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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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époux Saturnin Garrouste, le vieux bailli de Montsalvy, et tous les gens du bourg, et Bernard de Calmont d'Olt, l'abbé du monastère, et ses moines paisibles, si sages et si habiles de leurs mains... tout un petit peuple dont, désormais, la vie et la sécurité dépendaient de sa sagesse et de son courage... Il ne fallait pas que les rapaces du Gévaudan puissent abattre leurs griffes sur eux...

    Catherine et Josse couraient maintenant sur l'aplomb du plateau. Une déclivité légère menait droit à la porte nord de la bourgade, la porte d'Aurillac, que précédaient les quelques téméraires maisons d'un petit faubourg, le « barri » Saint-Antoine, et les chevaux, délivrés de la rude montée, allongèrent leur galop. Tout en courant, Josse prit à sa ceinture la corne de vache cerclée d'argent qui ne le quittait jamais et se mit à lancer dans le soir de longs mugissements destinés à avertir les guetteurs sur le rempart qu'un danger approchait.
    Presque simultanément, les deux cavaliers s'engouffrèrent sous la voûte basse avec tant d'impétuosité qu'ils ne purent éviter le meunier et son âne. Le gros Félicien et son grison allèrent s'affaler, les quatre fers en l'air, dans le tas de bouses de vache séchées dont le corps de garde se servait comme combustible.
    La porte franchie, Catherine retint à pleins poings sa monture qui se cabra.
    — Les routiers ! hurla-t-elle quand son écuyer eut cessé de souffler dans sa trompe. Ils nous suivent ! Rappelez ceux des faubourgs !
    Relevez le pont ! Baissez la herse ! Je vais au monastère et à la porte d'Entraygues.
    Déjà Josse était à bas de son cheval pour prêter main- forte aux habitants qui couraient vers les murailles avec des pierres et des douves de tonneaux pour obstruer les créneaux. Les femmes, piaillant comme des poules affolées, criaient « Jésus ! » et entamaient, par précaution, une litanie à tous les saints locaux en se mettant à la recherche de leur progéniture. La herse descendit avec un horrible grincement.
    — Ça fait des mois que je dis qu'il faudrait la graisser, ronchonna Josse qui s'attelait maintenant, aidé de Félicien sorti de son fumier, au gros treuil servant à manœuvrer le pont.
    Cependant, sans plus s'occuper d'eux, Catherine lançant toujours ses cris d'alarme, avait repris le galop au long de la grand-rue pour gagner le monastère. Sous les sabots furieux de son cheval, la boue jaillissait de toute part et les gorets et la volaille fuyaient dans tous les sens.
    A tout hasard, Pastouret, l'aubergiste du « Grand Saint-Géraud », se hâta de clore ses volets et de fermer boutique, renvoyant à leurs affaires les deux ou trois buveurs qu'elle contenait.
    À peu près hors d'haleine, Catherine franchit le porche roman du monastère et tomba plus qu'elle ne mit pied à terre devant l'abbé qui, les manches retroussées, taillait ses rosiers et fumait ses plantes médicinales dans le petit jardin du monastère. II leva vers elle un maigre et jeune visage d'ascète heureux où brillaient des yeux qui avaient toujours l'air de voir plus loin et plus haut que les autres.
    — Vous arrivez comme la tempête, au milieu du bruit et de la fureur, ma fille ! Que vous arrive-t-il ?
    Catherine jugea superflues les formules de politesse :
    — Faites sonner le tocsin, mon père ! Les routiers nous arrivent !
    Il faut mettre Montsalvy en défense...
    Bernard de Calmont d'Olt leva sur la châtelaine un regard sincèrement surpris.
    — Des routiers ? Mais... nous n'en avons pas ! Où prenez-vous ceux-là ?
    — Dans le Gévaudan ! Ce sont les Apchier, Votre Révérence. J'ai reconnu leur bannière. Ils pillent et brûlent. Montez sur votre tour et vous verrez les flammes et la fumée du hameau de Pons.
    Dom Bernard n'était pas un homme à qui il fallait de longues explications. Glissant sa serpette dans la corde qui ceinturait sa robe noire, il prit la course vers l'église en criant à Catherine :
    — Rentrez au château et occupez-vous de la porte sud ! Je me charge du reste.
    Un instant plus tard, la voix de bronze de la Géraude, la grosse cloche du monastère, fracassait le crépuscule, égrenant dans l'aigre vent soufflé par les vieux volcans glacés, les notes éperdues de l'antique alarme, toujours redoutée, jamais oubliée, qui présageait le malheur et les larmes. Et Catherine, tout en reprenant le chemin bien court qui allait du monastère au château et à la porte de la vallée, sentit son cœur se

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