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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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liasse de feuillets.
    Je reconnus Simon Craike à son air angoissé et débordé. Sans cela je ne me le serais peut-être pas remis, les années ayant considérablement changé l’aspect de mon ancien condisciple. La bonne chère de la Cour l’avait pourvu d’un visage joufflu et d’un imposant tour de taille, tandis que de l’abondante chevelure blonde dont je me souvenais ne restait qu’une frange filasse. Il se retourna à mon appel et sa mine soucieuse s’éclaira. Barak et moi ôtâmes nos chapeaux lorsqu’il se dirigea vers nous, une main tendue, et l’autre figée sur la petite écritoire pour la maintenir d’aplomb.
    « Shardlake !… Je t’ai tout de suite reconnu. Les années t’ont gentiment épargné. Et tu as même conservé tes cheveux, qui ne sont pas devenus gris !
    — Un vrai miracle, répondis-je en éclatant de rire, vu les affaires dont j’ai dû m’occuper…
    — Sainte Mère de Dieu ! cela doit faire près de vingt ans. » Craike eut un triste sourire. « Le monde a connu bien des changements depuis.
    — En effet. » Une révolution religieuse, la dissolution des monastères et une grande rébellion, pensai-je. Et maintenant, la mort de mon père, songeai-je, ressentant un violent coup au cœur. « Donc, poursuivis-je, il paraît que tu es chargé du logement des gens de qualité à York.
    — Oui. Et je n’ai jamais eu autant de travail que pour ce voyage royal. À chaque étape j’ai dû arriver avec les avant-courriers afin de m’assurer que tout le monde soit logé. La pluie a causé maints problèmes, le roi changeant constamment ses projets.
    — Tu fais partie de l’escorte depuis le début ?
    — Oui… Aucune escorte n’a jamais été aussi nombreuse, et de loin ! poursuivit-il en secouant la tête. Tu ne peux pas imaginer les problèmes qui surgissent. Les ordures ont constitué le souci majeur. À chaque étape il a fallu creuser de vastes fosses pour les déjections et autres détritus de trois mille personnes et cinq mille chevaux…
    — Les paysans du cru ne peuvent-ils utiliser le fumier comme engrais ?
    — La quantité dépasse de beaucoup leurs besoins. Et la puanteur, tu te rends compte ?
    — Très bien…
    — Malgré les fosses, depuis Londres jusqu’à Hull, toute la route est jonchée d’immondices. Ç’a été un cauchemar, cher ami, un vrai cauchemar… Et, ajouta-t-il, j’ai laissé ma pauvre femme à Londres.
    — Tu es marié ?
    — Oui. Et nous avons sept enfants. » Il sourit fièrement. « Et toi ?
    — Non. Je ne me suis jamais marié. Au fait, voici mon assistant, maître Barak. »
    Craike étudia Barak de ses yeux bleu pâle.
    « Tu auras besoin de lui, avec tout le travail qui t’attend. Quant à moi, je suis entouré d’incapables. Il y a tant de choses à préparer ! Je crains d’ailleurs de n’avoir guère de temps à te consacrer pour le moment, bien que je sois ravi de te revoir. Je vais vous montrer votre logement.
    — Quel beau bâtiment ! m’écriai-je en indiquant le manoir d’un signe de tête.
    — Oui. C’était la maison abbatiale. Le roi y séjournera à son arrivée… En son honneur on l’a rebaptisée le « Manoir du roi ».
    — Peut-être aura-t-on l’occasion de se revoir plus tard pour causer du bon vieux temps.
    — Cela me ferait très plaisir, cher ami. Si je le peux… » Il se tut brusquement, au moment où les deux femmes apparurent au coin du bâtiment. Son visage reprit alors son expression d’angoisse. « Tudieu ! voici de nouveau lady Rochford ! »
    Je sursautai car, prononcé au milieu de n’importe quel groupe de personnes, ce nom avait le pouvoir de faire frémir tout le monde. Nous nous empressâmes tous les trois de lui adresser un salut. Lorsque nous nous relevâmes, j’étudiai de plus près son visage carré. La face enflammée, renfrognée de lady Rochford témoignait de son exaspération. Voyant que je scrutais les traits de sa maîtresse, sa dame de compagnie, munie du plan que l’organisateur leur avait montré, me lança un nouveau regard désapprobateur.
    « Messire Craike ! lança lady Rochford d’un ton sec. Votre rustre de commis ne peut répondre aux questions les plus élémentaires. Je veux savoir, monsieur, s’il existe, du côté où vont se trouver les appartements de Sa Majesté, une sortie privée que pourrait emprunter la reine si besoin était. Elle a une peur viscérale des incendies. Durant son enfance à Horsham

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