Une histoire du Canada
en particulier.
des partisans enthousiastes de la politique étrangère découvrent que, pour l’électorat canadien et les politiciens qui le guident, il existe de nombreux autres enjeux et qu’il est rare que le public considère comme cruciales les questions relevant des affaires étrangères.
C’est l’économie qui est cruciale. il manque d’argent et de travail, les chômeurs sont trop nombreux et les détenteurs d’un emploi trop peu nombreux. Ces considérations ont une incidence sur deux questions 12•mondeshosTiles,1930–1945
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connexes à la politique étrangère, le commerce et l’immigration. Politiciens et économistes s’entendent pour dire que seuls les échanges commerciaux peuvent entraîner un regain de prospérité ; là où ils ne sont plus d’accord, ou lèvent les bras en signe de désespoir, c’est sur la manière de donner un nouvel élan au commerce. Pour ce qui est de l’immigration et des immigrants, le pays n’en veut plus. La police ratisse les ruelles à la recherche d’immigrants radicaux que l’on peut déporter, ce qui est fait. Ce n’est plus la peine de présenter de demandes d’immigration.
Le sentiment anti-immigration vient conforter le directeur de l’immigration du Canada dans les années 1930, Fred Blair, dans ses convictions. en réalité, Blair est antisémite et il occupera son poste jusqu’au début de la campagne montée par Hitler en vue de persécuter les Juifs d’allemagne. Pour Blair, les réfugiés juifs peuvent bien se rendre ailleurs.
il est convaincu qu’aucun homme politique ne prendra publiquement fait et cause pour l’admission de réfugiés juifs au Canada, ce en quoi il a raison15.
L’indécision de Mackenzie King sur les questions de politique étrangère a d’autres motifs. Une génération de commentateurs sceptiques a disséqué les raisons du déclenchement de la Grande Guerre. La confiance dans le fait que la cause britannique était juste et bonne n’est plus aussi solide qu’avant. aux états-Unis, un comité du Congrès, dont les travaux sont très médiatisés, se penche sur la question de savoir si la guerre n’était pas due à une conspiration de banquiers et de fabricants de munitions. King lui-même se semble pas se laisser influencer par ces spéculations, mais l’opinion publique canadienne n’est pas insensible à la brise qui souffle depuis les états-Unis et l’idée selon laquelle l’amérique du nord est qualitativement distincte de l’europe et devrait demeurer à l’abri, isolée, des machinations européennes trouve quelques appuis.
King fait de son mieux pour éviter une crise concernant la politique étrangère. il répudie son propre représentant à la société des nations et s’efforce ensuite de mettre en œuvre le régime de sanctions de la société pour stopper l’invasion italienne en éthiopie en 1935 et la faire reculer. L’opinion publique canadienne est divisée sur cette question, en fonction de la langue et de la religion, signe évident pour le premier ministre que le Canada doit éviter toute implication. On observe une scission semblable l’année suivante lorsque les forces monarchistes, catholiques de droite déclenchent une guerre civile en espagne contre un gouvernement républicain laïque et socialiste. il y a mésentente entre les Canadiens, encore une fois selon la race et la religion, quant à savoir qui a tort et qui a raison ; et, une fois de plus, King recule, refusant de prendre parti si ce n’est pour demander instamment aux Canadiens d’éviter de s’impliquer trop ouvertement. en dépit de ses avertissements, certains le font, prenant les armes en faveur de la république espagnole au sein du « bataillon Mackenzie-Papineau ». rien 314
UnE HIsTOIRE dU Canada
n’indique que King se laisse émouvoir par l’évocation du nom de son grand-père révolutionnaire.
King se rend en europe à plusieurs reprises en 1936 et 1937 et devient un visiteur habituel, le plus fréquent visiteur étranger à son époque en réalité, à la Maison-Blanche. il fait appel à roosevelt avant d’aller assister à une conférence impériale à Londres en 1937, mais roosevelt, coincé par sa propre opinion publique isolationniste, n’est en mesure d’offrir ni aide ni promesse d’aide aux Britanniques, de plus en plus inquiets devant la montée de l’allemagne nazie et la défection de l’italie fasciste d’une alliance avec la Grande-Bretagne à la suite de
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