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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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à
McLaughlin qu’un objet contondant avait provoqué deux lacérations au-dessus de
l’oreille droite d’Albert Snyder et une troisième au sommet du crâne, près de
son épi. Une ou des mains avaient laissé sept écorchures dans le cou quand on
l’avait étranglé ; il paraissait avoir reçu un coup dans le nez ; on
l’avait asphyxié avec du chloroforme ; et on s’était servi de fil de fer
ordinaire pour le garrotter.
    « Alors, quelle est la cause de la mort ? demanda
McLaughlin.
    — À vous de choisir. Suffocation, strangulation, voire
traumatisme crânien. Les assaillants n’ont rien laissé au hasard.
    — Beaucoup d’efforts gaspillés rien que pour faire la
peau à un gars. Et ce calibre .32 chargé sur le lit. Pourquoi des
cambrioleurs laisseraient-ils un flingue derrière eux ? »
    McLaughlin se tourna vers le photographe.
    « Vous avez fini ?
    — J’allais descendre. »
    McLaughlin fit signe aux hommes du coroner d’emporter la
victime, ordonna aux policiers présents de passer la pièce au peigne fin et
d’en dresser l’inventaire, puis suivit le photographe jusqu’au rez-de-chaussée.
    On recouvrit d’un drap le cadavre d’Albert Snyder, puis on
le transporta en bas et on l’étendit sur une civière à roulettes qu’on poussa
jusqu’à un fourgon mortuaire appartenant à la morgue Harry A. Robbins,
dans la 161 e  Rue, à Jamaica, où les employés de l’établissement
véhiculèrent Albert Snyder à l’intérieur, sous les yeux de centaines de
résidents du Queens.
    Un photographe grimpé dans l’orme devant la maison avec son
appareil compact Kodak prenait des clichés de Ruth en train de répondre encore
et encore aux mêmes questions. Et un journaliste rôdait au milieu de la foule
dans le jardin, récoltant des anecdotes sur les Snyder. Il dénicha un gamin de
douze ans en route pour l’église qui se souvenait avoir brisé un carreau de la
cuisine des Snyder en tapant dans une balle de base-ball – Mr Snyder
s’était rué hors de la maison, fou de rage, et l’avait pourchassé jusque chez
lui, avant de le fesser de ses grosses paluches, devant le père effaré. Et
George Colyer rapporta au reporter que tous les voisins adoraient Ruth en
raison de son goût marqué pour l’humour et la bonne humeur.
    « Mais elle n’était pas tout à fait à la hauteur de
Snyder. Lui, c’était quelqu’un. On ne pouvait que l’admirer. » Colyer
hésita, avant de juger acceptable d’ajouter :
    « Je dirais qu’ils étaient mal assortis. »
    Mrs Josephine Brown, la mère de Ruth, était
aide-soignante et elle revenait de Kew Gardens, où elle s’était occupée d’un
invalide dans son appartement de Kew Hall du samedi soir au dimanche matin.
Grande, dans son uniforme blanc d’infirmière sous une cape en laine marron,
c’était une veuve revêche et hautaine, à qui ses lunettes conféraient un air de
chouette. Elle parut sincèrement affectée par la mort d’Albert Snyder et, une
fois surmontés le chagrin et les larmes, ce fut avec candeur, mais raideur, et
l’accent métronomique des immigrants suédois, qu’elle coopéra. Elle déclina son
nom de jeune fille, Josephine Anderson, et révéla qu’elle avait aussi un fils,
Andrew, qui vivait dans le Bronx et avait deux ans de plus que May.
    « Qui est May ? se renseigna McLaughlin.
    — Oh, désolée : Ruth. Nous l’avons appelée Mamie
Ruth à sa naissance, mais quand elle a grandi, elle a décrété que son prénom
était May. Et nous tous nous y sommes tellement habitués que nous avons
continué quand elle a repris le nom de Ruth. Et ces temps-ci, il paraît que les
hommes la surnomment Tommy.
    — Pourquoi ça ?
    — Oh, j’imagine que c’est parce qu’elle fait garçon
manqué, comme on dit. »
    McLaughlin pria Mrs Brown de l’accompagner à l’étage,
jusqu’à la chambre où elle dormait, au-dessus de l’entrée, entre celle d’Albert
et Ruth et celle de Lorraine. Il lui demanda si elle relevait quoi que ce soit
de différent. Elle remarqua par terre une bouteille vide de whisky Tom Dawson
entre son chiffonnier suédois blanc et son fauteuil de lecture en velours rose
et affirma ignorer comment elle était arrivée là. Et quelqu’un semblait avoir
poussé du pied la pince d’électricien d’Albert sous le lit jumeau.
    « Votre gendre aurait-il pu venir bricoler ici avec
cette pince ?
    — Oh, grands dieux, non. Albert respectait mon
intimité. Il détournait

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