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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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l’incident éthiopien. seule la France demeure une alliée fidèle de la Grande-Bretagne, ce qui, comme le diraient les Français, est « faute de mieux ». Les Britanniques cherchent en vain à soutirer des promesses d’aide à King en 1937 ; King refuse de s’engager de façon explicite. Pourtant, au cours d’une visite à Berlin, King déclare à certains ministres incrédules d’Hitler que, si jamais l’allemagne attaquait la Grande-Bretagne, les Canadiens traverseraient l’atlantique à la nage pour venir en aide à la mère patrie16.
    Les indications sont claires : en cas de crise internationale comme celle qui est imminente, le Canada entrera une fois de plus en guerre aux côtés de l’empire britannique. (King envoie au gouvernement britannique une note concernant les conversations qu’il a eues à Berlin, notamment son observation à l’effet que les Canadiens seraient disposés à venir en aide aux Britanniques.) toutefois, les Britanniques ne saisissent pas ces indices et passent les années 1938 et 1939 dans l’incertitude à propos des intentions du Canada.
    en réalité, King est totalement en accord avec la politique du plus récent premier ministre britannique, neville Chamberlain (1937–1940).
    neville est le fils de Joe, l’ancienne bête noire de Laurier mais, aux yeux de King, c’est un défaut pardonnable. autoritaire, arrogant même, au sein de son propre gouvernement, Chamberlain a une foi profonde en l’art de la conviction, l’apaisement, en matière d’affaires étrangères. Pendant les années 1920 et 1930, c’est une stratégie familière pour les Britanniques.
    il vaut mieux choisir n’importe quoi que la guerre, avec ses horribles pertes, ses coûts et ses perturbations. La Grande Guerre a porté atteinte à la position financière de la Grande-Bretagne, qui se trouverait en moins bonne position qu’en 1914 pour se lancer dans une nouvelle guerre. (King et ses collègues entretiennent le même genre de craintes à propos de la situation économique du Canada.) Personne ne peut prédire comment la Grande-Bretagne pourrait survivre à un nouveau conflit, de sorte qu’il est parfaitement rationnel de vouloir en éviter un.
     
    12•mondeshosTiles,1930–1945

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    Chamberlain tente sa chance. il évite la confrontation avec Hitler lorsque ce dernier annexe l’autriche en mars 1938 et cherche activement un compromis lorsqu’Hitler concocte une crise avec la tchécoslovaquie au mois de septembre suivant. au cours d’une conférence tenue a Munich et qui se termine sous les puissants feux de la rampe, Chamberlain accède à presque toutes les concessions demandées par Hitler, rend indéfendable ce qui reste de la tchécoslovaquie et s’assure qu’Hitler pourra l’avaler quand il le voudra, ce qu’il fera en mars 1939.
    vu sous un angle purement diplomatique, l’apaisement des années 1938 et 1939 est une triste histoire de naïveté, de duperie et de folie. On peut cependant le voir sous un autre angle, celui des hommes politiques de l’époque. Chamberlain et King n’oublient pas que le gouvernement britannique de 1914 a été la cible de critiques pour ne pas avoir mis tout en œuvre pour éviter la guerre, que la diplomatie des mois de juillet et août 1914 regorgeait de dissimulations et qu’on a par la suite sacrifié des millions d’êtres humains pour une cause qu’ils ne pouvaient espérer comprendre, encore bien moins résoudre. en 1938 et 1939, la diplomatie ne tombe pas dans ce travers. tout le monde peut se rendre compte de la perfidie, de la sauvagerie et de la témérité d’Hitler ; même le plus aveugle des critiques doit admettre que les alliés, la Grande-Bretagne et la France, ne veulent pas d’une guerre. Quand la guerre éclate et qu’Hitler envahit la Pologne en septembre 1939, personne ne peut prétendre que les allemands ont été provoqués ou que les Britanniques ont été trop belligérants.
    il se produit un dernier entracte impérial avant le déclenchement de la guerre. aux mois de mai et juin 1939, le roi George vi et sa consort, la reine elizabeth, arrivent au Canada pour une visite royale planifiée de longue date. George est le respectable frère cadet du Prince de Galles à la vie dissolue, qui a été brièvement roi en 1936 (sous le nom d’édouard viii) avant de laisser la couronne à son frère quand ses ministres (dont Mackenzie King, auquel on a demandé son avis) se sont opposés à son choix d’une divorcée

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