s'échapper de la prison où les gens de René de Lorraine le retenaient. Je le connaissais depuis longtemps. En outre, il était maintenant comme moi : un prisonnier évadé, un proscrit... mais puissant et à la tête d'une forte troupe. Je l'ai rejoint. Et son amitié à lui ne m'a pas fait défaut. Le Damoiseau m'a accueilli les bras ouverts.
    — ...et a fait de toi ce bandit, masqué d'un pseudonyme trop explicite ! Tu me pardonneras de ne pas lui en être reconnaissante.
    Maintenant, si tu veux, je vais tout te dire...
    Elle s'accroupit à terre auprès de lui et commença de parler.
    Aussi clairement, aussi calmement qu'il lui était possible, Catherine fit le récit de l'odyssée qui, des souterrains de Montsalvy, l'avait menée jusqu'à ce village du haut pays de Marne. Elle dit sa rencontre avec Richemont, son audience chez le Roi, l'entretien qu'elle avait eu avec le Dauphin, l'aide de Jacques Cœur et, finalement, la visite qu'au château de Tours elle avait rendue à la reine de Sicile.
    Il l'écoutait, sans mot dire, les mains nouées entre ses genoux, grattant parfois la terre de son soleret de fer à la manière d'un cheval impatient.
    Finalement, elle se releva, fouilla de nouveau son aumônière et en tira le sauf-conduit.
    — Tiens ! fit-elle. Voilà ce que la Reine m'a donné pour toi.
    Rentre à Montsalvy ! Le Roi, avec les Reines et le Dauphin, va bientôt se diriger sur les pays du Sud pour y régler la succession du comte de Foix et y...
    Elle hésita imperceptiblement, puis se décida, articulant même clairement pour mieux frapper :
    — ...et y réprimer les excès des Écorcheurs...
    Il tressaillit, l'enveloppa d'un regard noir. Elle attendait qu'il réagît et il n'y manqua pas.
    — Je te fais horreur, n'est-ce pas ?
    — Oui ! tu me fais horreur ! fit-elle nettement. Ou, plutôt, j'ai horreur de l'homme qui est devant moi, car je refuse de croire que ce soit vraiment toi.
    — Et qui d'autre ? Je fais la guerre, Catherine, et la guerre c'est ça
    ! Ce n'est que ça, même si cela te gêne de le croire. Je ne fais rien d'autre que ce que j'ai toujours fait, ce que font tous ceux que tu aimes tant : La Hire, Xaintrailles... et les autres. Que crois-tu qu'ils fassent à Gisors en ce moment, ces deux-là ?
    — Ils combattent l'Anglais ! Ils combattent l'ennemi...
    — Moi aussi ! L'Anglais ? Où est-il selon toi ? Aux frontières du royaume ? Non pas : il est à dix lieues d'ici, à Montigny-le-Roy où ton duc Philippe le laisse bien tranquille mais où, à l'heure qu'il est, le seigneur de La Suze, René de Rais, l'assiège.
    — René de Rais ? Le frère de...
    — De Gilles, oui, du monstre à la barbe bleue. Mais René est bon chevalier et mon frère d'armes, même s'il emploie des méthodes qui ne te plairaient pas plus que les miennes. Quant à moi, je combats Bourgogne... car c'est lui le pire de tous nos ennemis !
    — Des ennemis, dis-tu ? Mais de qui ? De quoi ?
    — Du Roi... et de la France ! As-tu aimé, approuvé le traité d'Arras, cet humiliant torchon qui oblige le Roi à demander pardon à Philippe, qui délie le duc même du devoir d'hommage ? Aucun de nous ne l'a accepté ni ne l'acceptera jamais. La paix à ce prix, nous n'en voulons pas. Et ici, c'est la Bourgogne ?
    La Bourgogne ? Oui, sans doute, mais je n'ai guère vu de murailles, d'hommes d'armes, de machines de guerre ! Je n'ai vu que des vieillards, des femmes, des enfants assassinés, des hommes qui n'avaient pas d'armes et que l'on torturait pour leur faire cracher leur argent.
    — La guerre n'a ni âge, ni sexe. Et l'ennemi est un tout ! En abattant ceux qui nourrissent les gens d'armes, on les détruit aussi bien qu'en leur tapant dessus à coups de hache !
    La querelle repartait, violente, nourrie de leurs rancœurs et de leurs convictions. En face du féodal impitoyable, habitué à mépriser, presque universellement, toutes ces fourmis de la terre et des bourgades, Catherine se retrouvait solidaire de ce peuple martyrisé, pressuré, saigné à blanc, l'une des siennes et non des moins maltraitées.
    — Allons donc ! Ce n'est pas la première fois que je vois la guerre, puisque tu dis que c'en est une. Je sais qu'elle est affreuse.
    Mais à ce point-là ! Qui t'a changé ainsi,

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