Quelque chose en nous de Michel Berger
Lescure Gérard Manset Vanina Michel Romano Musumarra Philippe Pérathoner Serge Pérathoner Jean-Marie Périer Jacques Pessis Philippe Rault Dick Rivers
Bernard Saint-Paul Yves Simon
Isabelle Siri Janik Top
Julien Tricard Didier Varrod Et ceux qui ont requis l’anonymat, ici respecté.
Ainsi qu’à tous ceux dont les contributions se sont égrainées au cours des années et que j’ai ici convoqués de nouveau :
Thierry Ardisson Daniel Balavoine Michel Bernholc Jean-Jacques Burnel Bernard Chabbert Francis Chaix Philippe Constantin David Crosby Dominique Dreyfus Michel Drucker Claude Engel Ahmet ErtegunNesuhi Ertegun Annie Fargue Peter Frampton France Gall
Christian Geldreich Johnny Hallyday George Harrison Elton John
Monique Le Marcis Christian Lebrun Huey Lewis
Graziella Madrigal John Mellencamp Luc Plamondon Michel Platini Sacha Reins
Michel Rocard Étienne Roda-Gil Lionel Rotcage Véronique Sanson Carlos Santana Stephen Stills Valérie Thieulent Pete Townshend Neil Young
La minute de silence
« Michel Berger est mort. Tu peux te radiner au journal comme d’hab pour la nécro ? »
L’appel de Bayon, selon le rituel parfaitement rodé qui nous a vus mémorialiser ainsi, avec la dream team Libé qu’il dirige et inspire, Gainsbourg, Ferré, Montand, Trenet, Mort Shuman, Miles Davis, Frank Zappa, Freddie Mercury et tant d’autres, me sèche. C’est que, comme Daniel Balavoine avant lui, Michel Berger n’est pas simplement quelqu’un que j’ai rencontré, interviewé, filmé, dans un cadre professionnel sans que cette relation ne déborde sur nos vies.
Je n’oserai pas pour autant affirmer que Michel était un ami. Il lui aurait appartenu de le dire, éventuellement. Nous n’étions pas intimes. Mais pour le moins, il était un interlocuteur, un complice, voire un allié. Nous nous connaissions, nous voyions, nous appelions, échangions nos opinions, commentions les tribulations de nos amis et ennemis, les moquions parfois, avec une ironie douce-amère qui n’en pensait pas moins. Entretenions une conversation. Partagions aussi un certain nombre de convictions qui nous avaient conduits à nous retrouver dans quelques projets typiques de l’époque – les années quatre-vingt – Action Écoles (soit Band Aid France) ou un album caritatif à l’occasion des trente ans d’Amnesty International qui ne verrait jamais le jour.
On n’est pas censé mourir à quarante-quatre ans. Je suis sidéré par la nouvelle – tu parles d’une mauvaise nouvelle ! –, sonné, désarçonné, en ramassant mes affaires dans le petit bureau vitré au fond d’une cour de la rue du Cherche-Midi d’où j’essaie de diriger depuis seulement un mois Fnac Music Production, la maison de disques qu’a lancée l’enseigne d’achats des cadres et que j’ai pris le pari de rejoindre en partie pour tenter de mettre en pratique le fruit de certaines de nos observations et réflexions communes sur l’état de la musique et de la chanson de notre pays, qui nous frustre tellement, et depuis si longtemps. Je bloque toute émotion, zen comme ma profession l’exige, pour me concentrer sur la tâche. Rassembler mes idées, retrouver les numéros des proches à appeler pour avoir des informations sur ce qui a bien pu se passer – à ce stade, je sais seulement « Saint-Tropez » et « crise cardiaque » (pour mémoire, en 1992, ni téléphones portables ni chaînes d’info en continu, seulement France Info, et nous sommes début août, les rédactions sont dépeuplées). Au volant de ma Golf rouge même pas GTI, sur le trajet entre le Bon Marché et la place de la République, je réalise soudain que la probabilité que le jeune label lancé par la Fnac, alors propriété de la GMF, parvienne à signer un jour Michel – et France Gall, et sa propre étiquette –, grâce à une mécanique très avantageuse de contrats d’assurance-vie au cœur de la stratégie industrielle qui a contribué à naïvement me convaincre de me lancer dans l’aventure, est désormais nulle.
Paradoxalement, c’est cet instant d’égoïsme qui me fait réaliser l’ampleur de la perte pour nous tous : ça n’est pas seulement moi qui suis dévasté de perdre un compagnon, un mentor décisif, c’est l’avenir qui n’aplus le même éclat, tant la détermination de Michel à faire bouger les choses était vive – et nécessaire.
Comme toujours dans ce genre d’exercice, le temps manque terriblement. Surtout que je suis chargé
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