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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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une étape.
    Et Marat, Danton, Robespierre marquent, durant quelques
semaines, le pas.
    « Robespierre, note Marat le 19 juin, est si peu fait
pour être un chef de parti qu’il évite tout groupe où il y a du tumulte et qu’il
pâlit à la vue d’un sabre. »
    Et Maximilien, qui a la vanité d’un écorché vif, toujours
prêt à soupçonner ceux qui le critiquent, se raidit, hautain, méprisant, passant
de l’accusation à la confession, et du désir de vaincre à celui de se retirer.
    Le 12 juin, il parle devant les Jacobins médusés, atterrés.
    « Je n’ai plus la vigueur nécessaire pour combattre l’aristocratie »,
commence-t-il.
    Après un moment de stupeur les Jacobins protestent, mais d’un
mouvement de tête Maximilien impose le silence, reprend :
    « Épuisé par quatre années de travaux pénibles et
infructueux… »
    Les Jacobins se récrient.
    « Infructueux ? »
    Depuis la réunion des États généraux en mai 1789, rien n’aurait-il
donc changé ?
    Robespierre parle comme Jacques Roux et Marat !
    « Je sens, poursuit Maximilien, que mes facultés
physiques et morales ne sont point au niveau d’une grande révolution et je
déclare que je donnerai ma démission. »
    La voix de l’incorruptible s’est affaiblie, le discours
devenant un aveu.
    Mais quand les Jacobins, debout, crient qu’ils n’acceptent
pas que Robespierre quitte la place, qu’ils lui donneront par leur soutien, leur
énergie, la force de continuer son combat indispensable à la patrie, Robespierre
se redresse :
    « Nous avons, dit-il, deux écueils à redouter, le
découragement et la présomption. »
    On sait que son moment de faiblesse est déjà oublié, qu’il n’a
peut-être été qu’une mise en scène pour s’assurer de la fidélité des Jacobins, les
entraîner dans le combat contre les aristocrates, les Vendéens, les Girondins
et aussi ces Enragés qui détournent le peuple des justes causes, et ce prêtre, Jacques
Roux, « cet homme qui ose répéter les injures prétendues patriotiques ».
    Jacques Roux, dit Robespierre, n’est comme Brissot qu’un
agent de Pitt et de Cobourg, un allié, un stipendié de l’Angleterre, des
princes allemands et des émigrés.
    Il faut faire confiance, ajoute Maximilien, aux « vieux
athlètes de la liberté », les Montagnards. Et, accompagné d’Hébert et de
Collot d’Herbois, il se rend le 30 juin 1793 au club des
    Cordeliers, et il obtient que Jacques Roux en soit exclu, et
Varlet, suspendu !
    « Il faut une volonté une », dit Robespierre. C’est
à lui de la forger.
    Déjà, il fait entrer au Comité de salut public Couthon et
Saint-Just, ses proches, et lui-même envisage de s’y présenter.
    Car le Comité de salut public doit être le cœur de l’action
de la Convention, l’expression de la volonté révolutionnaire, le glaive de la
patrie.
     
    Et les patriotes modérés, réservés, inquiets, souhaitent que
l’on défende la nation.
    « Je suis désolé de notre situation intérieure, écrit
Ruault. On dit que les Girondins veulent se rassembler au centre de la France, à
Bourges, et y créer une autre Convention ! Ce serait le comble de nos
malheurs s’ils en venaient à bout…
    « Faudrait-il donc que la France se déchire et périsse
parce que trente individus qui ont voulu la bouleverser ont changé de place, ont
été mis dehors de l’Assemblée des représentants du peuple ?
    « Les journées du 31 mai et du 2 juin mettent en état
de révolte ou d’insurrection des villes, des départements mal instruits du fond
des choses. Elles ne sont pas légales, on le sait ! Mais y a-t-il quelque
action légale en révolution ? »
    Si les départements l’emportaient, « la France
deviendrait la curée de cinq ou six princes étrangers ».
    Aucun patriote ne peut l’accepter.
    Et pour cela il faut – et c’est un modéré qui parle –
« mettre fin à tant de débats insensés et furieux… et l’on ne parlera pas
plus de Girondins que s’ils n’eussent jamais existé ».
    Ces propos tombent comme le couperet de la guillotine. De
mars à septembre 1793, le Tribunal révolutionnaire prononce de cinq à quinze condamnations
à mort chaque mois.

     
     
    5.
    Les députés girondins en fuite, en ces premiers jours de
juillet 1793, une jeune femme de vingt-cinq ans, Charlotte Corday, ne peut les
ignorer.
    Elle habite Caen depuis le printemps 1791. Elle est issue d’une
famille de petite noblesse, et elle

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