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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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qu’il comprenne clairement qui est le maître. Vous ne vous rendez pas compte de quoi cet homme est capable.
    — De pas grand-chose, vu qu’il est enchaîné à un mur. »
    Radwinter serra si fort les lèvres qu’elles devinrent aussi tranchantes que le fil d’un couteau. Il fit un pas en avant, approcha son visage tout près du mien. Ses yeux semblaient transpercer les miens.
    « J’ai noté votre sympathie pour lui, déclara-t-il. La douceur de votre expression… Cela me tracasse, car cet homme est très dangereux. »
    Je pris une profonde inspiration. En effet, voir quelqu’un enfermé dans une cellule ne laisse pas de me révolter.
    « Aurais-je touché un point sensible ? dit Radwinter en esquissant un sourire. Eh bien, permettez-moi d’en toucher un autre ! Je me méfie de votre tendance à la pitié, monsieur. Il est possible que la situation de ceux qui paraissent exclus fasse vibrer une corde en vous. Peut-être à cause de l’état de votre dos. »
    Je serrai les dents sous l’insulte et ressentis une crampe à l’estomac, car il avait vu juste, une fois de plus. Il hocha la tête.
    « C’est moi qui dois assurer la sécurité de Broderick et l’amener à Londres. Certains mécréants dans cette ville savent qu’il se trouve ici et chercheraient à le libérer s’ils le pouvaient. Voilà pourquoi je dois étudier et examiner tous ceux que je rencontre, scruter jusqu’au tréfonds de leur âme. Même de la vôtre, messire Shardlake.
    — Faites venir un médecin, dis-je d’un ton sec, mon regard toujours plongé dans ses yeux glacials. Je reviendrai demain pour voir si sa santé s’améliore. »
    Il continua à me fixer quelques instants, puis fit son petit hochement de tête. « À quelle heure ?
    — Quand bon me semblera », répliquai-je, avant de quitter la pièce.
     
    Assis sur un banc dans la cour, Barak contemplait les allées et venues du tribunal. Une bise automnale s’était levée, faisant tomber de nouvelles feuilles mortes. Il me regarda avec curiosité.
    « Vous vous sentez bien ? » demanda-t-il. Mon épuisement devait se lire sur mon visage.
    Je secouai la tête. « Je ne sais qui est le pire des deux, répondis-je. J’ai l’impression que c’est le geôlier… bien que je n’en sois pas certain. » Je tournai mon regard vers le squelette d’Aske que le vent ballottait, comme si les ossements s’efforçaient de recouvrer leur liberté.

4.
    POUR GAGNER L’ABBAYE SAINTE-MARIE, nous expliqua un garde, il nous fallait suivre une rue appelée Coneygate. Nous nous retrouvâmes une fois de plus dans une ruelle étroite bordée d’échoppes très bien fournies à avancer à une allure d’escargot. Un certain nombre de venelles encore plus exiguës en partaient, peut-être en direction de places et de cours situées derrière les pâtés de maisons. Dans cette ville, je me sentais enserré de toutes parts.
    Comme nous passions devant une grande hôtellerie, j’aperçus sous le porche, flanqué de serviteurs empressés, un groupe de jeunes gens en pourpoint à crevés aux couleurs éclatantes qui contemplaient la foule, tout en buvant du vin au goulot d’outres en cuir. L’un d’eux, un grand et beau gars doté d’une barbe noire, désignait des passants en se gaussant de leurs vêtements misérables. Les regards courroucés qu’on lui lançait le faisaient rire encore plus fort. L’avant-garde du « grand voyage », pensai-je. Ces gentilshommes auraient dû être plus prudents.
    Je songeai à Radwinter et à Broderick. Geôlier et prisonnier, la glace et le feu. À l’évidence, Radwinter infligeait tous les petits tourments possibles à Broderick, non seulement pour le maintenir à sa place mais aussi par simple plaisir. Un tel traitement pouvait entraîner des conséquences néfastes : certes, sir Edward était jeune, mais c’était également un gentilhomme, peu habitué aux privations. Cette brûlure sur la poitrine risquait de s’infecter. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’il y avait de bons médecins à York. Je regrettais toutefois que mon vieil ami Guy, l’apothicaire, ne fût pas avec moi. Mais il travaillait à Londres.
    Je ne pouvais m’empêcher d’être troublé par les accusations de sir Edward – à savoir que je le gardais en bonne santé pour les tortionnaires de Londres – parce qu’il avait raison… Toutefois, lorsque sir Edward avait prié Radwinter de lui donner à boire, j’avais pu ordonner

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