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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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paroît que les Français ont de temps en temps employé la ruse et la violence [C'est le délégué du gouvernement le plus injuste et le plus perfide de l'Europe, qui ose ainsi parler des Français ! (Note du Traducteur.)], pour bâtir des forts sur les limites des terres dont nous avons fait mention ; ce qui est contraire à tous les actes et traités qui y ont rapport.
    Ainsi, vous pouvez, en mon nom, assurer les six Nations que je suis envoyé par sa majesté britannique, pour détruire tous lesdits forts, en bâtir d'autres qui protégeront lesdites terres, et en garantiront la possession aux six Nations et à leurs héritiers et successeurs pour jamais, conformément à l'esprit de nos traités. J'inviterai donc les six Nations à prendre la hache, et à venir se mettre en possession de leurs propres terres.»
Les négociations, qui ont eu lieu en 1755, entre les cours de France et d'Angleterre, prouvent évidemment que le général Braddock et les gouverneurs américains, n'étoient pas les seuls qui pensoient que c'étoit aux six Nations qu'appartenoit le pays qui s'étend sur les montagnes d'Allegany, sur les deux rives de l'Ohio, et jusqu'aux bords du Mississipi.
Nous allons rapporter une observation très-juste, qui se trouve dans un mémoire relatif aux prétentions de la France sur les terres des six Nations, et remis le 7 juin 1755, par les ministres du roi d'Angleterre au duc de Mirepoix.—«Quant à la réclamation faite par la France, de l'article XV du traité d'Utrecht, la cour de la Grande-Bretagne ne pense pas que la France soit fondée à s'autoriser ni des expressions, ni de l'intention de ce traité.
»1o. La cour de la Grande-Bretagne est convaincue que l'article XV est seulement relatif aux personnes des Sauvages, et non à leur pays.
Les expressions du traité sont claires et précises. Elles disent que les cinq Nations, ou les cinq Cantons sont soumis à la Grande-Bretagne ; ce qui, d'après tous les traités, doit se rapporter au pays, aussi bien qu'aux habitans.—La France l'a déjà reconnu de la manière la plus solennelle.—Elle a bien pesé l'importance de cet aveu, au moment où elle a signé le traité ; et la Grande-Bretagne ne peut jamais l'oublier.
    —Le pays possédé par ces Indiens est très-bien connu, et ses limites ne sont pas incertaines, comme le porte le mémoire de la cour de France. Ces Indiens en sont entièrement les maîtres, et ils en font tout ce que d'autres propriétaires font dans tous les autres pays.
»2o. Quelque chose que puisse alléguer la France, en considérant ces contrées comme des dépendances du Canada, il est certain qu'elles ont appartenu et qu'elles appartiennent encore aux mêmes Indiens, qui n'y ont point renoncé, ni ne les ont abandonnées aux Anglais ; et par le quinzième article du traité d'Utrecht, la France s'est engagée à ne point troubler ces Indiens [Nullo in posterum impedimento, aut molestiâ afficiant.].
»Malgré tout ce qui a été avancé dans cet article, la cour de la Grande-Bretagne ne peut avouer que la France ait le moindre titre à la possession de l'Ohio, et du territoire dont elle parle dans son mémoire [Ce territoire est tout le pays qui s'étend depuis les montagnes d'Allegany jusqu'à l'Ohio, sur les deux rives de ce fleuve et jusqu'aux bords du Mississipi.].
»On n'allègue point et on ne peut pas, en cette occasion, alléguer la possession, puisque la France ne peut pas prétendre qu'avant ni depuis le traité d'Aix-la-Chapelle, elle y ait rien eu, excepté certains forts, qui ont été dernièrement bâtis sur les terres qui appartiennent évidemment aux cinq Nations, et qui ont été cédées par elles à la couronne de la Grande-Bretagne et à ses sujets, ainsi qu'on peut le démontrer par des traités et des actes de la plus grande authenticité.
    »La cour de la Grande-Bretagne maintient que les cinq Nations des Iroquois, reconnues par la France, sont originairement, ou par droit de conquête, les légitimes propriétaires de la rivière de l'Ohio et de tout le pays mentionné dans son mémoire ; et quant au territoire que ces Indiens ont cédé à la Grande-Bretagne, ce qui, il faut l'avouer, est la manière la plus juste et la plus légale de faire une acquisition de cette nature, elle le réclame, parce qu'il lui appartient, qu'elle le cultive depuis plus de vingt ans, et qu'elle y a fait divers établissemens depuis les sources mêmes de l'Ohio jusqu'à Pichawillanès, dans le centre du

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