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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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de deuil, noirs et argent, sur lesquels ressortait comme un soleil la chape épiscopale.
    Cela formait un tableau coloré, fastueux malgré les traces de souffrances empreintes sur tous les visages, mais Catherine ne s'y intéressait pas. Dressée sur la pointe des pieds, derrière la haie de soldats qui s'était reformée automatiquement sur le passage de la procession, elle cherchait à apercevoir le Connétable et ses capitaines afin de découvrir sur le visage de son époux ce qui avait bien pu lui arriver.
    Mais le cortège des vainqueurs n'était pas encore sorti de la vieille église. Celui qui apparaissait maintenant, c'était le Prévôt de Paris, messire Philippe de Ternant, qu'elle reconnut au premier coup d'œil.
    Hautain, indifférent, le regard survolant la foule misérable pour se perdre en un horizon qui n'intéressait que lui, il portait avec arrogance les armes de Philippe de Bourgogne auprès de celles de la capitale.

    Mais la lenteur de la procession agaçait Catherine et comme les cloches, un instant, cessaient leur vacarme, elle se tourna vers son compagnon :
    — Me direz-vous, enfin, ce qu'il est advenu de mon époux ?
    — Patientez un instant, Dame, nous ne saurions discuter ici, et puis peut-être ai-je trop parlé...
    Visiblement il s'en repentait, mais la jeune femme n'entendait pas demeurer plus longtemps dans l'expectative.
    — Sans doute, messire ! approuva-t-elle froidement. Mais justement vous en avez trop dit pour ne pas aller jusqu'au bout. Et si vous ne voulez pas que je cause un affreux scandale en courant vers Monseigneur de Riche- mont, au mépris de votre procession...
    Saint-Simon changea de couleur.
    — Vous ne feriez pas cela !
    — On voit bien que vous ne me connaissez pas. Mais j'ai pitié de vous : répondez seulement à deux questions. La première est : mon époux se trouve-t-il actuellement dans cette église avec les autres capitaines qui accompagnent le Connétable ?
    — Non !
    — Où est-il ?
    Le jeune officier avala sa salive, jeta un regard implorant vers le clocher comme s'il espérait qu'une nouvelle volée de vacarme l'empêcherait de parler. Mais comme rien ne venait il se décida.
    — A la Bastille ! Depuis deux semaines. Mais ne me demandez pas pourquoi. C'est à Monseigneur qu'il appartiendra de vous répondre, se hâta-t-il d'ajouter. Et, par grâce, taisons-nous ! Je vois là des religieux qui nous regardent de travers.
    Mais il n'avait pas besoin de conseiller le silence à Catherine. Ce qu'elle venait d'apprendre l'avait laissée sans voix. Arnaud à la Bastille ? Arnaud arrêté ? Et apparemment par ordre du Connétable ?
    C'était insensé, impensable ! C'était de la folie pure ! Quelle faute grave, très grave même, avait-il pu commettre pour en arriver là ?
    Elle se sentit tout à coup perdue, noyée dans cette foule, prisonnière de ces soldats, de ces notables parisiens qui défilaient maintenant devant elle, graves et solennels dans leurs longues robes rouges où la nef de la ville s'étalait, brodée sur une épaule, de cette assemblée qui l'enfermait de toutes parts. Elle tourna la tête, cherchant fébrilement une issue, un trou où se jeter pour courir à la Bastille où peut-être on la renseignerait sans qu'elle eût besoin d'attendre la fin d'une cérémonie qui, sans doute, serait interminable.
    Mais, en tournant la tête, elle rencontra le regard effaré mais presque souriant de Bérenger.
    — Que diable trouvez-vous de drôle dans tout ceci ? gronda-t-elle entre ses dents. Savez-vous ce qu'est la Bastille ?
    — Une prison solide, j'imagine, fit le page. C'est fort regrettable que messire Arnaud y soit, mais peut- être moins que vous ne le pensez, Dame Catherine.
    — Et pourquoi, s'il vous plaît ?
    — Parce que, du coup, il n'a pas grand-chose à craindre de Gonnet d'Apchier. Car, même si le bâtard est arrivé avant nous, il n'a pas pu atteindre notre seigneur, dans cette Bastille où il est depuis deux semaines... C'est toujours autant de gagné !
    La logique du page dérida un peu le front soucieux de Catherine. Il y avait beaucoup de justesse dans son propos et, après tout, si Arnaud, dont le caractère emporté n'était plus à découvrir pour elle, avait encouru la colère du Connétable, du moins cette colère n'irait sans doute pas jusqu'à mettre sa tête en péril.
    — Je crois, ajouta le page, que vous n'aurez aucun mal à obtenir toutes les explications que vous voudrez. Chacun sait, chez nous, tout le

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