1944-1945-Le triomphe de la liberte
fait d’entendre le président crier
joyeusement “hello”, c’est comme boire une bouteille de champagne »,
dit-il.
Mais Roosevelt, sans se soucier des intérêts de l’Angleterre
et de son ami Churchill, confie à Staline qu’il veut que l’Inde se débarrasse
de la tutelle britannique et devienne une grande nation indépendante.
Et ce, au moment même où des nationalistes indiens –
Subhas Bose – réclament l’indépendance immédiate de l’Inde, créent, à la
fin de l’année 1943, un Gouvernement Provisoire de l’Inde, qui siège à
Singapour, sous la tutelle japonaise !
Or les troupes britanniques sont aux côtés des divisions
américaines en Birmanie, aux Philippines – dont les Japonais viennent de
proclamer l’indépendance.
Et Churchill admire ces Marines américains qui
débarquent sous le feu japonais, reprenant une île après l’autre, se rendant
maîtres après d’âpres combats des îles Gilbert, Makin et Tarawa.
Churchill, à chaque victoire américaine, félicite Roosevelt,
mesure combien les Américains maîtrisent l’art du débarquement, coordonnant
l’action de l’aviation embarquée sur les porte-avions et les bombardements par
les canons lourds des cuirassés, puis jetant leurs Marines sur les
plages ou parachutant des hommes sur les arrières de l’ennemi. Tout cela les
prépare à la grande opération Overlord sur les côtes françaises. Et
Churchill rencontre souvent le général Eisenhower qui a installé son quartier
général en Angleterre.
Churchill se rassure : il est dans le secret des
Américains, il imagine peser sur leurs choix.
« J’ai noué avec Roosevelt des relations personnelles
étroites, dit-il. Avec lui, je procède par suggestions, afin de diriger les
choses dans le sens voulu. »
Mais il faut laisser de Gaulle en dehors des secrets
concernant le D-Day, ce « Jour J » dont, en ce mois de
janvier 1944, on commence à élaborer les plans détaillés. Certains sont des
leurres, conçus pour tromper les Allemands et… de Gaulle.
« N’oubliez pas que cet individu n’a pas pour deux sous
de magnanimité, répète Churchill, et que dans cette opération il cherche
uniquement à se faire passer pour le sauveur de la France, sans avoir un seul
soldat français derrière lui. »
Churchill aime le trait vengeur, même s’il est aussi faux
qu’une injuste caricature.
Staline, lui, a des millions de soldats derrière lui, et
Churchill ne l’oublie pas.
Il a, pense-t-il, percé à jour le tyran.
Il sait que ce sont les Russes qui ont massacré à Katyn, en
1940-1941, des milliers d’officiers polonais, et non les Allemands.
« Staline, dit-il, est un homme anormal, qui a la
chance de pouvoir faire fusiller tous ceux qui sont en désaccord avec lui, et
il a déjà utilisé beaucoup de munitions à cet effet. »
Mais les soldats de l’armée Rouge sont sur le Dniepr, ils
vont pénétrer en Pologne et dominer les Balkans et l’Europe centrale.
« Tout cela ne manque pas de m’influencer », avoue
Churchill à son ministre des Affaires étrangères, Anthony Eden.
« Tout pourrait s’arranger, si je parvenais à gagner
l’amitié de Staline, ajoute Churchill. Après tout, le président –
Roosevelt – est stupide de penser qu’il est le seul à pouvoir traiter avec
Staline. J’ai découvert que je peux parler avec Staline d’homme à homme, et,
j’en suis sûr, qu’il se montrera raisonnable. »
Mais en ce mois de janvier 1944, les illusions s’effritent.
La Pravda affirme en page une de ce quotidien « officiel » que
des entretiens pour une paix séparée se sont déroulés dans une ville de la côte
ibérique, entre Ribbentrop et des personnalités anglaises.
Quelques jours plus tard, la Pravda publie des
déclarations de soldats allemands faits prisonniers par les Russes et qui
assurent qu’ils ont été capturés en Afrique du Nord par des Britanniques et relâchés
en échange de prisonniers anglais, à la condition qu’ils ne combattraient plus
contre l’Angleterre mais qu’ils seraient libres de reprendre la lutte contre…
les Russes.
Et la presse russe critique presque chaque jour les lenteurs
mises à l’ouverture du second front.
« Quel dommage que Staline se révèle être un tel
salaud ! » dira Churchill.
Churchill est d’autant plus blessé que, depuis les années
1935-1940, il est l’adversaire déterminé de Hitler. Il veut le
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