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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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NOTE HISTORIQUE
     
    Au printemps de l’an 1354, où se situe l’action d’ Antidote à l’avarice, le pape, comme ses prédécesseurs immédiats, vivait en Avignon, chassé dans cette ville par les troubles politiques que connaissait Rome ; le roi d’Aragon était Pedro IV (Pere III de Catalogne, dit le Cérémonieux) ; et l’Aragon se préparait à entrer en guerre contre la Sardaigne, un des États soumis au roi.
    La guerre constituait un casse-tête administratif. Pour la mener à bien, Pedro devait dégager d’énormes sommes d’argent sous forme d’impôts et d’emprunts, mais il lui fallait aussi s’entourer de personnes fiables pour gouverner quand sa reine et lui-même seraient en Sardaigne. Leur absence en temps de guerre pouvait fournir à ses ennemis politiques l’occasion rêvée de s’emparer du pouvoir.
    Dans le même temps, l’archevêque de Tarragone convoquait ses évêques à un conseil général, une entreprise presque aussi complexe. Conduire un évêque d’une ville à l’autre tenait presque de l’expédition militaire, car sa sécurité, sa dignité et son confort exigeaient qu’il se déplace avec toute une armée de gardes et de serviteurs.
     
    Les événements qui servent de toile de fond à ce livre et la plupart des protagonistes sont empruntés aux nombreux écrits de l’époque. Pedro nous a laissé une chronique de son règne riche en personnages, en réflexions politiques et en scènes de sa vie conjugale avec Éléonore de Sicile, sa confidente et conseillère, femme courageuse qui le suivit dans tous ses voyages et l’accompagna même sur ses navires de guerre.
    Les archives pontificales constituent une source très riche. Pendant des siècles, la cour de justice des papes a fait office de tribunal international et d’arbitre dans les différends opposant deux pays. Une lettre du pape, destinée à régler ce genre de conflit, est au cœur d’ Antidote à l’avarice. Furieux, des marchands d’Ancône avaient accusé de piraterie cinq capitaines de marine catalans et s’étaient plaints de la perte de cargaisons et de vaisseaux de grande valeur. Les Italiens traînèrent donc les Catalans devant le tribunal pontifical, mais ils apprirent à leurs dépens qu’il est plus facile d’obtenir un jugement que de le faire appliquer. Les pirates d’Ancône appartenaient à la flotte officielle d’Aragon.
     
    Berenguer, évêque de Gérone, emprunta, pour se rendre au conseil, la via Augusta, cette magnifique route romaine qui va de la Ville éternelle jusqu’au littoral sud de l’Espagne actuelle. La route existe toujours, même si elle est dissimulée çà et là par des constructions plus récentes.
     

     
    Les historiens ont affirmé que Berenguer était impliqué dans les préparatifs de guerre du roi : cela expliquerait pourquoi rien ne témoigne de sa présence ou de son absence au conseil général qui se tint à Tarragone en 1354. Antidote à l’avarice propose d’autres explications.
    L’évêque de Gérone, Berenguer de Cruilles, a bel et bien existé, et des documents attestent de ses relations amicales avec la communauté juive de la ville. Son médecin aveugle, Isaac, n’est pas entièrement fictif. Un demi-siècle plus tôt, Isaac l’Aveugle, philosophe mystique et cabaliste, était révéré pour son savoir et son étonnante capacité à « voir » la maladie et l’approche de la mort. Ses disciples diffusèrent vers le sud, notamment à Gérone, ses enseignements philosophiques et religieux. Si Isaac l’Aveugle avait eu un descendant arrivé très jeune dans cette ville et si ce descendant avait détenu les pouvoirs de son ancêtre, il aurait pu étudier la médecine, épouser une femme comme Judith, devenir le médecin de Berenguer et perdre la vue. Les médecins juifs étaient très respectés, et ils comptaient au nombre de leurs patients les membres les plus élevés du clergé et des classes dirigeantes.

PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE PREMIER
    Gérone
     
    10 mars 1354
     
    — Je me moque bien de ce que vous pourrez dire, Isaac. Je viens avec vous.
    Le médecin tourna son visage vers son épouse, comme s’il la scrutait de ses yeux aveugles.
    — Non, Judith, rétorqua-t-il assez sèchement. Ce n’est pas possible. À présent, s’il reste de cet excellent agneau, je serais ravi d’en reprendre. Raquel et moi avons beaucoup marché ce matin, n’est-ce pas ? ajouta-t-il en se tournant vers sa fille.
    — Oui,

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