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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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gouttières… »
    On se console en pensant aux Prussiens.
    Les paysans lorrains, qui craignent le retour des émigrés et
donc le rétablissement des droits seigneuriaux, les harcèlent, attaquent à
quelques-uns les soldats isolés, les voitures embourbées.
    On dit aussi que la dysenterie, la « courée prussienne »,
ravage les troupes de Brunswick, et que leurs officiers sont amers.
    Ils imaginaient que cette armée de gueux et de savetiers
allait se débander. Or, elle fait face.
    Ils en veulent aux émigrés, qu’ils accusent de les avoir
trompés, et aux Autrichiens qui sont de vrais rivaux plutôt que des alliés.
    Ils entendent chanter ces bataillons qui arborent cocardes
et drapeaux tricolores :
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça ira !
    Les aristocrates à la lanterne
    Le despotisme expirera
    La liberté triomphera
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça
ira !
    Nous n’avons plus ni nobles ni prêtres !
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça
ira !
    L’égalité partout régnera
    L’esclave autrichien le suivra
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça
ira !
    Et leur infernale clique
    Au diable s’envolera !
    Chanter fait oublier la boue et la pluie, donne confiance.
    On va vaincre.
    « Je pense, écrit un soldat, que la guerre d’un peuple
qui veut être libre contre les tyrans ne peut durer longtemps car le peuple a
pour lui la raison, sa force et sa bravoure ; il est debout ; il n’a
qu’à dire : je veux être libre et il le sera. »
    Parfois, une lettre reçue de Paris raconte que l’Assemblée
législative tient ses dernières séances, qu’elle a décrété que chaque
municipalité devra ouvrir un état civil laïc, que le divorce sera autorisé, et
que la Commune insurrectionnelle de Paris devra être entièrement renouvelée.
    On replie la lettre, on la met à l’abri de la pluie, mais on
ne se souvient que de ce qu’elle dit, de la santé de la mère, du travail du
père, et de la vie des frères et sœurs, et du prix du pain.
    Pour le reste, on hausse les épaules. Et on répond :
    « Notre armée ne s’occupe pas beaucoup de l’intérieur
et nous ne voyons que les Prussiens. »
     
    Mais selon les « septembriseurs » parisiens, et
les Jacobins qui dans les clubs des départements traquent les aristocrates, pour
vaincre l’armée du roi de Prusse, de l’empereur d’Autriche, du comte d’Artois
et des émigrés, « qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et
nos compagnes », il faut continuer de « purger » le pays.
    À Paris, chaque jour, ils se rendent au Temple, insultent la
famille royale, écrivent sur les murs :
    « Madame Veto on la fera danser, et nous saurons mettre
le Gros Cochon au régime. Il faut étrangler les petits louveteaux. »
    Aucun de ceux qui ont participé aux massacres de la première
semaine de septembre ne regrette ce qu’il a accompli. Il le fallait.
    Le maire de Paris, Pétion, qui s’est terré pour ne pas voir,
murmure : « Ces hommes publics, ces défenseurs de la patrie, croyaient
que ces journées déshonorantes étaient nécessaires. »
    Mais il se garde bien de dire haut et fort ce qu’il pense.
    Dans les assemblées électorales, les sans-culottes
contrôlent les votes. Et Pétion sait qu’il n’aura aucune chance d’être élu à la
Convention s’il se présente à Paris. On y méprise les « trembleurs ».
Il sera donc candidat à Chartres.
    Et Brissot comme Condorcet, et d’autres Girondins parisiens,
vont se faire élire dans les départements où, en dépit de la pression des clubs,
les assemblées électorales ne sont point « terrorisées » comme celles
de Paris.
    « Le choix des départements nous rassure, dit Manon
Roland. Les électeurs élisent les députés qui peuvent s’opposer à un retour des
émigrés, aux châtiments que ceux-ci infligeraient, mais qui, aussi, les
protégeraient des “partageux”, qui, au nom de l’égalité, voudraient les spolier
de leurs biens. »
    Le député Rabaut Saint-Étienne, fils de pasteur, futur élu
de l’Aude et Girondin, remarque :
    « La plupart des départements ont choisi d’envoyer à la
Convention des députés propriétaires à cause de la terreur qu’inspire la doctrine
de les dépouiller. »
     
    Mais dans de nombreuses « sections » les bandes de
sans-culottes, les adhérents des clubs démasquent et surveillent les « citoyens
justement suspects d’incivisme » et les chassent des assemblées
électorales.
    Ils punissent les

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