1944-1945-Le triomphe de la liberte
mort.
Magda Goebbels a fait part de ses inquiétudes « au
sujet des enfants ». Elle dit : « Ils appartiennent au III e Reich
et au Führer et, si tous deux disparaissent, il n’y a plus de place pour eux au
monde. Ma plus grande crainte est de faiblir au dernier moment. »
Elle explique à son fils, né d’un premier lit, sa
résolution.
« Le monde qui viendra après le Führer et le
national-socialisme ne vaudra pas la peine d’être vécu. Et j’ai donc décidé
d’en retirer mes enfants. Ils me sont trop chers pour subir ce qui va se
produire ensuite, et un Dieu miséricordieux comprendra mes intentions de les en
délivrer.
« Nous n’avons maintenant qu’un seul but :
fidélité au Führer jusque dans la mort.
« Pouvoir finir nos vies avec lui est une grâce du
destin que nous n’aurions jamais osé espérer. »
On arrête en riant, en les embrassant, les jeux des enfants.
Une piqûre les endort. Une capsule de poison qu’on écrase
dans leur bouche les tue. Joseph et Magda Goebbels demandent à un SS de les
accompagner dans le jardin de la Chancellerie. Ils mordent leurs capsules de
poison. Et le SS tire deux coups de feu dans chaque corps.
On verse sur les cadavres ce qui reste d’essence après
l’incinération de Hitler et d’Eva Braun.
Rien sinon peut-être une prothèse dentaire n’était resté
d’Adolf et Eva Hitler. Les Russes identifient les corps à demi calcinés de
Joseph et Magda Goebbels.
Ce mardi 1 er mai 1945, dans une pièce du
bunker du Führer incendié gisent les corps de six enfants.
Hela, 12 ans, Hilda, 11 ans, Helmut, 9 ans,
Holde, 7 ans, Hedda, 5 ans, Heide, 3 ans.
Six enfants parmi des centaines de milliers d’autres,
assassinés par la guerre voulue par Hitler.
« Total Krieg », avait martelé Goebbels.
Il est l’assassin de ces six enfants-là – les
siens ! –, victimes du fanatisme, symboles de la folie d’un système
politique : le nazisme.
Dans son carnet, Vassili Grossman, qui avance avec les
soldats de l’armée Rouge, note :
« Dans le bourg de Landsberg, près de Berlin, des
enfants jouent à la guerre sur un toit plat.
« À Berlin, au même instant, on porte les derniers
coups à l’impérialisme allemand, tandis qu’ici, avec des épées et des lances en
bois, des gamins aux longues jambes, nuques rasées, franges blondes, poussent
des cris perçants et se transpercent les uns les autres, sautant et bondissant
comme des sauvages.
« Ici, une nouvelle guerre est en train de naître.
« C’est éternel, indéracinable. »
53.
Alors que les cadavres de Joseph et de Magda Goebbels, ce 1 er mai
1945, demeurent à demi calcinés dans les jardins de la Chancellerie commence la
mise au tombeau du III e Reich.
Radio Hambourg , après un roulement de tambour,
diffuse le communiqué suivant :
« Notre Führer, Adolf Hitler, luttant jusqu’à son
dernier souffle contre les forces bolcheviques, est tombé pour l’Allemagne, cet
après-midi, à son QG de la Chancellerie du Reich. Le 30 avril, le Führer
avait désigné le grand amiral Doenitz pour lui succéder. Le grand amiral et
successeur du Führer va maintenant s’adresser au peuple allemand. »
À 22 h 20, le nouveau président du Reich évoque la
« mort héroïque du Führer » puis déclare :
« Mon premier devoir est de sauver l’Allemagne de la
destruction par l’ennemi bolchevique qui continue son avance. Dans ce seul but,
la lutte militaire continue. Tant que ce résultat sera contrarié par les
Britanniques et les Américains, nous serons obligés de les combattre également.
Dans ces conditions, les Anglo-Américains se battront non pour leur peuple,
mais pour la propagation du bolchevisme en Europe. »
Doenitz dévoile sa stratégie : permettre aux soldats
qui se battent contre l’armée Rouge de se replier vers l’ouest, de déposer les
armes entre les mains des Anglo-Américains et d’éviter ainsi d’être faits prisonniers
par les Russes.
En Italie du Nord, en Autriche et en Bavière, en Allemagne
du Nord-Ouest, au Danemark et aux Pays-Bas, le général SS Wolff – pour
l’Italie –, le Feldmarschall Kesselring négocient – avec l’accord de
Doenitz – la capitulation de leurs armées, que les Anglo-Américains
acceptent.
Cette attitude entraîne les protestations des Russes qui
exigent une capitulation totale, inconditionnelle. Eisenhower, fidèle à
l’alliance
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