Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
combat:
ALEXANDRELEGRAND | ~ISABL~SD~AMMO~
Ah ! mon bon ami ! si nous devions, en effet, en écha pant à cette guerre, rester toujours exempts de vieillesse de mort, je n'irais pas moi-même combattre aux premiers rangs, et toi, je ne t'enverrais point dans le combat o˘ I valeur s'illustre. Mais à présent, puisque les Génies de la mort de toute façon par milliers nous menacent et qu'll n'est pas possible à l'homme de les fuir et de lés éviter~ allons . ..
Puis Alexandre lui demanda: " Penses-tu qu'il répéterait ces mots s'il avait encore le pouvoir de parler? " Sa voix était empreinte d'une profonde mélancolie.
" qul peut le dire ? Il n'est permis à personne de revenir de Le roi s'approcha de la tombe, o˘ il appuya ses mains et son front comme s'il tentait d'écouter une voix affaiblie par les siècles. Enfin, il se retourna et reprit sa route, à la tête de son
arrnée. .
Ils descendirent le fleuve jusqu'à son embouchure, o˘ s'ou vrait le port de Patara, le plus important de la Lycie. La ville possédait de beaux b
‚timents de style grec et les habitants étaient également vêtus à la grecque, mais ils parlaient une langue très ancienne, qu'il était impossible de comprendre sans l'aide d'un interprète. Le roi cantonna l'armée et décida de faire une halte de plusieurs jours, car il espérait recevoir des nouvelles de Parménion qui devait se trouver sur le haut plateau intérieur. Mais il ne lui en arriva aucune. En revanche un navire macédonien se présenta. C'était le dernier avant la mauvaise saison.
Le capitaine avait suivi une route difficile et peu fréquentée pour éviter la flotte de Memnon. Il remit à Alexandre un rapport d'Antipatros sur la situation macédonienne et sur les differends qui l'opposaient violemment à la reine mère, Olympias.
Alexandre en fut contrarié et profondément désolé, mais il se calma en apercevant sur un rouleau le sceau royal des
1 L'llliade, XII, v. 328-332, trad. Mario Meunier, Paris, Union latine: d'Edltlons, 1943, p. 316. 1 ~
~ .i.
~olosses et l'écriture de sa soeur Cléop‚tre. Il l'ou~lrit non sans ppréhension et commença à lire:
Cléop‚tre, reine des Molosses, à son frère Alexandre, roi des Macédoniens, salut !
Mon frère adoré, plus d'une année s'est écoulée depuis la dernière fois que je t'ai embrassé, et il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi et regrette ton absence.
L'écho de tes exploits est parvenu jusqu'à mon palais de Boutrotos, il me remplit de fierté, mais cette fierté ne com pense en rien ton absence.
Mon époux et ton beau-frère Alexandre, roi des Molosses, s'apprête à
partir pour l'Italie. Il a rassemblé une grande armée de près de vingt mille hommes, des guerriers courageux, rompus à la technique macédonienne, entraî nés à l'école de notre père Philippe.
Il rêve de conquérir un grand empire en Occident et de libérer les Grecs de la menace des barbares qui peuplent ces terres: Carthaginois, Bruttiens et Lucaniens. Mais je resterai seule.
Notre mère est de plus en plus étrange, irritable et luna tiq˘e, et je lui rends visite le moins possible. D'après ce qu'on me dit, elle pense à
toi jour et nuit, offre des sacri fices aux dieux afin que la Fortune te soit favorable. Je ne peux que maudire la guerre qui éloigne de moi les êtres que j'aime le plus au monde.
Prends soin de toi.
Laventure occidentale allait donc commencer. Un autre Alexandre, son image spéculaire ou presque, à qui il était atta ché par des liens étroits d'amitié et de sang, s'apprêtait à mar cher en direction des Colonnes d'Héraclès afin de conqué rir les territoires qui s'étendaient jusqu'au.
fleuve Océan. Un jour ils se retrouveraient, peut-être en Grèce, ou en Egypte, en Italie... Et ce jour-là, le monde vivrait le début d'une ère nouvelle.
Alexandre profita de cette halte pour écouter la lecture du Journal d'Eumène, que celui-ci rédigeait quotidiennement en rapportant les événements survenus, les distances couvertes, les visites rendues et reçues, les procès-verbaux des réunions du haut commandement, ainsi que la situ~tion financiere.
504 ALEXANDRE~ LE GR,~ ARI P.'i l~'AMMON
a Ce n'est pas mal, admit-il au bout de quelques pages Les passages descriptifs ont une certaine élégance littéraire, t~, pourrais les réélaborer pour composer une véritable histoire de notre expédition.
-- Ce n'est pas exclu, répliqua Eumène. Pour 1 heure, je me contente
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