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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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pas
compris :
    — Le Dieu Très-Haut Se donne à nous.
    J’ai songé à mes rides et j’ai souri à mon
tour. Abram s’est mépris sur mon sourire. Il a posé sa grande main sur mon
genou. Avec un tremblement dans la voix, il a ajouté :
    — Si ! Plus que tu le crois.
Écoute ceci. Yhwh m’a dit encore : « Ton nom ne sera plus Abram mais
Abraham, et tu seras le père d’une multitude de nations. Tu n’appelleras plus
ta femme Saraï, mais Sarah. Je la bénirai, elle aussi. Et je te donnerai un
fils d’elle. Il s’appellera Isaac. »
    Je crois que le ciel a tremblé pendant
qu’Abraham a prononcé ces mots. À moins que ce ne soit mon ventre. Ma bouche
aussi a tremblé. J’ai pensé à mes cris dans le ruisseau, au prodige de l’âge
qui m’était venu cette dernière lune, brisant le prodige de la beauté. Oui, il
se peut bien que j’aie pensé à tout cela, songeant que peut-être Abram disait
la vérité et que son dieu, cette fois, pour de bon, me venait en aide et me
soutenait.
    Mais je n’ai rien laissé paraître. Après
tout ce temps, c’était une espérance trop difficile à accepter. Et puis, il
suffisait de nous voir désormais, nous deux, la vieille Saraï et le vieil
Abram, pour qu’il soit risible de nous imaginer au lit, et plus encore moi
enfantant !
    Non, je ne voulais rien entendre de la
promesse contenue dans les mots de Yhwh.
    J’ai posé ma main sur celle d’Abram.
    — Va pour Sarah. Cela ne me dérange
pas. Abraham, oui, c’est un nom doux à rouler dans la bouche. Va pour Abraham.
    Abraham a soupiré comme un jeune homme. Ses
yeux ont brillé sous ses paupières, moqueurs et radieux. Ses lèvres se sont
étirées, me rappelant celles qui m’avaient tant séduite autrefois, au bord de
l’Euphrate.
    — Tu n’y crois pas, n’est-ce pas ?
    — Quoi donc ?
    — Oh, ne fais pas la mule ! Tu le
sais ! Tu m’as entendu.
    — Abraham, puisque c’est ton nom,
as-tu remarqué comme je suis devenue vieille ?
    — Vieille ? Non. Tu me sembles
seulement avoir le visage de ton âge et j’en suis bien content pour toi !
Sarah, mon amour, Yhwh te l’annonce : Il te bénit et ton fils s’appellera
Isaac. Que veux-tu de plus ?
    — Allons, Abraham, cesse de rêver, mon
doux époux. De quel ventre sortirait-il, ce fils ? Cet Isaac !
    — Du tien ! De celui de Sarah. De
quel autre cela se pourrait-il ?
    — Et venant de quelle semence ?
    — La mienne, quelle question !
Oh, oh, je vois ! Tu ne m’en crois plus capable, c’est ça ?
    Je n’ai pu retenir mon fou rire.
    — Oh que si ! Toi, tu es capable
de tout. Mais moi, après tout ce temps, c’en est enfin fini. Il ne me suffit
pas de devenir Sarah pour te faire un fils. Je suis ridée et stérile comme je
dois l’être. Une femme est une femme, Abraham. Même moi.
    — Balivernes ! Tu n’écoutes pas
la parole de Yhwh. Moi aussi, j’ai douté. Moi aussi, j’ai ri. Yhwh s’est fâché.
« Quelque chose serait trop difficile pour Yhwh ? » m’a-t-Il
demandé. Sarah, il nous suffit de… Ah, cesse donc de rire !
    Mon fou rire n’a pas cessé pour autant.
J’ai enlacé mon vieil époux. J’ai pris sa tête entre mes mains, lui baisant les
yeux, lui posant le front contre ma joue :
    — Tu n’as pas besoin de tant de mots
pour venir dans ma couche, Abraham. Mais ne te fais pas d’illusion. Celle que
tu y trouveras, tu ne la connais pas. Elle ne soutient plus la comparaison avec
Hagar.
    Il chercha ma bouche en grognant, encore de
mauvaise humeur :
    — Tu es Sarah et je suis Abraham.
C’est tout ce qui compte, et je vais te le prouver, avec l’aide du Dieu
Très-Haut.
    Ce qu’il a fait.
    En me comblant. Dans un plaisir que je ne
connaissais pas, calme et moelleux. Je me suis souvenue des mots de ma chère
Sililli : « On n’a jamais vu un homme se lasser de ces choses-là.
Même branlants et bégayants, tant qu’ils peuvent dresser le manche, ils se
rêvent encore bûcherons ! » Mais une femme non plus ne s’en lasse
pas, même quand son corps n’est que le souvenir de sa jeunesse.
    Après quoi nous avons dormi profondément.
Moi surtout, qui n’ai pas entendu Abraham se lever alors qu’il faisait déjà
grand jour. Des voix m’ont réveillée. Abraham disait :
    — Maîtres ! maîtres, ne passez
pas à côté de votre serviteur. Voici de l’eau pour laver vos pieds, profitez de
l’ombre, ce térébinthe possède un feuillage épais, reposez-vous. Je

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