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Traité du Gouvernement civil

Traité du Gouvernement civil

Titel: Traité du Gouvernement civil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John LOCKE
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était :
    Solibus aptum ;
    Irasci celerem tamen ut placabilis essem.
      « Qu'il aimait la chaleur du Soleil, et qu'étant naturellement prompt et colère, il ne laissait pas d'être facile à apaiser. » M. Locke répliqua d'abord que s'il osait se comparer à Horace par quelque endroit, il lui ressemblait parfaitement dans ces deux choses. Mais afin que vous soyez moins surpris de sa modestie en cette occasion, je suis obligé de vous dire tout d'un temps qu'il regardait Horace comme un des plus sa­ges et des plus heureux Romains qui aient vécu du temps d'Auguste, par le soin qu'il avait eu de se conserver libre d'ambition et d'avarice, de borner ses désirs, et de gagner l'amitié des plus grands hommes de son siècle, sans vivre dans leur dépen­dance.
     
    M. Locke n'approuvait pas non plus ces écrivains qui ne travaillent qu'à détruire, sans rien établir eux-mêmes. « Un bâtiment, disait-il, leur déplaît, ils y trouvent de grands défauts : qu'ils le renversent, à la bonne heure, pourvu qu'ils tâchent d'en élever un autre à la place, s'il est possible. »
    Il conseillait qu'après qu'on a médité quelque chose de nouveau, on le jetât au plus tôt sur le papier, pour en pouvoir mieux juger en le voyant tout ensemble ; parce que l'Esprit humain n'est pas capable de retenir clairement une longue suite de consé­quences, et de voir nettement le rapport de quantité d'idées différentes. D'ailleurs il arrive souvent, que ce qu'on avait le plus admiré, à le considérer en gros et d'une manière confuse, parait sans consistance et tout à fait insoutenable dès qu'on en voit distinctement toutes les parties.

    M. Locke conseillait aussi de communiquer toujours ses pensées à quelque ami, surtout si l'on se proposait d'en faire part au publie; et c'est ce qu'il observait lui-mê­me très religieusement. Il ne pouvait comprendre, qu'un Être d'une capacité aussi bor­née que l'homme, aussi sujet à l'erreur, eût la confiance de négliger cette précaution.
    jamais homme n'a mieux employé son temps que M. Locke. Il y parait par les ouvrages qu'il a publiés lui-même, et peut-être qu'on en verra un jour de nouvelles preuves. Il a passé les quatorze ou quinze dernières années de sa vie à Oates, maison de campagne de M. le Chevalier Masham, à vingt-cinq milles de Londres dans la Province d'Essex. je prends plaisir à m'imaginer que ce lieu, si connu à tant de gens de mérite que j'ai vus s'y rendre de plusieurs endroits de l'Angleterre pour visiter M. Locke, sera fameux dans la postérité par le long séjour qu'y a fait ce grand homme. Quoi qu'il en soit, c'est là, en jouissant quelquefois de l'entretien de ses amis, et constamment de la compagnie de Madame Masham, pour qui M. Locke avait conçu depuis longtemps une estime et une amitié toute particulière (malgré tout le mérite de cette dame, elle n'aura aujourd'hui de moi que cette louange), il goûtait des douceurs qui n'étaient interrompues que par le mauvais état d'une santé faible et délicate. Durant cet agréable séjour, il s'attachait surtout à l'étude de l'Écriture Sainte, et n'employa presque à autre chose les dernières années de sa vie. Il ne pouvait se lasser d'admirer les grandes vues de ce sacré Livre, et le juste rapport de toutes ses parties : il y faisait tous les jours des découvertes qui lui fournissaient de nouveaux sujets d'admiration. Le bruit est grand en Angleterre que ces découvertes seront communi­quées au public. Si cela est, tout le monde aura, je m'assure, une preuve bien évidente de ce qui a été remarqué par tous ceux qui ont été auprès de M. Locke jusqu'à la fin de sa vie, je veux dire que son esprit n'a jamais souffert aucune diminution, quoique son corps s'affaiblît de jour en jour d'une manière assez sensible.
    Ses forces commencèrent à défaillir plus visiblement que jamais, dès l'entrée de l'été dernier, saison qui les années précédentes lui avait toujours redonné quelques degrés de vigueur. Dès lors il prévit que sa fin était fort proche. Il en parlait même assez souvent, mais toujours avec beaucoup de sérénité, quoiqu'il n'oubliât d'ailleurs aucune des précautions que son habileté dans la médecine pouvait lui fournir pour se prolonger la vie. Enfin ses jambes commencèrent à s'enfler, et cette enflure augmen­tant tous les jours, ses forces diminuèrent à vue d'œil. Il s'aperçut alors du peu de temps qui lui restait à vivre; et se disposa à

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