Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
te 632 ALEXANDRE LE GRA~D
demande de m'accueillir dans tes bras. J'ai subi en quelques mois toutes sortes de déchirements, j'ai perdu les pensées de mon adolescence, j'ai touché le fond de tous les abîmes J'ai oublié que jadis j'avais été enfant, que j'avais eu un père et une mère. Le feu de la guerre m'a consumé le coeur et je vois à chaque instant la mort chevaucher à mes côtés sans jamais parvenir à me faucher. Alors, je devine ce que signifie devenir immortel, et cela me remplit de peur et d'effroi Ne me repousse pas, Barsine, maintenant que mes mains caressent ton visage, ne me refuse pas ta chaleur et tes bras. "
Son corps était aussi éprouvé qu'un champ de bataille: il ny avait pas un pouce de sa peau qui ne f˚t couvert d'éra flures, de cicatrices ou d'excoriations. Seul son visage était resté merveilleusement intact, et ses longs cheveux retom baient doucement sur ses épaules, le parant d'une gr‚ce intense et triste.
" Aime-moi, Barsine ", dit-il en 1 attirant à lui, en la serrant contre sa poitrine.
La lune se cacha derrière les nuages, qui venaient de l'ouest et Alexandre l'embrassa avec passion. Barsine répondit à ce baiser comme si les flammes d'un incendie l'enveloppaient subitement, mais elle sentit au même instant la morsure d'un sombre désespoir au fond de son coeur.
Dès que le roi fut en mesure de voyager, l'armée prit la route du désert.
Au bout de sept jours de marche, elle atteignit la ville de Péluse, aux portes de l'…gypte, sur la rive orientale du delta du Nil. Se sachant totalement isolé, le gouverneur perse se soumit au roi, à qui il confia la région et le trésor royal.
" LEgypte ! s'exclama Perdiccas en contemplant du haut de la forteresse la campagne qui s'étendait à perte de vue, les eaux paresseuses du fleuve, les têtes ondoyantes des papyrus, les dattiers dont les fruits étaient déjà
aussi gros que des noix
--Je ne croyais même pas à son existence, observa Léonnatos. Je pensais qu'il s'agissait d'une des nombreuses histoires que nous racontait le vieux Léonidas. "
Une jeune fille aux yeux bistrés, coiffée d'une perruque noire et vêtue d'une robe en lin si moulante qu'elle paraissait nue, ser vit aux Jeunes conquérants du vin de palme et des p‚tisseries
I SABLES D'AMMO~ 633
Es-tu toujours aussi s˚r de détester les …gyptiens? ~nanda Alexandre à
Ptolémée qui suivait la belle jeune fille n regard admiratif.
--Plus aussi s˚r, répliqua Ptolémée.
--Regardez ! Regardez, là, au milieu du fleuve ! De quelle rte de monstres s'agit-il ? s'écria soudain Léonnatos en indi ant des dos écailleux qui brillèrent un instant au soleil ant de disparaître dans un bouillonnement d'eau.
--Ce sont des crocodiles, expliqua l'interprète, un Grec du nom d'Aristoxène. Ils sont partout, ne l'oubliez pas: il est tres squé de se baigner dans ces eaux. Faites donc attention car. . . --Et ceux-là ? Regardez-les ! s'exclama encore Léonnatos. n dirait d'énormes cochons.
--Nous autres Grecs les appelons hippop6tamoi, expliqua I'interprète.
--"Chevaux de fleuve", observa Alexandre. Par Zeus, Je crois que Bucéphale se vexerait s'il savait qu'on qualifie égale ment de "chevaux"
ces espèces de grosses bêtes.
--C'est seulement une façon de parler, répliqua l'inter prète. Ils ne sont pas dangereux car ils se nourrissent exclusi v~ment d'herbes et d'algues, mais ils sont capables de ren
~terser un bateau. Ceux qui tombent à l'eau deviennent alors la proie des crocodiles.
--Un pays dangereux, commenta Séleucos qui s'était ntenté jusqu'alors d'admirer le spectacle en silence. Main
nant, que penses-tu qu'il arrivera? demanda-t-il ensuite à exandre.
-- Je l'ignore, mais je crois que nous pourrions être cueillis amicalement par les gens de ce pays Sl nous savons es comprendre. Ils me donnent l'impression d'être un peuple gentil et sage, mais très fier.
--Il en est ainsi, confirma Eumène. L'…gypte refuse toute domination étrangère, et les Perses ne l'ont jamais compris: ils se sont obstinés à installer un gouverneur et des troupes mercenaires à Péluse, provoquant ainsi des révoltes sans fin, qu'ils ont toutes réprimées dans un bain de sang.
--Pourquoi en irait-il autrement pour nous ? interrogea Séleucos.
--Parce qu'il aurait pu en aller autrement pour le~ Perses, s'ils avaient respecté la religion de ces gens, et si le Grand Roi s'était présenté comme un pharaon égyptien. C'est, d'une cer taine
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