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Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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avec juste
la pointe d’un petit bâton blanc qui dépassait grotesquement de l’amas pileux.
Par ailleurs, l’aspect de son entrejambe ne présentait pas de différence
majeure avec celui d’une femme.
    — Brutes barbares, gronda oncle Matteo.
Dites-moi, Jamshid, comment en parvient-on à cela ?
    Sans plus d’émotion que s’il lisait un texte médical,
le wazir décrivit :
    — On amène l’esclave dans une pièce densément
remplie de la fumée de feuilles de banj posées sur des braises, on le
plonge dans un bain chaud et on lui donne à siroter du teryak, un
extrait de pavot. Toutes ces précautions visent à atténuer sa perception de la
douleur. Le hakim chargé de cette opération prend un long ruban et
l’enroule autour des parties génitales, en commençant par l’extrémité du pénis
et ensuite jusqu’aux testicules, afin de ne faire de l’ensemble qu’un paquet
concentré. Après quoi, d’une lame soigneusement affûtée, il tranche le tout
d’un seul coup rapide. Il applique immédiatement sur la blessure un emplâtre
hémostatique fait d’un mélange de poudre de raisins secs, de vesse-de-loup et
d’alun. Dès que le sang cesse de couler, il insère un tuyau de plume propre,
que l’esclave gardera le reste de sa vie. Car le principal danger est que le
conduit urinaire ne se bouche au cours de la cicatrisation. Si, dans les trois
ou quatre jours qui suivent, l’esclave n’a pas réussi à évacuer l’urine par
ledit tuyau de plume, il est certain de mourir. Et, c’est assez triste à dire,
mais cela arrive dans presque trois cas sur cinq.
    — Bon sang de bonsoir ! s’indigna mon père.
C’est révoltant. Avez-vous été le témoin direct de ce genre de
mutilation ?
    — Oui, répondit Jamshid. J’y ai assisté avec
intérêt quand j’en ai moi-même été la victime.
    J’aurais dû comprendre que cela cadrait parfaitement
avec cet air mélancolique qu’il arborait continuellement et j’aurais dû surtout
me taire. Au lieu de quoi, je laissai étourdiment échapper :
    — Mais vous n’êtes pas gros, wazir, et
vous avez toute votre barbe !
    Loin de se formaliser de mon impertinence, il
m’expliqua calmement :
    — Ceux qui subissent la castration durant
l’enfance grandissent sans barbe, et leur corps gagne effectivement des
rondeurs affirmées et un aspect assez féminin, y compris dans l’apparition
d’une poitrine conséquente. En revanche, si l’opération est pratiquée sur
l’esclave après sa puberté, il conservera une apparence extérieure plutôt
masculine. J’étais déjà un homme, marié et père d’un fils, quand les Kurdes chasseurs
d’esclaves ont pris d’assaut ma ferme. Comme ces derniers ne cherchaient que de
robustes travailleurs, ma femme et mon fils ne furent pas emmenés. Ce n’est que
quelque temps après qu’on est revenu les violer tous les deux à plusieurs
reprises avant de les égorger.
    Un silence consterné s’ensuivit et serait vite devenu
gênant si Jamshid n’avait ajouté, d’un ton presque philosophe :
    — Au fond, ai-je le droit de me plaindre ?
Je pourrais n’être aujourd’hui qu’un modeste agriculteur cultivant le millet.
Ayant été privé des élans naturels de l’homme – qui consistent à semer, tant
pour faire fructifier le sol que pour s’assurer une descendance –, cela m’a
dégagé du temps pour cultiver mon intellect, et me voici wazir du
shahinshah de Perse. Ce n’est pas une mince réussite.
    Ayant ainsi gracieusement évacué ce délicat sujet, il
demanda au vendeur d’esclaves de bien vouloir prêter l’oreille à notre requête.
Le marchand délégua donc à ses assistants la poursuite de l’exhibition des deux
esclaves déjà offerts à la vente et se dirigea vers nous, le sourire aux lèvres
et se frottant les mains.
    J’avoue que j’avais plus ou moins secrètement espéré
que mon père m’achèterait une esclave accorte qui aurait pu devenir un peu plus
qu’une simple servante, ou tout au moins un garçon de mon âge susceptible,
donc, de me distraire en me tenant compagnie. Cependant, au lieu de demander au
vendeur ce que j’aurais souhaité, il lui réclama ce qu’il voulait pour
moi :
    — Un homme plutôt d’âge mûr, ayant déjà pas mal
voyagé, mais encore assez alerte pour continuer. Rompu aux coutumes orientales
afin de pouvoir à la fois protéger mon fils et l’instruire. De surcroît... (il
lança au wazir un regard compatissant) j’aimerais

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