1944-1945-Le triomphe de la liberte
l’aire de parachutage et de parade…
Le ramassage des containers est impossible jusqu’à la nuit.
Pendant l’après-midi, l’ennemi crible de bombes les villages
du plateau, amoncelant les ruines, multipliant les victimes. Des obus à balles
éclatent, fauchant les blés au ras du sol. Tous ceux qui se trouvent à
découvert ont l’impression que les pilotes allemands les choisissent
individuellement pour cibles.
Impitoyable, l’ennemi vient de rappeler qu’il n’accepte pas
la présence sur ses arrières de ces grands maquis.
Des maquisards s’inquiètent, reprochent à l’état-major du
Vercors d’organiser des défilés, plutôt que d’élaborer un plan capable de faire
face aux actions prévisibles de l’ennemi.
« On montre au moins qu’on n’est pas châtrés, leur
répond-on. Ces défilés, ces banquets, ça a de la gueule, non ? »
La guerre et la mort ricanent.
22.
La mort, en ce début de l’été 1944, ricane en effet d’un
bout à l’autre du monde.
Jamais on n’a autant tué.
La mort vient du ciel et de la terre.
Des centaines de V1 s’abattent sur Londres.
Dans les usines souterraines du Harz, les ingénieurs
allemands réunis autour de Wernher von Braun mettent au point le V2, qui vole à
50 kilomètres d’altitude, à 5 000 kilomètres/heure. C’est l’arme
absolue. Son premier tir est prévu pour le mois de septembre.
Hitler, le 28 juin, reçoit une nouvelle fois les
maréchaux von Rundstedt et Rommel, venus lui répéter qu’ils ne peuvent faire
face longtemps à la poussée anglo-américaine. Le Führer s’emporte, évoque les
armes nouvelles qui donnent la victoire absolue au III e Reich.
Et les bombardiers allemands qui ne peuvent plus percer les
défenses anglaises sont remplacés par ces V1 et bientôt ces V2. Les avions de
la Luftwaffe sont employés à écraser les maquis du Vercors et d’Auvergne sous
leurs bombes.
Dans le camp allié, les forteresses volantes de l’US
Air Force, les Wellington de la RAF sont à l’œuvre, réduisant en cendres
les grandes villes allemandes.
Des bases américaines ont été créées en Ukraine, dans les
territoires libérés par les Soviétiques ; les forteresses décollant des
bases italiennes lâchent leurs bombes sur la Hongrie et la Roumanie,
atterrissent en Ukraine et, après quelques heures, repartent, chargées de
bombes, pour l’Italie.
Le ciel du Japon s’enflamme et les raids américains s’y succèdent.
Mais la mort souveraine surgit d’abord de la terre.
Les Russes ont lancé, le 23 juin 1944, troisième
anniversaire de l’attaque allemande du 22 juin 1941, leur grande offensive
d’été.
Ils submergent les Allemands sous le nombre des hommes (166 divisions),
des canons (31 000 !), des chars, des tanks.
Ils s’enfoncent dans la Biélorussie, libèrent Minsk, foncent
vers la Pologne, détruisent 25 divisions allemandes, soit
350 000 hommes. Le succès est plus grand que celui remporté à
Stalingrad. Les Allemands, encerclés par les troupes de l’armée Rouge qui
s’appuient sur une armée de 140 000 partisans, se rendent par
dizaines de milliers.
L’état-major allemand essaie de colmater la brèche,
d’empêcher que les Russes ne pénètrent en Prusse-Orientale. Il ne peut plus
être question d’envoyer des renforts sur le front de l’Ouest.
Le 16 juillet, la Pravda écrit :
« L’offensive de l’armée Rouge n’a pas seulement ouvert
une énorme brèche dans le mur oriental de la forteresse hitlérienne d’Europe.
Elle a aussi mis en pièces les arguments de la propagande nazie. Le mythe selon
lequel le principal front allemand se trouverait aujourd’hui à l’Ouest a éclaté
comme une bulle de savon… Les commentateurs allemands parlent maintenant avec
terreur de la bataille sur le front oriental qui, disent-ils, prend des
proportions apocalyptiques. »
Les Russes avancent si vite qu’ils atteignent à la fin du
mois de juillet la rive est de la Vistule.
Sur l’autre rive, ils aperçoivent Varsovie. Ils ont déjà
libéré Lublin et y ont installé un « Comité National Polonais », à
leurs ordres.
Partout, en Biélorussie, ils ont découvert les crimes des
armées nazies.
Un million de personnes ont été massacrées en
Biélorussie : toute la population juive, des centaines de milliers de
partisans et leurs « complices », y compris les femmes et les
enfants. Dans les faubourgs de la
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