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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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fabriquaient jadis les moines. » Je le feuilletai et reconnus une copie del’ Histoire de Bède, magnifiquement calligraphiée et illustrée.
    « Je croyais que tous les exemplaires avaient été jetés aux flammes, déclara Barak. Il devrait prendre garde.
    — Oui, en effet. Cela nous indique que ce n’est pas un réformateur. » Je replaçai le livre. Le nuage de poussière qui s’en éleva me fit toussoter. « Grand Dieu, la gouvernante bâcle le ménage !
    — Sans doute, mais peut-être est-elle davantage qu’une gouvernante, puisqu’il semblerait que son âge s’accorde à celui de Wrenne. Je n’ai pas haute opinion de son goût, si c’est le cas. » Barak s’installa sur les coussins et ferma les yeux. Je m’assis dans un fauteuil, tentant de placer mes jambes ankylosées dans une position confortable. Je sentais mes yeux se clore eux aussi quand je fus brusquement tiré de ma torpeur par la réapparition de la vieille femme. Elle portait un plateau chargé de deux bols fumants de ragoût de pois cassés et de deux cruchons de bière. Nous nous jetâmes sur la nourriture. Le ragoût était fade, sans épices, mais nourrissant. Ensuite, Barak referma les yeux. Je pensai le réveiller d’un coup de coude, car il était impoli de s’endormir dans la salle de notre hôte, mais je savais qu’il était épuisé. Le lieu était calme, le bruit de la cour assourdi par les croisées à meneaux, et le feu crépitait faiblement. Je fermai les yeux moi aussi. Je frôlai de la main la poche où se trouvait le sceau de l’archevêque Cranmer et mes pensées remontèrent deux semaines plus tôt, au moment où avait débuté l’enchaînement des événements qui m’avaient conduit à l’endroit où je me trouvais à présent.
    L’année écoulée n’avait pas été facile pour moi. Depuis la chute de Thomas Cromwell, j’avais perdu un certain nombre de clients car il pouvait s’avérer dangereux de fréquenter ceux qui lui avaient été associés. En outre, j’avais défié les conventions en défendant le London Guildhall – le palais des Corporations de Londres – contre Stephen Bealknap un confrère avocat de Lincoln’s Inn, l’une des quatre écoles de droit de Londres. Bealknap était sans doute l’un des pires voyous placés par Dieu sur terre, mais cela ne m’avait pas empêché d’enfreindre le principe de la solidarité professionnelle en plaidant contre lui. En conséquence, certains confrères, qui naguère m’auraient passé des dossiers, m’évitaient dorénavant. Le fait que Bealknap jouissait de la protection de sir Richard Rich, chancelier de la Cour des augmentations, un des hommes les plus puissants du pays, n’arrangeait pas les choses. Puis, au début du mois de septembre, j’avais appris le décès de mon père. J’étais encore bouleversé et abattu lorsqu’un matin, en arrivant à mon cabinet, je trouvai Barak qui m’attendait, l’air inquiet.
    « Je dois vous parler, monsieur. » Après avoir jeté un coup d’œil à Skelly, mon premier clerc, occupé à copier un texte – ses lunettes reflétant la lumière venue de la fenêtre –, il pointa le menton vers mon bureau. J’opinai du chef.
    « Un messager est venu pendant votre absence, déclara-t-il, une fois la porte refermée. Envoyé par Lambeth Palace. L’archevêque Cranmer en personne désire vous y voir à huit heures ce soir. »
    Je m’affalai sur mon siège. « Je croyais en avoir fini avec les visites aux grands hommes. » Je fixai sur Barak un regard perçant, car la mission dont nous avait chargés Thomas Cromwell l’année précédente nous avait valu de puissants ennemis. « Cela annonce-t-il un danger pour nous ? As-tu eu vent de rumeurs ? » Je savais qu’il possédait toujours des accointances dans les bas-fonds de la Cour.
    « Non. Pas depuis qu’on m’a assuré que nous n’avions rien à craindre. »
    Je poussai un profond soupir. « Bon. Eh bien, on verra ! »
    Ce jour-là, j’eus du mal à me concentrer sur mon travail. Je partis tôt pour rentrer dîner à la maison. Comme j’arrivais au portail, j’aperçus une haute et mince silhouette vêtue d’une robe de belle soie, et distinguai des mèches blondes s’échappant du bonnet. Stephen Bealknap. L’avocat le plus retors et le plus rapace que j’aie jamais rencontré. Il me fit un salut.
    « Confrère Bealknap, dis-je poliment, utilisant l’appellation qu’exigeaient les conventions de l’école

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