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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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achevaient la construction de deux gigantesques pavillons. Hauts de quarante pieds, construits en bois auquel on avait donné l’aspect de la pierre, flanqués de tourelles et de barbacanes, on aurait dit de vrais châteaux. Grimpés sur des échelles, un essaim d’ouvriers s’activaient sur ces extraordinaires bâtisses, fixant des animaux héraldiques en plâtre, peignant les murs de vives couleurs, posant des vitres aux fenêtres. La forme des pavillons me rappelait quelque chose…
    La cour était parsemée d’établis à tréteaux sur lesquels les charpentiers équarrissaient à la hache et rabotaient d’immenses pièces de bois. Une cinquantaine de troncs de jeunes chênes s’entassaient contre le mur de l’abbaye et tout était couvert de sciure. D’autres ouvriers sculptaient des dessins complexes sur des corniches ornementales, les lumineuses couleurs égayant le morne après-midi.
    Barak sifflota. « Sangdieu ! Qu’est-ce qu’ils comptent faire ici ?
    — Monter quelque incroyable spectacle. »
    Nous demeurâmes là quelques instants à admirer cette scène extraordinaire, puis je touchai le bras de Barak.
    « Viens ! Il nous faut trouver Simon Craike, l’homme chargé de l’hébergement… Je l’ai connu jadis », ajoutai-je en souriant.
    Pour soulager un peu ses épaules, Barak déplaça les lourdes sacoches qu’il portait en bandoulière. « Vraiment ?
    — C’était l’un de mes condisciples à l’école de droit de Lincoln’s Inn. Je ne l’ai pas revu depuis, toutefois. Il est entré dans l’administration royale et n’a jamais plaidé.
    — Pourquoi a-t-il choisi cette voie ? Pour le traitement ?
    — En effet. Un oncle qui travaillait au service du roi lui a obtenu le poste.
    — Quel genre d’homme est-ce ? »
    Je souris à nouveau. « Tu verras. Je me demande s’il a changé. »
    Nous conduisîmes les chevaux au manoir, apparemment le centre de toute l’agitation. Des gens y entraient et en sortaient en courant, tandis que sur le perron des agents officiels lançaient des ordres, discutaient ferme, le tout en consultant des plans. Quand nous demandâmes à un garde où l’on pouvait trouver messire Craike, il nous pria d’attendre et appela un garçon d’écurie pour qu’il emmène les chevaux. Un dignitaire en robe de velours vert nous écarta de son chemin d’un geste, un autre passa en trombe entre nous deux, comme si nous étions des chiens gênant sa route.
    « Bande de crétins ! marmonna Barak.
    — Viens ! Sortons du passage. »
    Nous nous dirigeâmes vers le coin du manoir où deux femmes discutaient avec un organisateur muni d’un plan des lieux. Il se confondait en profondes révérences, s’inclinant presque jusqu’au sol, au risque de laisser choir son plan dans la boue, tandis que la plus richement vêtue des deux femmes l’admonestait avec force. Âgée d’une trentaine d’années, vêtue d’une robe à haut col en soie rouge et portant un attifet emperlé sur ses cheveux châtains, cette femme était à l’évidence une dame de qualité. Son ingrat visage carré était rouge de colère.
    « Est-ce trop demander que la reine sache comment quitter ses appartements en cas d’incendie ? l’entendis-je s’écrier d’une voix forte et perçante. Je vous repose la question : Où se trouve la porte la plus proche et qui détient la clef ?
    — Je n’en suis pas sûr, madame, répondit l’organisateur en retournant son plan. La cuisine privée est peut-être la plus proche…
    — Je n’ai que faire des “peut-être”. »
    L’autre femme, lorsqu’elle nous vit assister à la scène, haussa les sourcils d’un air offusqué. Svelte, elle possédait un visage qui eût pu être joli sans le regard froid et hautain. Ses cheveux bouclés, châtains, que retenait un simple bandeau, n’étaient pas noués, signe qu’elle n’était pas mariée, bien qu’elle semblât âgée d’une trentaine d’années elle aussi. Elle arborait cependant une bague de fiançailles, apparemment de grande valeur : un diamant serti dans une monture en or. Lorsqu’elle montra une nouvelle fois son mécontentement, je poussai Barak du coude pour qu’il s’éloigne hors de portée de voix. Je souris en apercevant un homme vêtu d’une robe marron qui venait de se poster sur le perron et regardait de toutes parts. Reliée à son cou par un cordon bleu, une petite écritoire portait un encrier et une plume et, agrafée, une épaisse

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