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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alphonse Allais
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mauvais accueil grimaça sa haineuse physionomie.
    – Fichez-moi le camp, fainéants ! Je ne veux pas de vagabonds ici !
    La tourterelle se mit à roucouler douloureusement, et les deux pauvres gens semblèrent plus peinés qu’irrités de cette peu écossaise hospitalité.
    – Pourtant, insista le jeune, l’Évangile vous dit…
    – L’Évangile ne nous dit pas de recevoir tous les galvaudeux qui passent dans le pays… Et puis, en voilà assez ! Fichez-moi le camp ! Oust !
    Cette fois, le vieux perdit patience, et, levant le doigt au firmament :
    – Ah ! c’est comme ça que vous le prenez ! s’écria-t-il.
    Comme par miracle, la grêle cessa de tomber, le ciel redevint d’un bleu subit, une petite buée monta du sol et doucement, légèrement, se concréta en nuage autour des deux voyageurs.
    Ces derniers, ouvrant la petite cage d’osier, donnèrent l’envol à la tourterelle, qui, d’ailleurs, n’était autre qu’une colombe.
    Tous les trois alors, confortablement installés en leur nuage, s’envolèrent lentement vers le ciel.
    La vieille dévote comprit à ce moment la grossière erreur qu’elle commettait, et, les mains jointes, elle tomba à genoux.
    Les gens qu’elle venait de mettre à la porte si désinvoltement, c’était – le subtil lecteur l’a deviné, sans doute – c’était le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
    Elle voulut les rappeler, mais trop tard, hélas !
    La Sainte-Trinité frisait déjà la cime des hauts peupliers et, bientôt, elle disparaissait dans la sérénité du ciel.
    Et la vieille dévote n’en mena pas large, sur la question de son repos éternel.
     
    UN NOUVEAU PNEU
    Si l’illustre monsieur de Crac revenait sur terre, il s’adonnerait certainement, lui, l’homme de tous les sports, à la bicyclette.
    Il ne ferait, naturellement, qu’une bouchée de tous les records actuellement établis et nos meilleurs hommes ne seraient, auprès de lui, que de bien pâles galettes.
    C’est surtout dans le domaine du touring que le sympathique baron se manifesterait exorbitant.
    Ah ! les belles aventures et les curieuses rencontres ! Déplorons la disparition de cet homme extraordinaire !
    Heureusement pour nous, si M. de Crac est mort, beaucoup de ses petits-neveux sont vivants et bien vivants.
    Un grand nombre d’entre eux profitent, en ce moment, du beau temps revenu pour, d’une bécane alerte et jamais lasse, sillonner la France.
    Le soir, au dîner, dans les auberges départementales, c’est exquis de les entendre conter leurs prouesses du jour, à la croissante stupeur de ces messieurs des contributions indirectes et de ceux, plus mélancoliques, des postes et des télégraphes. (Les commis des postes et des télégraphes jouissent tous en province d’une forte mélancolie) {2} .
    Car ce n’est pas un des moindres bienfaits du cycle, que cette animation apportée aux tables d’hôte provinciales par tous les véloïstes de Paris et d’ailleurs.
    Certaines sous-préfectures, cotées naguère sépulchres, se rangent aujourd’hui, de ce chef, au nombre des petites folles.
    Bénie soit cette solution !
    À table, quand un des cyclistes a terminé son histoire, pariez dix que tout de suite :
    – Moi, il m’est arrivé plus fort que ça ! s’écrie un autre.
    Et l’attention redouble.
    – Oui, j’ai vu des patelins bien vélophobes, mais jamais comme Bafouilly. Êtes-vous quelquefois passés à Bafouilly ?
    Quelques-uns de ces messieurs étaient parfois passé à Bafouilly, mais aucun n’avait rien remarqué d’extraordinaire en cette bourgade.
    – Eh bien, moi, il m’est arrivé quelque chose d’épatant à Bafouilly ! C’était le jour où il faisait si chaud… Ah ! oui, il faisait chaud, on peut le dire ! Un temps d’orage terrible et puis pas un souffle d’air !… En arrivant près de la mairie de Bafouilly, crac, mon pneu crève !… Je descends et je me mets à le regonfler. Mais voilà-t-y pas que toutes les bonnes gens du pays m’entourent avec des… passez-moi l’expression, mesdames… avec des gueules menaçantes et des poings levés : « Vous ne ferez pas cela ici, nous vous le défendons ! hurlaient les forcenés… Moi, épaté, je leur demande ce que cela peut bien leur faire, que je gonfle mon pneu. Alors un vieux me dit : « Tout le monde étouffe dans le pays, parce qu’il n’y a pas d’air. Et il n’y a pas d’air parce que ces cochons de vélocipédistes le prennent pour en

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