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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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été choisi, précisément, pour garder secrète cette
conférence dont Reinhard Heydrich a assuré, à la demande du Reichsmarschall du
Grand Reich Hermann Goering, l’organisation, et cela dès le mois de juillet
1941. La date en a été changée plusieurs fois à cause des circonstances – les
développements de la guerre en Russie, l’attaque japonaise contre Pearl Harbor.
    Mais à chaque changement de date, la détermination du Führer
semble devenir de plus en plus forte. Comme si chaque obstacle avivait son
impatience, son obsession.
     
    « Les Juifs nous ont mis la guerre sur les bras et
déclenché la destruction, dit Hitler. Il est naturel qu’ils soient les premiers
à en supporter les conséquences. »
    Goebbels recueille dans son journal les propos de plus en
plus précis de Hitler.
    « Concernant la question juive, le Führer a déblayé le
terrain… La guerre mondiale est en cours, l’anéantissement de la juiverie doit
en être la conséquence nécessaire.
    « Cette question doit être envisagée sans aucune
sentimentalité. Nous ne sommes pas là pour avoir pitié des Juifs, mais pour
avoir pitié de notre peuple allemand. Maintenant que le peuple allemand a perdu
160 000 hommes de plus sur le front de l’Est, les instigateurs –
les Juifs – de ce conflit sanglant vont devoir le payer de leur vie. »
     
    L’Obergruppenführer SS Reinhard Heydrich parle d’une voix
égale, glacée, sans qu’un seul des traits de son visage bouge. Les yeux sont
fixes. Il ne regarde pas les feuillets qu’il a posés sur la table.
    L’Obersturmführer SS Eichmann note dans le Protocole de la
conférence, qui sera diffusé à seulement trente exemplaires et classé « secret
du Reich » :
    « Le chef de l’Office central pour la Sécurité du Reich
au sein de la SS fit part en ouverture de la mission qui lui était confiée par
le Reichmarshall du Grand Reich en vue de la préparation de la solution finale
de la question juive en Europe et indiqua que l’objectif de cette conférence
était de clarifier les questions de fond.
    « Au cours de la solution de la question juive en
Europe seront à prendre en considération environ 11 millions de Juifs. »
     
    Il n’est donc plus seulement question de Juifs allemands, ou
polonais, ou russes.
    Ceux-là ont déjà été regroupés en ghettos puis massacrés
pour laisser la place à des Juifs allemands déportés. Et désormais ce sont les
Juifs de toute l’Europe qui doivent être « pris en compte ».
    Heydrich
énumère leur répartition par pays, de l’Angleterre a la Hongrie, de la Finlande
à la France : soit donc 11 millions.
     
    Heydrich n’emploie pas le mot « extermination », mais
ces dirigeants nazis rassemblés autour de la table ont tous participé – directement
ou en créant les conditions du meurtre – à des massacres de Juifs.
    Quatre d’entre eux ont ordonné ou dirigé des exécutions de
masse perpétrées par les Einsatzgruppen SS.
    Eichmann et Muller, tous deux SS et membres de l’Office
central pour la Sécurité du Reich, ont appelé à fusiller tous les Juifs de
Serbie. Chacun de ces hommes – SS, secrétaire d’État – comprend que « solution
finale » signifie extermination.
     
    « Au cours de l’exécution pratique de la solution
finale, l’Europe sera passée au peigne fin d’ouest en est », dit Heydrich.
    Il précise :
    « Au cours de la solution finale, les Juifs de l’Est
seront mobilisés pour le travail avec l’encadrement voulu. En grandes colonnes
de travailleurs séparés par sexe, les Juifs aptes au travail seront amenés à
construire des routes dans ces territoires, ce qui sans doute permettra une
diminution substantielle de leur nombre. »
    Chacun des hommes présents comprend le sens de ces derniers
mots. Les inaptes au travail seront tués.
    Les autres mourront à la tâche, ou massacrés au gré de l’humeur
des gardiens.
    « Pour finir, ajoute Heydrich, il faudra appliquer un
traitement approprié à la totalité de ceux qui resteront car il s’agira
évidemment des éléments les plus résistants, puisque issus d’une sélection
naturelle, et qui seraient susceptibles d’être le germe d’une nouvelle souche
juive pour peu qu’on les laisse en liberté (voir l’expérience pratique de l’Histoire). »
    Il faut donc les tuer.
     
    À Wannsee, après l’exposé de Heydrich, la discussion porte
sur les couples mixtes, les questions de transport.
    Le

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