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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Valerio, a donné l’ordre
d’exécuter quinze autres prisonniers dans la petite ville de Dongo.
    Les corps ont été jetés dans un camion et transportés à
Milan, là où au printemps 1919, à la fin mars, l’ancien socialiste Benito
Mussolini a créé le premier Fascio, « Faisceau de Combat »,
inventé le fascisme ! Et Adolf Hitler avait pris Mussolini pour modèle.
     
    Et maintenant, on jette les corps piazza Loreto.
     

     
    La foule se rassemble, crie, crache, pisse, profanant ces
corps, les pend par les pieds aux poutrelles d’un garage, là même où les nazis
ont fusillé le 14 août 1944 quinze otages.
    Des écriteaux insultants sont accrochés aux corps de Mussolini
et de Clara Petacci, un sceptre dérisoire est placé dans les mains de celui qui
fut le Duce flamboyant et tonitruant.
    Pauvre dépouille de celui qui se voulait César et avait
lancé son pays dans la guerre en juin 1940.
    « Il a mérité de mourir comme un chien galeux »,
hurle quelqu’un, et l’on crache, et l’on pisse, et l’on dénude, et on donne des
coups de pied dans la tête sanguinolente de Clara Petacci.
     
    Ces deux pantins sanglants n’ont eu ni assez de fidèles ni
assez de courage personnel pour choisir leur mort.
    Éviter ce lynchage posthume.
     
    Hitler ne commente pas la mort de celui qu’il a considéré
longtemps comme son mentor.
    Il dicte son dernier message au grand amiral Doenitz.
    « Les efforts et les sacrifices du peuple allemand dans
cette guerre, dit-il, ont été incommensurables, je ne peux croire qu’ils aient
été vains. Le but demeure : conquérir des terres à l’est pour le peuple
allemand. »
    Ainsi, il répète ce qu’il avait déjà écrit dans Mein
Kampf, il y a vingt ans, comme si la guerre n’avait pas démontré que cette
obsession était vaine et folle, ce but, au regard des millions de morts,
dérisoire et sénile.
     
    C’est la dernière nuit qui commence.
    À 2 h 30, il sort avec Eva Braun de ses
appartements privés et se rend à la salle à manger.
    Là sont rassemblées une vingtaine de personnes, pour la
plupart des femmes. Elles pleurent. Il leur murmure des mots inaudibles. Ses
yeux sont remplis de larmes.
    Frau Gertrude Junge l’observe.
    « Il semblait regarder au loin, au-delà des murs du
bunker », dit-elle.
     
    Voûté, tramant les pieds, s’appuyant de la main gauche à
l’épaule d’Eva Braun, Hitler se retire dans son bureau. Il est un peu plus de
15 heures, ce lundi 30 avril 1945.
     
    Dans la salle à manger, les femmes tout à coup –
celles-là mêmes qui pleuraient – commencent à danser. C’est une sarabande
endiablée, sensuelle, comme si chacun des danseurs perdait la raison, ou
affirmait son désir de vivre.
    Et quelques-uns déjà quittent la pièce, se dirigeant vers
les galeries qui débouchent dans le métro.
    Ceux-là espèrent franchir les lignes russes, qui sont à
proximité de la Chancellerie.
     
    Devant la porte du bureau de Hitler, Goebbels, Bormann et
quelques autres attendent.
    Ce lundi 30 avril, à 15 h 30, un coup de feu.
    Puis le silence.
    On ouvre la porte.
    Sur le sofa gît le Führer, le visage fracassé. Il s’est tiré
une balle dans la bouche ou dans la tempe. Il n’a pas eu confiance dans le
poison. Eva Braun près de lui, exhalant une odeur d’amande amère, le visage
apaisé, un revolver près d’elle, tombé à terre. Elle a utilisé le poison.
     
    On porte les cadavres dans un cratère d’obus au jardin de la
Chancellerie. Erich Kempka, le chauffeur de Hitler, a rassemblé 180 litres
d’essence. On les verse sur les corps.
    Les flammes s’élèvent. Par la porte entrebâillée du bunker,
Goebbels, Bormann et quelques autres regardent les corps se consumer. Ils
saluent, bras levé, et se retirent précipitamment alors qu’une salve
d’artillerie russe tombe sur le jardin.
     
    Les Russes ne sont plus qu’à quelques dizaines de mètres, le
mardi 1 er  mai 1945.
    Des messagers ont quitté le bunker pour apporter au grand
amiral Doenitz copie du Testament politique de Hitler et lui annoncent la mort
du Führer.
    Bormann et la centaine d’hommes et de femmes présents dans
le bunker fuient par les galeries vers les tunnels du métro.
    Certains – comme les généraux Krebs et Burgdorf –
se suicident.
    En Allemagne, ils seront des milliers à les imiter.
     
    Pour Goebbels et son épouse Magda, ce début de soirée du
mardi 1 er  mai 1945 est le moment de la rencontre avec la

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