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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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n’est-ce pas ? J’avais oublié à quel point cette ville est barbare.
    — Est-ce lui ? » demandai-je en désignant le jeune homme au visage mince et portant l’écusson royal qui venait de sortir d’une échoppe située de l’autre côté de la ruelle. J’avais reconnu le serviteur aperçu le matin. Il traversa la chaussée pour nous rejoindre, la main sur la garde de son épée.
    « Mam’selle Reedbourne ? demanda-t-il nerveusement. Que se passe-t-il ?
    — Il est bien temps de vous en préoccuper, Tanner ! Pendant que vous choisissiez une étoffe pour votre nouveau pourpoint, deux garnements ont tenté de voler les douceurs de la reine !… Ce jeune homme m’a sauvée ! » ajouta-t-elle en souriant à Barak une fois de plus.
    Maître Tanner baissa les yeux. Genesis tira sur sa bride.
    « Il nous faut partir, dis-je. On nous attend à Sainte-Marie. Viens, Barak. On va encore nous signaler qu’on nous attendait hier. »
    Je conclus l’entretien en adressant un salut à la jeune Reedbourne. Elle nous gratifia d’une nouvelle révérence.
    « Je loge également à Sainte-Marie, susurra-t-elle. Peut-être allons-nous nous revoir.
    — Je l’espère », répondit Barak. Il remit son bonnet tout en lui lançant un clin d’œil, ce qui fit rougir la donzelle. Nous repartîmes.
    « Enfin un brin d’agitation ! s’écria-t-il d’un ton joyeux. Non qu’il y ait eu grand danger, ce n’étaient que des petits va-nu-pieds. Ils devaient croire que le panier contenait quelque chose de précieux.
    — Félicitations ! m’exclamai-je avec un sourire moqueur. Tu as sauvé les gourmandises de la reine.
    — La donzelle aussi est une petite gourmandise. Je jouerais volontiers à la main chaude avec elle. »
    Parvenus au bout de Coneygate, nous nous engageâmes dans une autre rue qui longeait les hauts murs de l’abbaye. Les gardes du roi arpentaient le chemin de ronde, tandis que derrière eux se dressait l’immense clocher qu’on avait aperçu en entrant dans la ville et qui s’élevait presque aussi haut que la cathédrale. Les monastères avaient tous été entourés de murs mais je n’en avais jamais vu d’aussi imposants. Sainte-Marie avait dû être une vaste abbaye, et une telle muraille devait grandement contribuer à la sécurité du lieu. Était-ce la raison pour laquelle c’était elle qu’on avait choisie pour y installer le roi à York ?
    Nous repassâmes sous la barbacane à Bootham Bar, tournant à gauche cette fois-ci pour nous joindre aux cavaliers et aux piétons qui faisaient la queue pour entrer dans l’enceinte de l’abbaye. Mon ordre de mission fut examiné attentivement avant qu’on nous laisse passer. Une fois à l’intérieur nous mîmes pied à terre. Barak déchargea les chevaux des sacoches contenant nos effets, les accrocha en bandoulière sur ses épaules, puis me rejoignit pour contempler le spectacle.
    Sous nos yeux s’élevait un grand manoir, jadis la résidence de l’abbé, sans aucun doute. Surmontée de hautes et étroites cheminées, la bâtisse en brique rouge de trois étages était d’une splendeur particulière, même compte tenu du luxe que s’accordaient les abbés des grands monastères. Des parterres de petites roses blanches bordaient les murs, mais la pelouse avait été transformée en bourbier par le passage continu de piétons et de roues de charrette. Quelques manouvriers étaient occupés à arracher les rares mottes de gazon restantes, et à les remplacer par des dalles de pierre, tandis qu’un peu plus loin d’autres creusaient ce qui avait dû être le cimetière des moines, déterrant les pierres tumulaires et les jetant sans ménagement dans des charrettes. Au-dessus de la porte principale du manoir on avait suspendu un grand écu orné des armoiries royales.
    Au-delà du manoir s’élevait une imposante église monastique de style roman, l’une des plus grandes que j’aie jamais vues. La tour carrée était dominée par un énorme clocher de pierre ; sur la façade se détachaient des arcs-boutants très ouvragés et des piliers sculptés. La maison abbatiale et l’église formaient deux côtés d’une grande cour, longue environ d’un furlong, où un spectacle stupéfiant était en train de se dérouler. Des dépendances avaient été démolies, laissant des tranchées aux endroits où se trouvaient jadis les fondations. À la place on avait dressé des dizaines de tentes, et des centaines d’ouvriers

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