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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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ma vie, je n’en monterai pas plus de la moitié. C’est ce que je vaux si on me compare à Muhammad. » Moi, Omar ibn al Khattâb, vous ne me verrez jamais plus haut que sur la première marche. C’est ce que je vaux, et rien de plus.
    Mais à la guerre, Omar prouva à tous sa valeur. Dieu lui accorda la victoire contre les apostats. Omar réunit une armée de plus de trente-cinq mille guerriers. Les Perses connurent des défaites inoubliables. Les douteurs et les infidèles furent châtiés. Ceux qui résistaient succombaient en abandonnant des butins inouïs aux guerriers d’Allah.
    La terre des Croyants devint si vaste qu’Omar dut y nommer des gouverneurs qui représentaient sa parole. Il leur dit :
    — Avec la richesse qu’Allah vous donne dans les victoires, levez des cités devant les Perses. Qu’ils sachent que le Tout-Puissant est là. Il les juge et vaincra leur impiété !
    Ainsi s’agrandirent Namarîq et Kaskar. Des marais de l’Euphrate s’élevèrent les murs de Bassora, la Guetteuse du Tout-Puissant. Ils fermèrent les portes de la mer aux Perses.
    Durant tout ce temps, Ali ibn Abi Talib cultiva son jardin. Il sema et récolta ses légumes. Il soigna ses dattiers. Dieu lui donna de belles récoltes. Quand elles étaient trop abondantes pour sa maisonnée, il se présentait chez nous et faisait déposer des couffins sur le seuil de ma chambre :
    — Omm Salama, accepte ceci en souvenir de mon épouse Fatima. Elle t’aimait comme une soeur. Elles ne se comptent pas sur trois doigts, celles dont on peut le dire.
    Parfois, Omar allait lui demander conseil. Le calife craignait le caractère d’Ali et ne voulait pas s’en faire un ennemi. Il lui disait :
    — Sur les affaires de guerre, je serais content d’entendre ton avis.
    Ali le regardait en souriant et ne répondait pas.
     
    Un jour, le calife Omar dit :
    — Ali, mon cousin, j’ai demandé à ibn Thabit, un jeune savant en écritures, d’assembler toutes les paroles du Coran écrites ici et là. Certains des versets qu’on récite loin de Madina ne me paraissent pas authentiques. Nous ne pouvons pas les laisser courir aux quatre vents de l’Arabie. L’Envoyé nous a toujours recommandé, à nous, ses compagnons, de nous les rappeler dans un certain ordre. Quand ibn Thabit aura achevé sa tâche, ton jugement sera précieux. S’il le faut, tu pourras le corriger.
    Ali sourit, comme à tout ce qu’Omar lui disait. Il se leva. Il prit un coffre précieux tiré du butin de Khaybar, bien des années auparavant. Il en sortit un assemblage de rouleaux et le déposa devant le calife.
    — Voilà le Coran du Seigneur Dieu tel qu’il doit être, déclara-t-il. J’ai commencé ce travail après la mort du Messager et de mon épouse Fatima. Qui ignore que l’Envoyé m’a enseigné la parole de l’ange Djibril depuis le premier jour ?
    Omar ne cacha pas sa surprise.
    — Ah, répond-il. Voilà qui sera utile ! Toutefois, un seul homme ne peut voir juste en cette affaire. Aïcha Mère des Croyants assiste ibn Thabit dans sa tâche. Qui d’autre le pourrait ? Elle seule était présente quand l’ange de Dieu visitait Muhammad. Sa mémoire est incomparable, chacun le sait. Souviens-toi, Ali. Quand l’Envoyé était las de répondre aux questions des uns et des autres, il disait : « Va voir Aïcha, elle est la moitié de la religion !»
    Ali conserva son sourire. Mais il ne reçut plus jamais le calife Omar dans sa cour.
     
    Ce fut à cette époque que naquit la réputation de sagesse en religion d’Aïcha. Il en vint de partout, de Mekka, de Damas ou de Tabouk, pour l’interroger.
    C’est aussi en ce temps qu’Omar accepta d’alléger la règle du hidjab. Les pèlerins qui venaient demander conseil à la bien-aimée du Prophète s’étonnaient :
    — Comment être certain que c’est Aïcha, Mère des Croyants, qui nous enseigne la parole juste ? On ne voit pas son visage. Pourtant, Dieu ne peut pas avoir honte de son apparence, puisqu’il l’a conçue.
     
    La vingt-troisième année écoulée depuis l’hégire, Omar fut poignardé par un esclave abyssin chrétien à la solde des Perses.
     
    Avant de mourir en martyr, Omar eut le temps de demander à son fils :
    — Cours prévenir Aïcha. Demande-lui si elle accepterait que je sois enterrée près de l’Envoyé et d’Abu Bakr, le premier calife.
    Aïcha ne put refuser. Mais elle dit :
    — Mon père m’a laissé un peu de terre en héritage.

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